"Le déclencheur de la baisse des marchés, c'est le flottement des politiques monétaires"

Par Propos recueillis par Nabil Bourassi  |   |  522  mots
Christopher Dembik est économiste chez Saxo Bank.
La Bourse de Paris a touché un plus bas de plus d'un an mercredi. Les Bourses ont plongé dans toute l'Europe. Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, livre pour La Tribune son analyse et ses perspectives d'évolution.

La Tribune : Le Cac 40 a touché ce mercredi son point le plus bas depuis l'été 2013. La semaine dernière, il avait connu une semaine compliquée où il avait perdu près de 5%. Comment analysez-vous cette chute ?

Christopher Dembik : Il y a trois facteurs. Le premier est évident, c'est la tendance haussière qui remonte à plusieurs années et qui a montré quelques signes d'essoufflement en février dernier. A ce moment-là, des questions se sont posées sur la pérennité de cette hausse, et des soupçons sont apparus à propos de l'existence d'une bulle spéculative aux Etats-Unis. Le deuxième facteur concerne la situation macroéconomique. Cette situation est restée en arrière-plan ces derniers mois, mais depuis quelques temps, cette actualité est revenue sur le devant de la scène avec les grosses difficultés de l'économie allemande. Le troisième facteur, et qui est à mon avis le déclencheur crucial de ce mouvement baissier, c'est le flottement autour des politiques monétaires. D'un côté, nous avons la Banque centrale européenne (BCE, ndlr) qui est arrivée au bout de son action, et ne semble pas en mesure de lutter contre le risque de déflation qui peut survenir en zone euro. De l'autre, la Réserve fédérale américaine hésite sur le calendrier du  durcissement de sa politique monétaire devenu inéluctable, comme annoncé en juin, et conformément à l'amélioration de l'économie américaine.

La Tribune : Pourtant, il y a un certain nombre d'investisseurs qui estiment que la BCE dispose encore d'instruments qu'elle pourrait encore utiliser...

Christopher Dembik : Il reste effectivement la possibilité des rachats des dettes souveraines, mais à l'heure actuelle, il y a une très forte opposition de l'Allemagne à ce sujet. Même en admettant que la BCE se lance dans un tel programme, elle pourrait éviter une concrétisation de la menace déflationniste, mais cela ne relancerait pas les crédits et les investissements car la structure financière de la zone euro est très différente du Royaume-Uni ou des Etats-Unis.

La Tribune : La tendance baissière observée à la Bourse de Paris devrait-elle se poursuivre d'après vous?

Christopher Dembik : Le marché reprend son souffle. Certes, il a enfoncé des seuils très importants et des mouvements baissiers se profilent pour les prochaines semaines. Il devrait toutefois y avoir des éclaircies à la faveur des résultats trimestriels des entreprises américaines. Nous attendons de bons résultats de ce point de vue. Si nous parvenons à atteindre les 65 à 70% de résultats au-dessus du consensus, alors le marché disposera d'un bon soutien. Ensuite, le traditionnel rallye haussier de fin d'année devrait prendre le relais. En revanche, je serais extrêmement prudent pour l'année 2015.

La Tribune : Vous ne croyez pas que les valeurs européennes puissent être un soutien aux places européennes?

Christopher Dembik : Je suis très confiant sur les valeurs bancaires françaises. Mais il s'agit d'un panorama global, et rien ne dit que l'ensemble des entreprises européennes publiera des résultats trimestriels au-dessus du consensus.