COP28 : La sortie des énergies fossiles est « inévitable », mais pas trop vite, selon le président Al Jaber

Par latribune.fr  |   |  553  mots
Le président de la COP 28, Sultan Al Jaber (Crédits : Reuters)
Dans un entretien rapporté par The Guardian dimanche, le chef émirati de la COP28, qui est aussi le patron de la compagnie pétrolière nationale Adnoc, détaille sa position sur les énergies fossiles dont l'arrêt ne semble pas indispensable pour limiter le réchauffement climatique. « Il faut être sérieux et pragmatique », a opposé Sultan Al Jaber.

Les décideurs politiques réunis en ce moment à la COP 28 à Dubaï vont-ils parvenir à élaborer un scénario de sortie des énergies fossiles ? Avec à la tête de l'événement Sultan Al Jaber, qui est aussi le patron de la compagnie pétrolière nationale Adnoc, rares sont ceux qui y croient. Un entretien avec l'ancienne présidente irlandaise Mary Robinson et rapporté par le Guardian dimanche, éclaire un peu plus la vision du chef émirati sur l'exploitation actuelle des énergies fossiles, malgré le réchauffement climatique.

Pour rappel, la dépendance à ces ressources est encore extrême. Les pays du G20 ont accordé 1.300 milliards de dollars de subventions en 2022, un record.

Aussi, le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, a estimé que la « sortie » des énergies fossiles était « inévitable »...mais a semblé dire qu'elle n'était pas indispensable pour limiter le réchauffement à 1,5°C.

Sultan Al Jaber s'exprimait le 21 novembre dans un événement en ligne organisé par l'initiative She Changes Climate, selon une vidéo diffusée par le Guardian.

Mme Robinson, présidente du groupe des Sages (de hauts responsables, militants pour la paix et défenseurs des droits humains), a interpellé Sultan Al Jaber sur son refus d'appeler à une sortie des énergies fossiles.

Le retour à l'âge des « cavernes »

« Je ne souscrirai en aucun cas à des discussions alarmistes. Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d'atteindre 1,5°C. 1,5°C est mon étoile du Nord. Et une réduction et une sortie des énergies fossiles sont, selon moi, inévitables. C'est essentiel. Mais il faut être sérieux et pragmatique ».

« Montrez-moi la feuille de route d'une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l'âge des cavernes », a-t-il ajouté ensuite.

Il répète en cela sa ligne maintenue à chaque prise de parole consistant à dire depuis le mois de juin que la réduction des fossiles est inévitable, mais qu'il fallait d'abord construire le système énergétique de demain avant de débrancher les fossiles. Et que les pays développés doivent montrer l'exemple.

Il parle même dans cet échange à la fois de « réduction » et de « sortie » des fossiles.

La phrase qui choque certains militants et experts du climat est celle concernant la science, alors que Sultan Al Jaber assure sans cesse s'appuyer à la fois sur la science et sur la réalité économique, et vouloir maintenir « 1,5°C à portée de main », un objectif inscrit sur de grande affiches à travers le site de la COP à Dubaï.

L'échange n'inclut aucune discussion de date butoir, source de confusion.

Que dit l'Agence internationale de l'énergie sur la baisse requise des énergies fossiles pour parvenir à la neutralité carbone ?

Dans son rapport de septembre, l'AIE estime que la production d'énergies fossiles doit baisser de 83% entre 2022 et 2050, laissant une production résiduelle de 88 exajoules (EJ), contre 511 EJ en 2022 (une unité de mesure de l'énergie).

Ce que s'est empressé de rappeler la présidence de la COP28: « L'AIE et le scénario du Giec pour 1,5°C disent clairement que les énergies fossiles ont un rôle à jouer dans le système énergétique futur, certes plus petit », a déclaré un porte-parole à l'AFP.

(Avec AFP°