Nouveaux réacteurs nucléaires : l'Autorité environnementale appelle EDF à revoir sa copie sur le site de Penly

Par latribune.fr  |   |  847  mots
« Les enjeux environnementaux sont au cœur du projet EPR2 », a assuré EDF. (Crédits : BENOIT TESSIER)
L'autorité indépendante a rendu son avis concernant l'impact environnemental des travaux préparatoires à la construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR2 sur le site de Penly (Seine-Maritime) et de leur exploitation. Et, selon elle, plusieurs éléments manquent ou doivent être complétés dans l'étude d'impact remise par l'électricien.

EDF doit revoir sa copie. C'est en effet ce que l'électricien s'est vu demander par l'Autorité environnementale. Cette dernière, qui a pour mission de rendre des avis sur l'impact environnemental de projets routiers ou énergétiques notamment, s'est penchée sur l'étude d'impact des travaux préparatoires à la construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR2 sur le site de Penly (Seine-Maritime) et de leur exploitation.

Pour rappel, un an plus tôt, le directeur de projet pour les réacteurs nucléaires EPR2, Gabriel Oblin, estimait que « si la décision (politique) est prise rapidement, on vise de commencer les travaux préparatoires sur ce site à mi-2024, pour une mise en service à l'horizon 2035-2037 ».

Ces travaux préparatoires, prévus pour durer trois ans, comprennent le « terrassement, la préparation de la plateforme pour construire l'ouvrage » nucléaire, avait-il précisé. La construction des réacteurs devrait ensuite commencer fin 2027 avec un chantier mobilisant au total 7.500 personnes « dans sa phase haute » en 2029.

Or, dans un avis publié vendredi 11 novembre, l'autorité indépendante, qui précise qu'elle n'a pas évalué la sûreté nucléaire du site, estime que les principaux enjeux environnementaux de ce projet sont, pendant la phase des travaux, la santé des populations, le bruit en particulier, ainsi que la préservation du milieu naturel et de la biodiversité. Par la suite, pendant la phase d'exploitation, les enjeux seront « les risques d'atteintes à la population et aux milieux liées aux rejets radiologiques, thermiques et chimiques ainsi que la production de déchets nucléaires et d'émissions de gaz à effet de serre pour l'ensemble de la filière nucléaire ».

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Pas de prise en compte de la remise en état du site

À ces égards, plusieurs éléments manquent ou doivent être complétés dans l'étude d'impact, selon l'Autorité. Elle regrette, par exemple, que l'étude d'impact n'ait pas pris en compte la remise en état du site si le projet n'aboutissait pas ou quand il ne sera plus exploité.

En outre, alors que le projet prévoit d'artificialiser 24 hectares de fonds marins, l'Autorité recommande de présenter des mesures d'évitement, de réduction et le cas échéant, de compensation.

L'Autorité émet également plusieurs recommandations pour la phase d'exploitation, comme par exemple la réduction des « normes proposées de rejet de certains polluants, en particulier de l'hydrazine, des détergents, des organohalogénés et des oxydants résiduels, chaque fois qu'il n'est pas démontré l'absence d'impact de leur rejet sur le milieu marin ». Elle recommande par ailleurs « de reprendre en profondeur l'étude des incidences du projet » sur les quatre sites Natura 2000 aux alentours du site.

EDF a dit prendre « acte de l'avis de l'Autorité » et a indiqué qu'il « rendra publique sa réponse avant l'enquête publique envisagée au cours du premier trimestre 2024 ». Le groupe a précisé à l'AFP qu'il rendra un « mémoire de réponse dans les prochaines semaines ». « Les enjeux environnementaux sont au cœur du projet EPR2 », a également affirmé EDF qui dit attacher une vigilance particulière à ce que les enjeux liés à l'environnement fassent partie des sujets de la concertation continue menée avec le territoire.

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Un déploiement à l'international

Ce projet s'inscrit dans la colossale relance du nucléaire en France qui se caractérise par la prolongation des centrales existantes et la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR 2 (dont les deux premiers seront ceux de Penly), voire quatorze.

Un vaste chantier pour l'électricien français qui vise également un déploiement à l'international. Début octobre, ses équipes se sont, en effet, rendues à Prague afin de commencer à remettre une offre ferme pour la construction d'un, voire quatre EPR en République Tchèque. Le groupe ambitionne également de décrocher des contrats en Finlande, en Suède, ou encore aux Pays-Bas où il mène actuellement une étude de faisabilité pour l'implantation de deux réacteurs sur le site de Borssele, au sud-ouest du territoire. De même, en Pologne, des discussions sont en cours pour le développement de 2 à 4 réacteurs sur un site au sud du pays, là où se concentre son industrie tandis qu'en Slovaquie, il est question de deux réacteurs. Sans oublier la Slovénie qui réfléchit à un réacteur qui pourrait également impliquer la Croatie et l'Italie, laquelle s'intéresse aussi au déploiement de petits réacteurs modulaires (SMR en anglais).

« Nous sommes en discussion, à différents stades de maturité, avec tous ces pays pour voir dans quelles perspectives nous pouvons les aider à développer des nouvelles capacités nucléaires », avait ainsi indiqué Vakis Ramany, directeur du développement nouveau nucléaire à l'international pour EDF, le mois dernier.

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(Avec AFP)