La peur du coronavirus pousse les Bourses vers la correction

Par latribune.fr  |   |  759  mots
(Crédits : Brendan McDermid)
Les indices européens viennent d'aligner quatre séances consécutives de baisse et la perspective d'une correction, à savoir d'un recul d'au moins 10% par rapport à leurs récents plus hauts, se profile.

Les principales Bourses européennes se rapprochent mercredi de la zone de correction, la menace que fait planer sur l'économie mondiale la propagation du coronavirus coupant l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués.

À Paris, l'indice CAC 40 lâchait 2% vers 10h30. À Francfort, le Dax chutait de 2,5% et à Londres, le FTSE abandonnait 1,5%. L'indice EuroStoxx 600 de la zone euro reculait de 2,26%.

Ces indices viennent d'aligner quatre séances consécutives de baisse et la perspective d'une correction, à savoir d'un recul d'au moins 10% par rapport à leurs récents plus hauts, se profile.

A Wall Street, le Dow Jones a cédé 3,15% mardi soir, ce qui porte à plus de 8% la baisse enregistrée depuis son dernier plus haut du 12 février. En Asie, la Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 0,8%, à un plus bas de quatre mois. En Chine continentale, les indices ont cédé du terrain en dépit de la baisse du nombre de nouvelles contaminations journalières dans le pays. Le CSI 300 des grandes capitalisations a reculé de 1,2%.

Les inquiétudes sont montées d'un cran outre-Atlantique lorsque le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a recommandé aux Américains de commencer à se préparer à une propagation du coronavirus. Même si le risque immédiat aux Etats-Unis reste faible, la situation globale évoque une pandémie, la liste des pays ayant recensé des cas de contamination ne cessant de s'allonger.

Impact sur la croissance

Le marché paraît avoir enterré l'hypothèse d'un rebond économique et semble se préparer à un impact significatif de l'épidémie sur la croissance mondiale. "L'honnêteté intellectuelle impliquerait pourtant de reconnaître qu'à ce stade, nul n'est en mesure de connaître les conséquences économiques du coronavirus car nous ne possédons pas assez de données sur les perturbations au niveau de la chaîne de production", écrivent dans une note les analystes de Saxo Banque.

"Selon toute vraisemblance, il faudra attendre les statistiques du mois de mars (notamment les PMI) pour avoir une première idée précise", ajoutent-ils. "Par conséquent, méfions-nous à ce stade des estimations avancées ici et là qui ont assez peu de chances d'être en prise avec la réalité."

Un vent de panique n'en continue pas moins de souffler sur les Bourses européennes, maintenant dans le rouge tous les indices sectoriels, à commencer par les plus exposés à la Chine comme les transports et les loisirs (-3,51%). Accor, Sodexo et Airbus figurent parmi les plus fortes baisses du CAC avec des replis de 1,6% à 2,3%.

La publication des résultats trimestriels des entreprises continue parallèlement d'animer la cote. Ceux de Suez (-2,6)% et surtout Biomérieux (-12%) sont sanctionnés. Hermès a publié des résultats en hausse mais sa dépendance au marché chinois inquiète les investisseurs. Le titre perd 1,6%. PSA limite la casse (-0,1%) avec la publication de nouveaux résultats annuels records. Contre la tendance, Danone prend plus de 2% en dépit de l'abaissement de ses prévisions de ventes et de marge opérationnelle pour 2020 en évoquant notamment les incertitudes provoquées par l'épidémie de coronavirus.

Les taux américains au plus bas

Les craintes entourant l'épidémie de coronavirus ont poussé les investisseurs vers les actifs refuges et en particulier la dette américaine, ce qui a entraîné une forte baisse des rendements obligataires. Celui des Treasuries à 10 ans se stabilise mercredi autour de 1,32% après avoir touché la veille un plus bas historique à 1,3070%. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 30 ans est pour sa part tombé jusqu'à 1,786%, là aussi un plus bas historique, avant de remonter à 1,804%. En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans se stabilise autour de -0,52%, au plus bas depuis quatre mois.

Le dollar est tiraillé entre le facteur de soutien lié à sa qualité d'actif refuge et l'effet négatif des anticipations d'une possible baisse des taux de la Réserve fédérale face aux conséquences économiques de l'économie de coronavirus. L'indice mesurant ses fluctuations par rapport à un panier de devises de référence est quasiment inchangé après avoir perdu 0,4% la veille; l'euro retombe se situe à 1,089.

Les cours du brut repartent à la baisse mercredi après déjà trois séances de fort repli. Le baril de Brent cote à 54,30 dollars et celui du brut léger américain (WTI) à 49,43 dollars. Ces deux contrats ont perdu respectivement plus de 17% et près de 19% depuis le début de l'année.

(avec Reuters)