La France peut-elle économiser 50 milliards ?

Par FactaMedia  |   |  936  mots
Hollande pilote lui-même le dossier sensible des 50 milliards d'économies. / DR
Pour surfer sur la vague montante de la data, La Tribune publiera désormais chaque lundi une analyse enrichie par un ou des graphiques animés, en association avec le site internet FactaMedia. Aujourd'hui, la France peut-elle économiser 50 milliards ?

L'Insee l'a confirmé dans sa publication de la dette et du déficit "notifiés" au sens de Maastricht, le 31 mars dernier : les dépenses publiques ont battu un nouveau record en 2013, à 57,1 % du PIB. Le précédent point haut datait de 2009, au cœur de la crise. Mais d'une manière générale, le niveau des dépenses publiques est de longue date très élevé. Lors d'une crise précédente, en 1993, ce ratio avait déjà approché les 55 %.

>> Cliquez sur le graphique (ou ici) pour voir l'infographie animée

On peut bien sûr avoir besoin de matérialiser de telles sommes en euros : 1176,1 milliards d'euros pour 2013. En valeur de l'époque, elles étaient de 15 milliards d'euros en 1959. Mais bien entendu, les comparaisons inter-temporelles en euros courants ne sont pas parlantes, et c'est l'une des raisons de rapporter des données au PIB. C'est également nécessaire pour des comparaisons entre entités économiques ou géographiques différentes.

50 milliards de dépenses publiques en moins d'ici 2017 ?

La grande affaire du moment est donc de réaliser 50 milliards d'euros d'économies sur nos dépenses d'ici 2017, comme cela a été affirmé à plusieurs reprises par l'exécutif depuis janvier. Chacun semblant convenir, à l'instar du discours de politique générale du nouveau Premier ministre, que la baisse de la dépense est désormais la condition sine qua non pour mettre en œuvre des mesures diverses : le « pacte de responsabilité », qui doit renforcer la compétitivité des entreprises, et le nouveau « pacte de solidarité », qui doit redonner du pouvoir d'achat aux ménages modestes.

Ces 50 milliards d'euros qui paraissent cruciaux représentent 2,4% du PIB en 2013. Réaliser d'un coup ces économies ramènerait, toutes choses égales par ailleurs, le ratio dépenses publiques / PIB à 54,7% du PIB. C'est-à-dire nettement plus, comme le montre le graphique précédent, que ce que connaissait encore notre pays pas plus tard qu'en 2008.

Des précédents à l'étranger ?

Une diminution de 2,4 points de PIB de la dépense publique est-elle faisable en deux à trois ans ? Les exemples étrangers peuvent être intéressants pour s'en faire une idée. On observe que si les dépenses publiques en France sont relativement stables, à un haut niveau, au cours des 20 dernières années, beaucoup de nos voisins connaissent des variations très fortes de leurs dépenses publiques rapportées à leur PIB. L'évolution la plus spectaculaire est bien sûr la chute brutale des dépenses publiques en Suède depuis les années 90 (et dans d'autres pays scandinaves) : plus de 2% par an pendant 7 ans, de 1993 à 2000. Et un croisement avec la courbe de la France en 2006, avec un écart qui grandit depuis.

Mais une baisse importante a également eu lieu aux Pays-Bas, ainsi qu'au Royaume-Uni jusqu'en 2000. Plus récemment, on peut observer que les dépenses publiques auront diminué de 3,6 points de PIB en Allemagne et de 2,9 points au Royaume-Uni entre 2009 et 2012, soit davantage que les 2,4 points que représentent nos fameux 50 milliards.

--

Les dépenses publiques par fonction

Pour réaliser des économies importantes, encore faut-il pouvoir mesurer à quoi sont utilisées les dépenses, et comment elles ont évolué dans la période récente.

L'infographie ci-dessous détaille l'évolution depuis 1995 de toutes les grandes poches des dépenses publiques, ventilées par fonctions et sous-fonctions. La dimension la plus frappante est certainement la place prise par les dépenses de protection sociale et de santé, notre « modèle social », qui pesait près de 58 % du total des dépenses publiques en 2012. Contre moins de 53 % en 1995, et alors que la part des dépenses publiques a donc augmenté dans le PIB entre ces deux dates.

Réciproquement, la part des dépenses d'enseignement a diminué d'un demi-point depuis 1995 (de 11,3% à 10,8% du total). Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, même la proportion de nos dépenses consacrée au remboursement de la dette a diminué, de près d'un point (de 5,1% en 1995 à 4,2% aujourd'hui), grâce notamment à une baisse des taux qui a pour l'instant permis de contrebalancer la forte hausse de l'encours. Au total, le service de la dette représente une portion aujourd'hui légèrement inférieure aux fameux 50 milliards recherchés, qui représentent près de 4,3% du total des dépenses publiques de 2013 : à trouver d'ici 2017, donc, dans les poches ci-dessous.

Notice : l'infographie interactive ci-dessous vous permet de sélectionner l'année de référence dans le sélecteur prévu à cet effet en haut à droite. Le grand rectangle représente l'ensemble des dépenses publiques détaillées en dix grandes fonctions, ainsi que les décrivent les comptes nationaux. En sélectionnant l'une de ces dix composantes, vous ferez apparaître les bulles détaillant les dépenses par sous-catégorie pour la fonction choisie. En passant la souris sur chaque rectangle ou bulle, vous ferez apparaître les informations détaillées s'y rattachant. Pour revenir à l'affichage initial, cliquez sur le titre en haut du graphique ou sur la flèche retour en bas.

>> Cliquez sur le graphique (ou ici) pour voir l'infographie animée

Note méthodologique : les données des trois graphiques de cet article sont issues des comptes nationaux (Insee pour la France, Eurostat pour la comparaison européenne). Pour les données 2010 à 2013 du premier graphique, on utilise les chiffres publiés par l'Insee le 31 mars dernier (qui révisent très légèrement les données de 2010 à 2012 utilisées dans les deux autres graphiques).

>> Plus d'infographies sur le site FactaMedia - Fact-checking & Data