Comment sortir de la turbulence financière ?

Par Natacha Valla, chef économiste chez Goldman Sachs  |   |  468  mots
Natacha Valla, chef économiste chez Goldman Sachs, estime que l'assèchement du financement des entreprises est encore un enjeu majeur pour l'UE. | DR
Jamais depuis la création de l'euro, le crédit au secteur privé a autant reculé. Le financement des entreprises est en cause... Par Natacha Valla, chef économiste chez Goldman Sachs

La crise de 2008, puis les déboires de la zone euro, ont été d'une telle ampleur qu'ils ont induit des politiques économiques sans précédent. Les banques centrales des pays développés ont injecté des liquidités colossales sur les marchés monétaires et obligataires. Les États ont mobilisé d'importants moyens budgétaires pour sauver leurs banques, juguler le risque systémique sur  les grandes places financières, et amortir la récession économique qui s'annonçait sans précédent.

Aujourd'hui, une double question se pose. D'une part, les stimuli budgétaires du début de crise ont été remplacés par un mouvement d'austérité drastique. En particulier, les gouvernements des pays membres de la zone Euro, cœur et périphérie, ont réduit de concert leurs déficits afin de stabiliser leurs dettes publiques. Cet ajustement fut très (trop) rapide. Certes, la séquence budgétaire "relance-austérité" a eu du bon : la zone euro existe encore. Elle a développé un certain pragmatisme. Et les déséquilibres extérieurs des pays du sud se corrigent peu à peu.


75 milliards d'euros de prêts détruits

Toutefois, la récession économique a été démultipliée par les effets combinés des corrections budgétaires. Et il y a peu de chances pour que la demande intérieure - consommation des ménages, investissement des entreprises - permette une reprise décente.  En effet - deuxième question - les mouvements de yo-yo budgétaire et les interventions massives des banques centrales n'ont pas permis aux banques de la zone euro de se remettre en état de marche : le financement bancaire de l'économie réelle est chamboulé, pour ne pas dire moribond.

Citons un chiffre : dans la zone euro, la contraction du crédit bancaire vers le secteur privé a atteint, au mois d'août, un rythme sans précédent depuis l'introduction de la monnaie unique. Les banques de la zone euro ont détruit plus de 75 milliards d'euros de prêts aux entreprises depuis le début de l'année. Pour la plupart d'entre eux, il s'agit d'ailleurs de "petits" prêts aux PME.

"L'assèchement du financement des entreprises reste un enjeu majeur pour l'UE"

Certes, les grandes entreprises compensent cette correction en se refinançant directement sur les marchés. Mais cet assèchement de financement reste un enjeu majeur pour nos économies européennes. Celles-ci sont encore majoritairement financées par les banques.

Ces dernières sont par ailleurs engagées dans une réduction sans doute définitive de leur levier. Elles ajustent à la baisse la taille de leur bilan, et l'environnement réglementaire ne les incitera pas à reconstituer des portefeuilles de prêt tant que l'environnement macroéconomique restera défavorable.