Après la claque des municipales, les hypothèses pour le Grand Paris

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  717  mots
Anne Hidalgo s'était convertie au Grand Paris en ayant l’assurance que si Paris laissait partir sa fiscalité à la Métropole, la capitale gardait en échange un pouvoir politique fort dans la nouvelle configuration. Mais maintenant ? | REUTERS
Avec une UMP-UDI ultra-majoritaire, le PS, Claude Bartolone en premier, a perdu toute chance de contrôler la Métropole du Grand Paris. Le gouvernement pourrait céder aux arguments UMP-UDI-PCF et oublier l’essentiel de son texte voté en réduisant fortement les pouvoirs de la future Métropole. Et Anne Hidalgo pourrait l’y pousser car Paris a peu de raisons de jouer le jeu d’une Métropole qui lui échappe politiquement

C'est pire que prévu. Mais c'est clair : l'UMP et l'UDI sont  majoritaires dans la Métropole du Grand Paris et devraient truster près de 200 des 341 sièges. Elles n'ont même pas besoin du soutien ou de l'abstention de la petite vingtaine de communistes pour porter l'un des leurs à la tête de la Métropole début 2016. A l'inverse aucun candidat socialiste ou écologiste ne peut plus y prétendre. Même en implorant le PCF (vues les détestables relations PC-PS en petite couronne que la campagne à St Denis n'a fait qu'aggraver, c'était de toute façon irréaliste !).

 

Un UDI à la Métropole ?

Le gouvernement de Jean Marc Ayrault a donc créé une métropole et l'a offert à l'UMP qui ne s'y attendait absolument pas et ne sait absolument pas quoi en faire. C'est le premier constat : les élus UMP ont tellement tiré à boulets rouges sur cette Métropole, que Jean-François Copé n'a plus personne à mettre en avant pour la présider ou même la négocier. Philippe Dallier le sénateur UMP de la Seine St Denis est bien candidat, mais il a peu de chances. Patrick Ollier l'ancien président de l'Assemblée Nationale et député maire de Rueil Malmaison se verrait bien, lui, finir sa carrière à ce poste (il aura 72 ans lors de l'élection). Il fait en tout cas campagne et veut succéder au socialiste Daniel Guiraud à la présidence de Paris Métropole d'ici la fin de l'année pour devenir incontournable.

De toute façon, si jamais un leadership UMP n'est pas tenable politiquement - car ce serait trop se déjuger que de vouloir diriger une Métropole que l'on a voué aux gémonies - l'UDI ramasserait la mise. A Sceaux le maire UDI Philippe Laurent vient d'être réélu (avec le soutien notable d'Alain Juppé, ce qui a prodigieusement énervé l'UMP des Hauts de Seine) et il a le profil parfait. Sauf qu'il n'acceptera jamais sur la base de la loi actuelle de la Métropole. 

 

Sans geste fort du gouvernement, pas de Métropole

C'est le deuxième constat : le gouvernement va devoir refaire sa loi ou promulguer des ordonnances sérieusement rectificatives. La mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris démarre et le Préfet de Région a désormais face à lui une majorité d'opposants pour la mettre au point. La saveur particulière de cette mission ? Elle va être coprésidée par Daniel Guiraud en tant que président de Paris Métropole alors que celui-ci, proche de Claude Bartolone, est totalement minoritaire au sein de Paris Métropole : sa motion en faveur de l'actuelle réforme en septembre dernier avait fait 21% et celle UMP-UDI-PCF 75%. Il va donc mener une négociation en défendant des positions auxquelles il est opposé en essayant d'éviter l'iceberg des intercommunalités supprimées par la loi et qu'UMP-UDI-PCF veulent maintenir. En clair si le nouveau gouvernement ne fait pas un geste très fort en redonnant du pouvoir aux territoires supposés remplacer les intercommunalités, adieu la Métropole.


Le Grand Paris... sans Paris ?

C'est le troisième constat : une Métropole du Grand Paris récupérant la quasi-totalité de la fiscalité des communes et des intercommunalités est désormais impensable. Il faut que les futurs territoires (ceux qui vont remplacer les intercommunalités) aient un statut juridique et la possibilité de passer des contrats ce qui leur est refusé pour l'instant. Même des élus socialistes sont d'accord. Et il en existe au moins une qui peut avoir désormais un véritable doute sur l'existence de cette Métropole, c'est Anne Hidalgo.

Bertrand Delanoë n'a jamais été vraiment favorable à cette Métropole très intégratrice qu'a voulu Jean Marc Ayrault. Anne Hidalgo s'y est convertie en ayant l'assurance que si Paris laissait partir sa fiscalité à la Métropole, la capitale gardait en échange un pouvoir politique fort dans la nouvelle configuration. Mais maintenant ? Pourquoi donner sa faculté de prélever la fiscalité et accepter des augmentations de taux pour les Parisiens, alors qu'elle n'a plus aucun pouvoir dans la future structure politique métropolitaine ? La question se pose à l'Hôtel de Ville...