Wall Street menacée par le départ en retraite des "baby boomers"

Par Eric Chalmet  |   |  422  mots
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Les « boomers » vont-ils progressivement lâcher le marché action américain et peser durablement sur sa valorisation ? C'est une crainte exprimée par la Réserve fédérale de San Francisco.

Ben Bernanke sera incapable de freiner le vieillissement de la population américaine. Alors que les opérateurs de Wall Street espèrent du président de la Réserve fédérale un message de soutien au marché sans ambiguïté lors du symposium de Jackson Hole ce vendredi, l'une des branches régionales de la banque centrale vient de dresser de sombres perspectives : au cours des vingt prochaines années, le dynamisme du marché actions américain pourrait être affecté par le départ à la retraite progressif des « baby boomers ».

S'écarter des actifs les plus risqués
Une étude publiée cette semaine par la Réserve fédérale de San Francisco prévient que, les « boomers » - nés entre 1946 et 1964 - vont « vraisemblablement » changer de comportement, préférant alléger ou vendre leurs portefeuilles de titres, plutôt que de continuer à acheter des actions. « Afin de financer leur départ à la retraite, ils vont probablement céder les actifs qu'ils ont amassés, surtout les plus risqués comme les actions », précisent les auteurs du rapport, les économistes Zheng Liu et Mark Spiegel.

Une courbe démographique plutôt "bearish"
Ceux-ci avertissent que « cette vente massive pourrait lourdement peser sur la valorisation » du marché. Entre 1981 et 2000, période où l'activité professionnelle des « boomers » a été la plus intense, le coefficient de capitalisation des résultats (PER) du S&P 500 a triplé. Or, désormais, « la projection pour le prix réel des actions reposant sur les courbes démographiques constitue un modèle plutôt bearish », pessimiste donc, indique l'étude. Le document prévoit qu'aux Etats-Unis, le PER réel des actions (ajusté de l'inflation) devrait reculer de 13% entre 2010 et 2021. Mais la patience des investisseurs à long terme finira par payer ! Car « nos calculs suggèrent qu'en 2030, la valeur réelle des actions aura augmenté de 20% par rapport à 2010 », notent les deux économistes.

Les petits porteurs émergents à la rescousse?
Même pour le court terme, il faut garder espoir, souligne l'étude : Wall Street pourrait être soutenue par l'achat d'actions américaines par des fonds souverains étrangers ou par de petits porteurs originaires des pays émergents comme la Chine... s'ils sont davantage autorisés par leur gouvernement à sortir des capitaux de leur pays. Sinon, les « baby boomers » américains pourraient tout compte fait s'accrocher à leur portefeuille afin de « le transférer à leurs héritiers ou s'en servir comme source de revenus s'ils vivent plus longtemps qu'attendu ». Les opérateurs n'ont plus qu'à croiser les doigts !