Finances publiques : la divergence entre France et Allemagne est récente !

Par FactaMedia  |   |  501  mots
Reuters
Le contraste est saisissant entre une Allemagne qui se permet d'être à l'équilibre budgétaire et dont l'endettement diminue rapidement depuis le pic de la crise, et une France qui ne parvient pas à tenir ses objectifs et se rapproche dangereusement d'une dette publique à 100% du PIB. Ce que viennent de rappeler la Commission européenne et l'OCDE dans leurs prévisions révisées publiées respectivement les 5 et 6 mai derniers.

Contrairement à l'opinion souvent répandue d'une situation qui prévaudrait de longue date, cette divergence est en fait un phénomène très récent.

Quand on regarde la situation de la dette publique, par exemple, la situation des deux premières économies de la zone euro était similaire depuis les années 90 jusque vers 2010. Ce n'est qu'à partir de cette date que les situations divergent complètement. Un écart qui devrait s'approfondir au moins jusqu'en 2015 si l'on en croit les prévisions des institutions internationales, et probablement au-delà.

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Une telle divergence ne peut provenir que d'une situation très différente de la croissance et/ou des déficits. Et pour ces derniers, comme pour la dette, on observe également qu'à une longue période de niveaux de déficit plutôt analogues, succède un décrochage de la France. En matière de déficit, c'est à compter de 2007 que les deux pays suivent des sentiers radicalement différents.

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De tels écarts de déficit et d'endettement public peuvent avoir plusieurs explications. Mais fondamentalement, ce sont des écarts de croissance ou de déficit structurel qui vont conduire à des déficits effectifs très éloignés.

Or, en matière de croissance, il y a bien eu deux phases (plus favorable à la France jusqu'en 2005, à l'Allemagne ensuite), mais des écarts finalement limités entre les deux pays. Si l'on excepte 2009 et 2010 qui jouent en sens contraires et s'annulent à peu près, l'écart n'aura jamais dépassé 1,5 point par an sur 20 ans.

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Pour expliquer cette disjonction récente entre les finances publiques de l'Allemagne et de la France, il faut donc aller principalement chercher la mesure de la rigueur budgétaire qu'est le déficit structurel. C'est-à-dire le déficit (ou l'excédent) corrigé de l'effet de cycle, lui-même compris comme l'écart entre la croissance enregistrée et son niveau potentiel.

Et en l'espèce, si l'on excepte 2001, la France a toujours été plus mauvais élève que l'Allemagne. Mais à compter de 2006-2007, l'écart devient carrément un gouffre. C'est lui qui explique l'essentiel de la divergence des finances publiques entre les deux pays.

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En fait, tout se passe comme si la France avait toujours été un peu plus cigale, mais bénéficiait d'une croissance un peu plus élevée jusqu'au milieu des années 2000 (sa croissance potentielle étant d'ailleurs également un peu plus élevée). Puis, à partir de 2007, l'écart de rigueur budgétaire s'est beaucoup creusé tandis que la France ne bénéficiait plus de ce petit surplus de croissance par rapport à son voisin. Au contraire, elle accusait un léger retard. C'est cette combinaison de dérapages dans la maîtrise du déficit et d'inversion de la course en tête sur le front de la croissance qui explique l'écart d'endettement public des deux pays, aujourd'hui abyssal. Pas moins de 23 points de PIB à l'horizon 2015, et peut-être encore plus dans les années suivantes…