
Là non plus, personne n'avait vu venir le coup : si le deuxième tour des élections municipales confirme le premier, les métropoles de Lyon, Marseille et, surtout, Paris n'auront pas de président de gauche. Pour la métropole de Marseille, Jean Marc Ayrault ne se faisait guère d'illusion. Pour Lyon c'est plus étonnant, mais les habitudes métropolitaines et la tradition lyonnaise font qu'éventuellement Gérard Collomb pourrait être élu avec des voix de droite.
A Paris en revanche, c'est une énorme pagaille qui s'annonce. Les spécialistes de la carte électorale du gouvernement ont donc fait leurs additions : aujourd'hui l'UMP et l'UDI ont déjà acquis 153 conseillers métropolitains. S'ils font tomber les villes qu'ils devraient logiquement faire tomber au deuxième tour, ils auront 53% des sièges, soit 179 conseillers métropolitains. Le PS, EELV et le PCF se partageront les 162 autres. En clair ce qui était prévu ne tient plus : un président PS aura besoin non seulement des voix communistes - alors que le PCF, qui a voté contre la Métropole et que certains de ses dirigeants (surtout en Seine St Denis !) ne voteront jamais socialiste de leur vie - et d'un fort contingent de voix de droite (Nouveau Centre, UDI et probablement un peu d'UMP) : des probabilités extrêmement minces.
De lourdes pertes pour le PS
L'enjeu du deuxième tour est considérable car sortiront des urnes l'appartenance politique des conseillers métropolitains qui choisiront le futur président de la Métropole en 2016. Il y a un conseiller par tranche de 25 000 habitants. Issy les Moulineaux, Neuilly ou Antony en ont par exemple 3 conseillers, Rueil Malmaison et Courbevoie en ont 4 et Boulogne Billancourt en a 5 : avec le raz de marée annoncé dans les Hauts de Seine, l'UMP-UDI va probablement truster la quasi-totalité des 80 sièges du département (le PS a d'ores et déjà perdu Clamart et ses 3 sièges, et il est menacé de perdre Asnières et Colombes soit 6 sièges).
De plus les communes échappant à la droite ont l'habitude (même au PCF) de voter avec elle…. Donc quand le PS perd, il perd beaucoup : en Seine St Denis Bruno le Roux le président du groupe PS à l'Assemblée Nationale a retiré sa liste faisant ainsi cadeau de 2 conseillers au PC (alors qu'il aurait pu en négocier 1) ; dans le Val de Marne l'accumulation des pertes de petites villes dès le premier tour fait perdre une série de grappes de deux conseillers ( 2 à L'Hay les Roses, 1 à Limeil Brévannes…) ; en Seine St Denis le passage possible de grandes villes du PS à l'UMP (4 conseillers à Aulnay sous Bois, 2 autres à Villepinte) ou du PCF à l'UDI (Bobigny a 2 conseillers), du PCF à l'UMP (3 conseillers au Blanc Mesnil) ou le faible score de certains élus à Paris, font que la barre des 50% pour la gauche est loin d'être atteinte. Dit autrement : si Asnières, Clichy, Colombes, Aulnay sous Bois et deux ou trois autres passent, comme c'est hautement possible, de gauche à droite toute la Métropole bascule !
Petits arrangements entre ennemis
Une donne politique quasi ingérable s'annonce si la Métropole échoit à un élu de droite alors que l'UMP a voté contre au Sénat et à l'Assemblée. Personne à droite ne peut en tout cas assumer cette candidature. Hormis peut être le sénateur Philippe Dallier, le maire centriste de Sceaux Philippe Laurent ou, ce serait original, Nathalie Kosciusko Morizet si elle était battue à Paris.
