COP28 : à Dubaï, le triplement du nucléaire et des renouvelables en vedette

Après les dollars vendredi, place à l'énergie: le nucléaire et le solaire seront promus comme jamais à une COP samedi à Dubaï, avant de pénibles négociations entre près de 200 pays sur les énergies fossiles dans les dix prochains jours.
(Crédits : Lukáš Lehotský - Unsplach)

La journée de samedi a été lancée par l'appel d'une vingtaine de pays à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050, par rapport à 2020, illustrant le spectaculaire regain général d'intérêt pour l'atome, qui permet de générer de l'électricité quasiment sans carbone, mais a souffert après l'accident de Fukushima en 2011.

"Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu'on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 sans nucléaire", a affirmé l'émissaire américain pour le climat, John Kerry, lors d'un événement à Dubaï en compagnie de plusieurs dirigeants, principalement européens, qui ont aussi encouragé le développement de petits réacteurs appelés "SMR".

"Je veux réitérer que l'énergie nucléaire est une énergie propre, il faut le répéter", a dit d'emblée Emmanuel Macron. "L'énergie nucléaire, c'est l'avenir", a insisté son homologue polonais, Andrzej Duda.

Outre les États-Unis et le Canada, la vingtaine de signataires inclut, selon une liste publiée par les Américains, les pays européens pro-nucléaires ainsi que la Corée du Sud, le Ghana, les Émirats arabes unis qui viennent de construire leur première centrale, et le Japon, qui relance ses centrales.

Mais la Chine et la Russie, les premiers constructeurs de réacteurs nucléaires dans le monde aujourd'hui, n'ont pas signé.

Il s'agit d'un appel volontaire des pays, en aucun cas contraignant dans le cadre des négociations officielles de la COP28 sous l'égide de l'ONU. Leur objectif est de promouvoir proactivement les énergies alternatives aux fossiles, leur donnant des arguments pour espérer négocier la fin du pétrole, du charbon et du gaz dans un accord final à la COP.

Les écologistes préfèreraient une transition sans nucléaire, soulignant le problème des déchets et de la sûreté. Masayoshi Iyoda, de l'organisation environnementale 350.org, a immédiatement dénoncé le recours à une énergie "dangereuse".

"Nous avons déjà des solutions moins chères, plus sûres, démocratiques et rapides pour répondre à la crise climatique: ce sont les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique", a estimé le militant.

Un autre appel de pays, plus consensuel, sera justement lancé samedi à Dubaï: le triplement des capacités d'énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, biomasse...) d'ici 2030, un appel qui devrait être signé cette fois par plus de 110 pays.

L'Union européenne avait lancé un appel au printemps en ce sens, soutenu par la présidence émiratie de la COP28 puis successivement repris par les pays du G7 et ceux du G20 (80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre).

"Aujourd'hui, notre appel s'est transformé en un puissant mouvement. Plus de 110 pays l'ont déjà rejoint", a déclaré vendredi Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. "Je vous invite tous à inclure ces objectifs dans la décision finale de la COP".

Alors que les dirigeants s'activent publiquement, les milliers de négociateurs de près de 200 pays enchaînent les réunions dans des salles à l'abri des caméras pour avancer sur le véritable enjeu de cette COP28: le ou les textes qui devront être adoptés par consensus d'ici le 12 décembre.

Les paragraphes les plus ardus à négocier concernent la réduction voire la fin des énergies fossiles: pétrole, gaz et charbon.

Illustration de cette tension: quand le G20 s'est engagé en septembre à "encourager les efforts" pour tripler les énergies renouvelables, sa déclaration finale était restée silencieuse sur le sort des fossiles.

AFP

Commentaires 15
à écrit le 04/12/2023 à 5:30
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Qui dit 3 fois plus de centrales ou réacteurs nucléaires dit aussi mathématiquement 3 fois plus de ressources d'uranium : quel pays a autant de ressources uranifère ? canada ? Kazakstan ? Mongolie ? sans uranium pas de reacteur qui marche ? Donc on...

à écrit le 02/12/2023 à 14:06
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Donc c'est clair que nos dirigeants ne comprennent rien au sujet... ça ne sert à rien de substituer l´energie... le souci du réchuaffement c'est la façon dont nous exploitons le monde. Nous sommes allez au delà des capacités de résilience de la...

le 02/12/2023 à 22:54
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Petite explication de pourquoi il faut bien substituer. Aujourd'hui 85% de l'énergie utilisée vient des fossiles... qui doivent disparaitre. Donc reste 15% de l'actuel (sans substitution par des renouvelables ou du nucléaire). La consommation mondial...

à écrit le 02/12/2023 à 12:58
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En 2023, le monde installe 390 GW de solaire. A 8 GW solaires pour 1 GW de nucléaire, ça produira autant que 49 GW nucléaires en une seule année. Pour l'éolien, on est à peu près sur une croissance nulle avec 110 GW qui correspondent à la production ...

le 02/12/2023 à 13:18
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Bien évidemment, mais toutes ces politiques ne sont que dans un seul objectif la croissance infinie. Quelle tristesse le monde est fini...

le 02/12/2023 à 16:54
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Visiblement, OfficierFred n'a toujours pas compris la différence entre une filière pilotable et une filière intermittente et aléatoire, et continu à établir des équivalences qui n'ont pas de sens. La France a construit son parc nucléaire en moins d...

le 02/12/2023 à 22:44
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1 ")Chiffres qui ne devraient pas changer à l'avenir tant le nucléaire est chargé d'interdits" vous en savez strictement rien; il y a 10 ans le chiffre était de 0 aprés Fukushima vs presque 30 aujourd’hui. 2) Ce qui freine l'installation du nucléai...

le 04/12/2023 à 16:16
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OfficierFred a raison sur toute la ligne. Ce qui fera la difference est le cout du Mwh. et, rien de plus rentable que l hydroelectrique, le solaire et l eolien...... Le nucleaire , c est cher, lent a mettre ne oeuvre, mal maitrisee et risque de proli...

le 04/12/2023 à 17:50
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Interdits, opacité et secrets nucléaires : J'avais oublié la "langue de bois". Bon ! Jardinier a placé ses deux éléments de langage : "intermittentes et aléatoires" qui sont le coeur de son message. Malheureusement, je ne parlais pas de renouvelables...

à écrit le 02/12/2023 à 12:42
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Et quand il n'y a plus d'eau pour refroidir, on sera très très mal

à écrit le 02/12/2023 à 12:42
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Et quand il n'y a plus d'eau pour refroidir, on sera très très mal

à écrit le 02/12/2023 à 10:33
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Tous nos dirigeants français qui ont voulu détruire notre filière nucléaire (superphénix en tête...) ou , pour les autres, qui ont laissé faire avec lâcheté ou collaboration, sont des misérables au regard de l'Histoire...

le 02/12/2023 à 11:05
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Il est effectivement très curieux de voir le président français monté au créneau pour défendre le nucléaire alors que le sabotage en règle de cette filière mis en place depuis François Mitterand, puis poursuivit avec acharnement par chacun des prési...

le 02/12/2023 à 11:16
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Alors que le cœur de nos sociétés est technique et scientifique nous somme gérés par des économistes des financiers (même pas par des littéraires) pour moi c'est le problème. Le Nuc et les systèmes d'énergies complexes peut être encore à découvrir ex...

à écrit le 02/12/2023 à 10:24
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Nucléaire oui privé non, que Fukushima serve au moins à cela, merci.

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