Empreinte carbone : les Français ont émis 8 tonnes de CO2 en 2022, bien loin des objectifs

Par latribune.fr  |   |  664  mots
Les principaux postes de consommation contribuant à l'empreinte carbone sont les transports (25%), l'alimentation (23%), le logement (18%) et les services sociétaux (18%). (Crédits : Fabrizio Bensch)
L'empreinte carbone moyenne des Français, conséquence avant tout des choix de transports, d'alimentation et de logement, varie peu entre les régions. En revanche, elle augmente nettement avec le revenu, tout particulièrement pour les foyers au-delà de 5.000 euros nets par mois. A huit tonnes en moyenne de CO2, elle est surtout très loin des deux tonnes nécessaires pour limiter la hausse des températures à deux degrés d'ici à la fin du siècle.

Si la France veut être dans les clous de l'Accord de Paris, soit limiter la hausse des températures à deux degrés d'ici la fin du siècle (de préférence +1,5%, il faudrait que chaque habitant émette en moyenne deux tonnes de CO2 par an.

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On en est très loin. Selon une étude du Citepa et de l'Association pour la transition Bas Carbone, « le niveau moyen de l'empreinte individuelle annuelle des Français », c'est-à-dire le total des émissions de gaz à effet de serre induites par leur mode de vie, « serait d'environ huit tonnes de CO2 pour l'année 2022 ». Cette étude a été réalisée à partir d'une enquête déclarative d'Opinionway auprès de 4.096 personnes représentatives de la population adulte. Ce résultat, probablement un peu minoré, selon les auteurs, est inférieur aux 9 tonnes de CO2 (équivalent CO2) estimées par les statistiques officielles.

Les leviers de décarbonation identifiés

L'intérêt de l'étude porte surtout sur l'identification des leviers de décarbonation, alors que cette empreinte moyenne représente « 4 fois l'objectif de 2 tonnes par personne qui permettrait de limiter le réchauffement climatique à 2°C ». Les auteurs relèvent que « l'empreinte carbone semble assez uniforme au sein des différentes régions de France ». En revanche, « les revenus émergent comme le déterminant principal » avec « un effet particulièrement fort sur les plus hautes tranches », écrivent-ils.

Pour les trois catégories de revenus mensuels inférieurs à 1.500 euros, la moyenne de l'empreinte varie entre 7 et 7,4 tonnes par adulte. Au-delà et jusqu'à 5.000 euros, elle s'établit entre 8,1 et 8,5 en moyenne. Elle monte ensuite à 9,6 tonnes pour la tranche jusqu'à 6.500 euros, et atteint 11,6 tonnes de CO2 pour l'ultime tranche. Toutefois « les écarts trouvés ici sont bien plus faibles » que ceux issus d'autres travaux, comme ceux des économistes Lucas Chancel et Thomas Piketty, notent les auteurs.

Les transports peuvent représenter jusqu'à 39% du total

« Les principaux postes de consommation contribuant à l'empreinte carbone sont les transports (25%), l'alimentation (23%), le logement (18%) et les services sociétaux (18%) », conclut l'étude.

« C'est presque exclusivement sur le transport que les revenus les plus élevés creusent l'écart (...), ce domaine représentant jusqu'à 39% du total des émissions » de la dernière tranche, à cause de l'avion notamment. « Cette augmentation en fonction du revenu est compensée en partie par le fait que l'empreinte par euro de revenu tend à décroître fortement avec le revenu. »

Mais « le niveau de revenu n'explique pas tout ». Ainsi, l'empreinte individuelle « dépend plus des biens durables mobiliers (exemple un réfrigérateur, une voiture) et immobiliers (un appartement par exemple), ainsi que de la proportion du revenu affecté à la consommation ». « Peu de Français émettent moins de 5t chaque année (6%), et strictement aucun répondant n'obtient une empreinte inférieure à 3t » relèvent encore le Citepa et ABC.

Rendre les technologies vertueuses plus accessibles

Au-delà de la France, un rapport annuel initié à la COP26, qui appelle les Etats à collaborer afin de rendre les technologies vertueuses plus accessibles dans les secteurs figurant parmi les plus émetteurs : électricité, transport terrestre, acier, hydrogène, agriculture et, depuis cette année, BTP et ciment. Dans les faits, des technologies connaissent un essor inédit : véhicules électriques (18% des ventes de voitures individuelles en 2023, mais concentrées dans l'UE, en Chine et aux Etats-Unis), panneaux photovoltaïques, pompes à chaleur... L'investissement dans les énergies propres dépasse désormais les dépenses dans les fossiles.

Mais d'autres secteurs « ne 'transitionnent' pas assez vite », ajoute le rapport, citant l'acier, l'hydrogène et l'agriculture. Ainsi, dans l'acier, des usines bas carbone ont été annoncées, loin cependant de l'objectif de 100 millions de tonnes annuelles nécessaires d'ici à 2030. Les progrès ont été « modestes », avec des fonds d'assistance financière et technique aux pays en développement, note le rapport, qui appelle à soutenir la demande et partager au plus tôt les nouveaux savoir-faire.

(Avec AFP)