Du coup la mission de préfiguration de la Métropole qui débute dans les prochains jours risque de se transformer en une immense foire aux marchandages. En effet quelque soit le résultat final, il est désormais sûr qu'un socialiste, pour être président de la Métropole, va devoir aller chercher des voix qui ne lui sont pas acquises à sa gauche et à sa droite. Il va falloir faire des arrangements et des compromis, ce qui peut ne pas d'enthousiasmer les citoyens
Singes politiques , tous dehors
On ne peut pas avoir 2 exécutifs différents pour une même ville, ça ne se voit dans aucune autre ville au monde ! Surtout s'ils sont de deux bords politiques opposés. Imagine-t-on un maire de Manhattan démocrate et un maire de New York City démocrate se faisant une guéguerre permanente sur la gestion de New York (l'un souhaitant par exemple autoriser la construction de tel gratte-ciel à Lower Manhattan, l'autre refusant, l'un souhaitant réformer les licences de taxis new-yorkais, l'autre pas, etc.) ? Impensable ! Et pourtant c'est ce qui risque d'arriver à Paris, parce que depuis le début on a refusé de poser la question de la suppression de la Ville de Paris.
Toutes les grandes villes mondiales qui ont "fait métropole" ont supprimé leur municipalité centrale. Le Grand Berlin créé en 1920 a entrainé la suppression de la Ville de Berlin intra-muros en 1920. La Ville de Tokyo a été supprimée en 1943, remplacée par la bien plus large Métropole de Tokyo. Le Grand Londres créé en 1963 a entrainé la suppression du Comté de Londres. Là on crée une Métropole du Grand Paris mais on laisse subsister le Ville de Paris, ce qui est une aberration. Encore si les deux exécutifs avaient été PS, ça aurait pu passer. Avec un peu de bonne volonté, Hidalgo et Bartolone auraient pu faire fonctionner le truc. Mais avec deux exécutifs de bord opposés, cela va mettre à jour l'incohérence du système.
Une seule solution : faire comme à New York, Berlin, Tokyo, Londres, simplifier la carte administrative. Il faut supprimer la Ville de Paris et fusionner ses structures dans la Métropole du Grand Paris (ainsi que les conseils généraux du 92, 93 et 94). Il faut que les 20 arrondissements et les communes de banlieue aient le même statut, celui de l'unité de base du Grand Paris, avec les "territoires" au-dessus d'eux (on pourrait d'ailleurs imaginer des territoires à cheval sur le Périph, pour gommer cette vieille frontière administrative), et le Grand Paris au-dessus. Trois niveaux : 1- la Métropole du Grand Paris, 2- les territoires, 3- les communes/arrondissements. C'est l'organisation territorial de Berlin : 1- la ville-état du Grand Berlin (qu'on appelle "Berlin" tout court), 2- les Bezirke, 3- les Ortsteile.
Qui aura le courage de poser la question de la suppression de la Ville de Paris intra-muros ?
du peuple français
mieux qu'ils aillent tous a la peche
aucunes valeurs morales et respect dans leur monsenges lors de leur election
cela ne vaut pas pep
Eh oui, il faut lire ici : quel que puisse être le résultat final.
Manœuvre contre-productive
Sur le terrain, beaucoup se préparent déjà au pire. «Ça va être la bérézina», s'inquiète un député PS.La diffusion mercredi soir de chiffres catastrophiques du chômage à fin février n'a rien arrangé. «La baffe du second tour, elle va être mortelle. Et je ne vous parle même pas de la cerise sur le gâteau qu'est l'ampleur de la hausse du chômage en février», s'alarme un autre élu. «On est habitué, souligne un troisième. Les nouvelles qui viennent du national, ce n'est que ça.»
Quant au geste fiscal - rumeur non démentie - que François Hollande pourrait faire en direction des plus modestes dès le début de la semaine prochaine, beaucoup jugent la manœuvre contre-productive, voire dangereuse.
«Ce que les gens veulent, c'est d'abord de la lisibilité, du professionnalisme, confie un socialiste. Cette histoire de cadeau fiscal donne une impression de navigation à vue et de manque de professionnalisme.»
Question cruciale : restera-t-il un emploi pour votre épouse ?