La crise écrase les prix

Par Gaël Vautrin  |   |  521  mots
La Tribune Infographie
Les indices européens ont fait un bond de deux ans en arrière au cours des dernières semaines. A Paris, les valeurs les moins chères du CAC 40 sont retombées au plus-bas de 2009. Ces faibles valorisations ne semblent pas, néanmoins, de nature à provoquer un rebond des marchés.

Plus de deux ans en arrière. C'est le voyage dans le temps que les indices européens viennent de d'effectuer en quelques semaines. Malgré son rebond de 2,89 % jeudi, le CAC 40 à 3.089,66 points offre désormais autant d'opportunités d'achat qu'à l'époque du début du rally boursier entamé en mars 2009. Et la question se pose une nouvelle fois : la faible valorisation actuelle des marchés est-elle en soi un catalyseur assez important pour motiver un rebond ?

« Face à l'incertitude croissante sur le front macroéconomique avec les dossiers grec et américain, et à des résultats d'entreprises pour le moment plutôt décevants, les investisseurs semblent déserter les marchés. Pourtant, le repli des indices, s'il se poursuit, pourrait faire émerger de bonnes affaires », commente Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets France dans sa dernière note. Ce dernier souligne, par ailleurs, qu'à leur retour de vacances certains gérants seront sans doute à la recherche de valeurs à la casse. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors que le Stoxx 600 se paie 9,4 fois les bénéfices attendus sur 2011, le DAX se paie 8,7 fois, le Footsie 9,1 fois et l'Ibex 8,7 fois.

Pour sa part, le CAC 40 se négocie 8,2 fois les bénéfices attendus sur 2011. Les actions françaises offrent en ce sens de très belles opportunités. À la nuance près que ces « bonnes affaires » ont précisément des profils risqués. À commencer par les valeurs bancaires qui figurent en tête des valeurs les moins chères de l'indice parisien. Ainsi, Crédit Agricolegricole se paie 4,2 fois ses bénéfices 2011, Société Généralecute; Générale 4,5 fois et Axa 4,9 fois. La palme revient aux constructeurs automobiles, PSA et Renault affichant des PER respectifs de 3,7 et 4,1 et sont de fait les valeurs les moins chères de l'indice. Il demeure d'ailleurs difficile de dire que ces cinq valeurs sont des « opportunités » en soi. Les bancaires, actuellement sujettes aux rumeurs les plus folles, n'ont pas fini de souffrir de leur exposition au problème de la dette en zone euro. De leur côté, les constructeurs, qui avaient bénéficié en 2009 de plusieurs plans de relance et des primes en tout genre, ne bénéficient plus de cette aubaine. Autant dire que ces « valeurs à la casse » qui sont peu ou prou les mêmes qu'en 2009, ont des perspectives moins attrayantes qu'à l'époque.

Plus généralement, même si le marché est attractif, cette thématique ne semble pas à l'ordre du jour pour les investisseurs. « Malheureusement, la micro-économie n'est pas un moteur pour les marchés en ce moment. Ils sont plutôt focalisés sur la macroéconomie et un possible risque systémique », souligne David Kalfon, directeur des investissements chez EFG AM. Ce dernier souligne notamment que le marché peut encore baisser. « Techniquement, il y a un « gap » à combler sur le CAC 40 à 2.830 points. Si ce seuil est cassé, le marché peut encore aller chercher les plus-bas de 2009 à 2.519 points », estime-t-il, en précisant que certaines valeurs comme Carrefour ou EDF ont déjà franchi leur plus-bas de 2009.