BMW X3 : Le célèbre 4x4 allemand existe en version de "base"... mais c'est moins bien

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1489  mots
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Le X3 se veut la quintessence du 4x4 germanique, luxueux, puissant, sûr et... très onéreux. Du coup, le constructeur bavarois sort une nouvelle version plus démocratique, simplifiée, dotée d'un moteur de 143 chevaux seulement et vendue 5.000 euros de moins. C'est sûr: l'agrément se dégrade.

Le X3 ? Une remarquable réussite. C'est ce que nous écrivions en mars 2012, lors d'un premier essai. Mais, si plaisant soit-il, le véhicule était, hélas, cher, très cher. Du coup, conscient de ce handicap, le bavarois BMW a décidé de « démocratiser » (un peu) son offre. D'où cette nouvelle version de base « S 1,8d », dotée d'un moteur moins puissant et... dépourvue des quatre roues motrices. Alors, sous-BMW ou vraie BMW quand même? Telle est la question. Extérieurement, rien ne distingue en tous cas cette version simplifiée. On retrouve donc les lignes à la fois imposantes, musculeuses mais sans fioritures, indémodables et équilibrées des autres X3. Chic. L'intérieur, assez classique, cossu, solide, respire également toujours la classe et le raffinement...

Belle présentation si on met des options

... A condition de monter jusqu'à la finition « Excellis » moyennant finance ! Car, comme chez Mercedes ou Audi, si les finitions « premier prix » offrent la qualité d'assemblage et des matériaux robustes, elles se révèlent austères, tristes, avec des tissus de sièges rêches, indignes d'un haut de gamme. Mais, avec l' « Excellis », pas de problème ! Notre modèle d'essai arborait, en effet, un intérieur accueillant avec des sièges en beau cuir beige et des boiseries flatteuses. Un univers feutré, chaleureux, comme on aime. Bref, du haut de gamme. Les vastes surfaces vitrées donnent aussi beaucoup de luminosité, l'habitabilité apparaît généreuse et le coffre géométrique logeable.

Défauts d'ergonomie

Si la présentation séduit, la position de conduite nous plaît moins. La présence d'une boîte manuelle oblige en effet à rapprocher les pieds des pédales. Et là, on se retrouve trop près du volant, les amplitudes de réglage de la colonne de direction étant insuffisantes. L'accès à bord et la sortie sont malaisés, faute de place. Seul moyen de remédier à ces inconvénients : l'option boîte auto à 2.350 euros ! L'assise, très longue et en creux - c'est-à-dire avec les genoux remontant fortement par rapport aux fesses -, ne sera pas non plus appréciée des gabarits moyens ou petits. Le réglage manuel du siège, par crans, manque aussi de précision. Déplorons enfin un accoudoir central fixe. Côté ergonomie des commandes, ce n'est pas parfait non plus. Si le système audio (excellent) et la climatisation (avec une position recyclage interne de l'air automatique qui ne vous dispense pas de respirer parfois les pots d'échappement de l'extérieur !) sont ajustables avec de simples boutons bien repérables, l'écran avec la molette centrale, qui pilote menus et sous-menus, reste un peu compliqué. Par ailleurs, l'essuie-glace automatique se déclenche trop tard. Beaucoup d'équipements optionnels dernier-cri ne satisfont pas non plus pleinement. L'affichage de vitesse tête haute devant le pare-brise (1.250 euros) arbore des chiffres un peu petits. Quant au lecteur de panneaux qui va avec, il n'est pas fiable à 100%. Sur une autoroute à 110 kilomètres à l'heure, il affichait une limitation à 130 ! Nous avions déjà noté les mêmes problèmes sur des Opel, Ford, Mercedes, dotées des mêmes gadgets.

Plaisir préservé... sur route

Le moteur demeure un quatre cylindres de deux litres de cylindrée. Mais, par rapport à la version 2,0d, il est dégonflé de 40 chevaux. Il perd donc logiquement de la vigueur. Au-dessus de 40 à l'heure, la mécanique distille cependant un bon agrément. Et on n'a pas l'impression de piloter une BMW au rabais. Les accélérations restent dynamiques. En revanche, en ville, au-dessous de 40, le moteur, rugueux, manque de répondant. Et la trop longue course de la pédale d'embrayage - une spécialité maison -, n'aide pas à une conduite fluide. Du coup, on note de petits à-coups incongrus. Les démarrages en emballant légèrement le moteur et en faisant patiner l'embrayage sont peu dignes d'une BMW. Conseillons encore une fois la très réputée boîte automatique à huit rapports, qui fluidifie la conduite (même si elle manque un peu de réactivité). La boîte manuelle en soi est réussie pour la route, avec des passages de vitesses fermes mais nets. Mais, en ville, les verrouillages secs fatiguent. Et la première est trop proche de la marche arrière. Il arrive qu'on confonde ! Vous avez compris que la conduite dans les embouteillages n'est pas particulièrement plaisante. Nous nous montrons certes sévères. Mais, on ne juge pas une BMW comme une voiture de marque généraliste. Car elle coûte au bas mot 10.000 euros de plus, à équipement comparable.

