Hollande n'a pas réglé l’éternel et lassant jeu de rôles sur la question territoriale

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  589  mots
Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Patrick Devedjian et Alain Dinin en débat pour La Tribune du Grand Paris
Lors de sa conférence de presse, mardi, François Hollande a annoncé un remaniement de l'organisation des collectivités territoriales. Une organisation déjà prévue par le projet Paris Métropole, mais contre laquelle de nombreux élus s'élèvent...

On peut légitimement penser que les mêmes qui étaient pour la réduction du nombre de régions ou la suppression de la plupart des départements il y a 5 ans, vont trouver d'excellents arguments pour s'y opposer aujourd'hui.

On peut tout aussi légitimement penser que, après l'intervention de François Hollande, les mêmes qui dans l'opposition il y a 5 ans manifestaient derrière les banderoles "territoires en danger", aujourd'hui au gouvernement vont être tout aussi performants pour légitimer la mort de la Seine Saint Denis, des Bouches du Rhône, de la région Centre ou de la Basse Normandie, la seule  forte probabilité  étant que la Corse échappe à la remise en cause de son inefficacité chronique malgré ses deux départements et sa région pour une population à peine supérieure au 18ème arrondissement de Paris.

Jeu de rôle à front renversé 

Le débat lors du lancement de La Tribune du Grand Paris le 12 décembre dernier en est un très joli témoignage. Il a eu lieu le soir même de l'adoption par l'Assemblée nationale de la Métropole du Grand Paris : Anne Hidalgo ? Peut être la seule capable de sortir de ses intérêts immédiats, très fortement pro Métropole, favorable à la perte de pouvoirs pour les maires y compris celui de Paris, beaucoup plus déterminée sur le sujet que Bertrand Delanoë, la stratégie parisienne a changé. Valérie Pécresse ? En arrière toute : seule la Région (qu'elle vise) aurait dû être investie de l'autorité métropolitaine. Même Jean Paul Huchon n'en demande plus autant. Patrick Devedjian ? Arc bouté sur la défense des départements. Pourtant Edouard Balladur a rendu un rapport célèbre préconisant la refonte de cette carte datant de la Révolution et Jean Pierre Raffarin, homme du deuxième acte de la décentralisation milite pour une France radicalement simplifiée avec 8 grandes Régions.

Jeu de rôles à front renversé ? Pourtant la réforme métropolitaine à Paris, va tout bouleverser totalement la région Capitale, tous les opposants le savent : 4 départements sont condamnés, la totalité des intercommunalités va disparaitre, la Région devra se refondre radicalement (en se tournant vers l'Ouest pour se reconstruire avec les deux Normandie et la Picardie ?) et , avec un peu de chance si les promesses sont tenues, un Parlement métropolitain élu en partie au suffrage universel en 2020.

 

Une faible ambition contagieuse

Cette réforme ne doit rien au Président. François Hollande a repris de temps en temps quelques bribes de propositions des programmes présidentiels de droite et de gauche, mais jamais depuis mai 2012, il n'a donné d'impulsion à la réforme territoriale, jamais il n'a donné un cap clair à Marylise Lebranchu, jamais il n'a tranché entre les lobbies d'élus territoriaux, jamais surtout il n' a "recadré" un Sénat majoritairement socialiste mais dont la préoccupation essentielle est la défense du petit maire rural, le maintien de l'existant et la destruction des réformes demandées.

Du coup, cette faible ambition semble contagieuse : personne n'a en effet  identifié celui qui dans la classe politique de gauche ou de droite avait envie de porter ce  projet métropolitain. Le Grand Paris mériterait bien pourtant qu'un élu qui comme Ken Livingstone à Londres ou Gérard Collomb à Lyon s'empare de ce projet politique majeur. Le vieil adage "maire batisseur, maire battu" est dans toutes les têtes.