UMP-UDI-PS-PC : une autre Métropole est en gestation

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  883  mots
L’UDI est désormais faiseuse de rois dans la Métropole du Grand Paris. Ces dirigeants, comme d’autres à l’UMP et au PS, sont même persuadés que la loi votée en 2013 doit être remplacée par un nouveau texte bâti sur une convergence d’analyse UMP-UDI-PS-PC. Ils se sont accordés un an pour la mettre en place...

On peut le tourner dans tous les sens, la conclusion est imparable : à moins que les 41 élus UDI votent avec le PC, le PS et les Verts, il n'y a absolument aucune chance que la Métropole du Grand Paris ait un(e) président(e) socialiste en janvier 2016. Mais il y en a une autre tout aussi imparable : l'UMP ne pourra jamais décrocher cette même présidence sans les votes de l'UDI. Conclusion : l'UDI est faiseuse de rois sur le Grand Paris. La répartition politique des futurs électeurs devrait en effet, pointage exclusif, être la suivante : sur 337 élus, il y en aura 150 à gauche (60 PC, 76 PS et 14 EELV) et 187 à droite (139 UMP, 41 UDI et 7 DVD). Il n'y a donc que deux majorités possibles : UMP-UDI ou UMP-PC. La moitié des voix communistes y suffiraient et comme les deux partis ont une longue tradition de vote commun en particulier dans les Hauts de Seine, tout est envisageable. Tout cela fleure bon les calculs radicaux de la 3ème République. Mais tout cela induit surtout des stratégies qui vont avoir des conséquences politiques et économiques majeures

 

1 - L'UDI peut éviter un crash métropolitain à Manuel Valls.

Jean-Christophe Lagarde, le député maire UDI du Drancy, estime que «la loi créant la Métropole est née dans la  douleur et qu'elle peut donc mourir assez vite.  Si nous la laissons  en l'état avec quelques petites retouches comme le souhaitent certains socialistes, dès que nous aurons la présidence en 2016 nous freinerons tout. Nous attendrons 2017, le changement politique et la suppression du texte ! Et ça ce n'est dans l'intérêt de personne. D'autant moins que le nouveau texte qui sera produit en 2017 sera lui aussi un texte de technos… ». Jean-Christophe Lagarde défend une deuxième option beaucoup plus raisonnable : dans le cadre de la mission de préfiguration qui va s'ouvrir, « il faut que naisse un texte UMP-UDI-PS-PC. S'il y a une règle du jeu partagée, la Métropole survivra à 2017. Si l'on se contente de retouches, c'est l'échec ». Sur le papier, il a raison : dans les quatre partis on peut trouver suffisamment de partisans d'une Métropole moins « brutale » que celle votée en  2013. Suffisante pour faire germer une majorité transpartisane au Parlement et adopter une nouvelle loi.

 

2 - L'UMP travaille à une entente cordiale avec le PS pour refaire la loi.

Patrick Ollier, le maire de Rueil Malmaison et député des Hauts de Seine, veut croire que « cet accord politique est possible ». Le vice-président de l'UMP s'y active en tout cas énormément. Il a ainsi milité pour que Marylise Lebranchu accepte que la mission de préfiguration de la Métropole travaille quasiment sur les bases du syndicat d'élus Paris Métropole. Il veut « aller le plus loin possible dans le consensus pour refaire ce texte née d'un coup d'Etat d'Alexis Bachelay et Jean Marie Le Guen. Il y a accord entre nous sur cette stratégie et c'est essentiel car d'ici un an si nous constatons que nous ne pouvons pas aller plus loin dans la mise en place de la Métropole sans voter une nouvelle loi, le gouvernement sera obligé de nous entendre car nous sommes constructif. Sinon nous irons au clash ». A Paris Métropole, une majorité pense qu'une nouvelle loi sera inévitable. Et la mairie de Paris dont le poids est essentiel pourrait suivre...

 

3 - Anne Hidalgo est de moins en moins favorable au texte.

La Métropole étant perdue politiquement, la maire de Paris n'a plus gère de raison d'être solidaire de la réforme qui peut coûter cher aux contribuables parisiens et diminuer son poids politique. Pourquoi donner une partie des ressources financières à une Métropole gérée par l'UMP ? Donc depuis la fin des municipales, elle ralentit. Depuis des semaines par exemple elle refuse d'approuver le texte de Marylise Lebranchu cadrant la mission de préfiguration de la Métropole. Elle souhaite y être représentée non seulement comme commune mais aussi comme département. Des prétextes comme celui là les socialistes parisiens peuvent en trouver beaucoup dans les mois qui viennent

 

4 -Tout peut capoter sur la question fiscale.

C'est la question majeure. Il est en effet possible que les élus trouvent un terrain d'entente avec le gouvernement sur la maintien des intercommunalités ou l'organisation des territoires. Pour le reste, les conditions sont simples :  les maires doivent retrouver un certain pouvoir fiscal (et peut être même la clause générale de compétence) et la péréquation fiscale sur la Métropole doit être organisée différemment (« Le gouvernement aurait intérêt à dire que la péréquation ne passe pas par la métropole mais que les services fiscaux de l'Etat s'en occupent, cela débloquerait la situation », pense Jean-Christophe Lagarde ). Sur ces questions il a une majorité UMP-UDI-PS-PC qui peut demander une autre loi. Si Manuel Valls le comprend ( bien que tous ses proches aient été d'ardents partisans  de la loi votée à l'été 2013), la Métropole du Grand Paris ( et de Marseille puisque ce sont, juridiquement, les deux mêmes) peut résister.