Sobriété remarquable

Terminons le chapitre mécanique par un satisfecit total... devant la sobriété d'un tel engin. BMW est devenu un spécialiste du rapport puissance-basses consommations. Les moins de 7,5 litres de gazole aux cents relevés durant notre essai sont remarquables. Soit 1,5 litre de moins que sur la 2,0d avec les quatre roues motrices et la boîte auto, essayée il y a un an. Au prix, toutefois, d'une réelle dégradation du plaisir de conduite. Les 9 litres affichés alors étaient d'ailleurs aussi une excellente valeur, vu l'agrément. Cette mécanique est équipée de tous les derniers raffinements techniques comme le « Start and Stop » qui arrête et réenclenche automatiquement le moteur au feu rouge - moyennant une petite secousse un peu crispante. Le X3 est aussi doté de la récupération de l'énergie au freinage...

Qualités routières, sauf sur route glissante

Les qualités routières sont évidentes. La voiture est docile et précise. Sur un véhicule aussi haut, au centre de gravité élevé, la tenue de cap impressionne, aussi bien à haute vitesse en ligne droite que dans les virages. La direction est juste calibrée comme il faut. Certes, la hauteur et le poids aidant, ce X3 ne virevoltera pas comme la toute dernière Peugeot 208 GTi sur route sinueuse. Mais, pour un tel engin, le résultat est très satisfaisant. Seulement, voilà : « notre » X3 est redevenu une simple propulsion. Paradoxal pour un véhicule à l'allure de 4x4. Du coup, sur route glissante, la motricité est bien moins efficace qu'avec quatre roues motrices. Même si, globalement, la voiture se débouille bien. Sur la neige, cette simple deux roues motrices devient carrément difficile à mener, comme une Série 3 dépourvue de la transmission « X ». La garde au sol permet d'affronter des chemins pas trop creux, mais à condition que le sol soit sec. La boue ne pourra que vous clouer sur place. Puristes de la mécanique, avouons que nous n'apprécions pas outre-mesure ces faux 4x4. Ou bien, on en achète un vrai, ou on choisit autre chose... Mais, comme la quasi-totalité des possesseurs de ces engins, vrais ou faux 4x4, ne quittent pas le bitume, l'inconvénient est finalement mineur. Signalons également un freinage efficace. Le confort, lui, est plutôt bon, aidé par une monte pneumatique de série aux dimensions raisonnables (60R17). Sur les inégalités, petites mais profondes, les secousses apparaissent toutefois un peu trop sèches.

Tarif encore salé

Evidemment, terminons par ce qui fâche le plus, à savoir une tarification qui demeure salée. Un X3 « S 1,8d » de 143 chevaux coûte 37.300 euros, soit il est vrai 5.000 de moins que la version 2,0d (obligatoirement dotée de quatre roues motrices). Mais, il s'agit de la finition premier prix, peu attractive. Pour accéder au cuir, il faut passer par une finition « Excellis ». Et hop, on passe à 41.250 euros ! Et, même là, tout ce qu'une coréenne moyenne vous offre de série est en plus : 45 euros pour un cendrier (!), 350 pour le réglage lombaire du siège, 380 pour les sièges chauffants, 450 euros pour la caméra de recul, 1.650 pour le toit ouvrant panoramique. Vertigineux. Evidemment, vous vous rattraperez à la revente, car la cote est soutenue. Mais c'est très, très onéreux. Un conseil : si vous voulez un X3, optez pour le vrai, en version 2,0d « X » boîte auto « Excellis », 11.000 euros plus cher mais tellement mieux ! Si vous ne pouvez faire le pas, prenez au moins le 1,8d avec la boîte auto...
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : BMW X3 S 1,8d Excellis: 41.250 euros

Puissance du moteur : 143 ch. (diesel)

Dimensions : 4,65 mètres (long) x 1,88 (large) x 1,66 (haut)

Qualités : ligne élégante, intérieur raffiné (Excellis), qualité de fabrication, habitabilité généreuse, sobriété intéressante, comportement routier sympathique (sauf sur la neige), moteur plaisant sur route...

Défauts : ... mais pas en ville à bas régime, course d'embrayage trop longue, position de conduite pas adaptée à tous les gabarits, détails d'ergonomie imparfaits, tarif salé

Concurrentes : Honda CR-V 2,2i-DTEC Executive 4WD : 34.000 euros ; Volvo XC60 D3 Momentum : 37.400 euros ; Audi Q5 TDi 143 Ambition Luxe : 41.500 euros

Note : 13 sur 20