Trois destins possibles pour l'Europe : le statu quo, ou le lent déclin (3/3)

Par Florence Autret  |   |  652  mots
Manifestation face au gouvernement grec. / Reuters
Poussée des eurosceptiques confirmée ? Gauche sanctionnée, comme aux municipales ? Président (e) de la Commission européenne vraiment issu (e) du choix des électeurs ? L'élection des députés européens, dimanche 25 mai, apportera son lot de surprises. Notre sort ne sera pas tranché pour autant. Du sursaut au lent déclin en passant par la résurgence de la crise, La Tribune vous propose trois scénarios sur l'avenir de l'Europe en 2017.

Où va l'Europe ? Trois destins possibles...

LA FICTION - Avril 2017. L'Europe de plus en plus impopulaire

Dans la salle de presse aux trois quarts vide du Berlaymont, le siège de la Commission européenne, Pierre Moscovici, le président de l'Eurogroupe et commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaires, vient de présenter les rituelles prévisions économiques de printemps. En fait de perspective de croissance, c'est plutôt l'atonie qui domine, avec un maigre 1 % pour 2017, exactement comme les trois années précédentes. L'erreur de communication de ses services, qui ont donné à leur communiqué le même titre qu'en 2014 - « La reprise gagne du terrain » -, lui attire des remarques ironiques. La plupart des journalistes ont de toute façon préféré suivre la conférence de presse de Nigel Farage. À l'approche du référendum sur l'Europe qu'organisera à la rentrée le gouvernement de David Cameron, ce député européen chef de file de l'United Kingdom Independence Party (Ukip) occupe le terrain laissé vacant par les partis centristes. Son « Vademecum for Brexit », où il explique comment, en pratique, quitter l'Union européenne, a fait mouche et est déjà traduit en 18 langues.

Depuis deux ans, la nouvelle équipe de la Commission européenne n'a eu de cesse de faire appliquer les « contrats de réforme » que Berlin a tenu à faire signer entre elle et les 18 pays de la zone euro. Le résultat est déplorable. Les comptes publics s'améliorent à peine, mais au prix de coupes substantielles dans les services publics et d'une augmentation des inégalités. Par ailleurs, l'omniprésence de responsables de nationalité allemande au plus haut niveau et la domination exercée par la chancelière Merkel à chaque sommet alimentent un ressentiment nauséabond.

Dans le Sud, l'Europe n'est plus seulement impopulaire parce qu'elle est technocratique ou libérale, mais aussi parce qu'elle est trop allemande. Les Européens vivent dans la crainte permanente d'une résurgence de la crise, dont ils ont l'impression qu'elle renforcera encore un peu plus la rigueur de choix économiques dictés par Bruxelles. La Grèce, qui a reçu un troisième paquet d'aide fin 2014, ne tient que dans l'attente de nouveaux prêts. Et devant cette hémorragie, qui annonce une nouvelle restructuration de dettes, cette fois-ci aux frais des contribuables de la zone euro, les partis réputés centristes du nord de l'Europe commencent à s'interroger sur leur présence dans l'union monétaire.

LA SITUATION ACTUELLE - Les réformes semblent insurmontbles

Sauf miracle économique mondial ou initiative politique en Europe, la dynamique à l'oeuvre depuis quelques années présage d'une lente érosion des institutions communes, comme le pronostiquait l'eurodéputé Sylvie Goulard dans L'Europe : amour ou chambre à part (éd. Flammarion). Les efforts consentis pour surmonter la crise ont finalement aggravé la fracture entre peuples au lieu de faire émerger un sentiment d'appartenance commune.

Même les réformes les plus évidentes, comme la réorganisation d'une Commission européenne pléthorique, semblent insurmontables. Et la promesse de faire émerger un président de la Commission « démocratiquement désigné » parce que choisi par le parti arrivé en tête des élections européennes risque de ne pas être tenue. Dès le lendemain du vote, les chefs d'État tenteront de retrouver la maîtrise de ce poste clé.

Sans compter que la disette budgétaire décourage la mise en commun de ressources pour financer les projets d'infrastructures dont l'Europe aurait tant besoin dans le transport ou l'énergie pour améliorer sa compétitivité. Aussi le terme de statu quo est trompeur. Déclin serait plus juste.

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>>> L'effondrement ou le krach italien (1/3)

>>> Le sursaut, ou la communauté de l'euro (2/3)

>>> Le statu quo, ou le lent déclin (3/3)