Emploi : le sentiment de déclassement persiste chez les actifs

Par latribune.fr  |   |  539  mots
Les employés et ouvriers non qualifiés sont les plus nombreux (36 %) à se sentir déclassés selon l'Insee. (Crédits : <small>DR</small>)
Malgré une amélioration de l'emploi qualifié chez les actifs, le sentiment de déclassement professionnel et social reste bien ancré pour un quart des 30-59 ans selon une enquête de l'Insee.

Selon une étude de l'Insee publiée mercredi 12 juillet, un quart des 30-59 ans ressentent un déclassement sur le plan professionnel par rapport à leur père. L'expression de ce sentiment intervient alors que l'institut insiste sur "une progression globale de l'emploi vers des métiers plus qualifiés". Malgré ce paradoxe, l'organisme en charge de la statistique publique rappelle que "le sentiment de déclassement est minoritaire au sein de la population et moins fréquent que celui d'ascension sociale".

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Le sentiment de déclassement concerne tous les milieux sociaux

Dans leur enquête, les chercheurs de l'Insee ont noté que le sentiment de déclassement, tout comme celui d'ascension sociale, concerne tous les milieux sociaux : "quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle considérée, six à sept personnes sur dix estiment occuper une position sociale différente de celle de leur père."

Le sentiment peut varier toutefois au sein d'une même catégorie : il est élevé chez les employés et ouvriers non qualifiés - comme les ouvriers agricoles (45% d'entre eux se sentent déclassés), les caissiers (43%) ou les serveurs (40%) - moins élevé chez les employés et ouvriers qualifiés, comme ceux de l'industrie (21%), ou encore les militaires, les policiers et les pompiers (17%).

Minoritaire chez les cadres et assimilés, le sentiment de déclassement en concerne tout de même environ un sur cinq (18%). Il est particulièrement marqué chez les professionnels de l'information, des arts et des spectacles.

Un déclassement plus prononcé chez les femmes

Outre les catégories socioprofessionnelles, le sentiment de déclassement est inégalement exprimé selon le genre. Les femmes se sentent ainsi plus souvent déclassées que les hommes : 27% d'entre elles estiment occuper une position sociale plus basse que leur père, contre 23% des hommes. "Cet écart s'explique en grande partie par les inégalités de genre sur le marché du travail", où les femmes sont encore surreprésentées dans les emplois non qualifiés, explique l'Insee. Le sentiment de déclassement n'atteint que 10% lorsque les personnes interrogées se comparent à leur mère (contre 25% comparativement au père), illustrant le fait que ces inégalités étaient plus prononcées encore pour la génération des parents.

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Afin de confronter le ressenti des personnes interrogées à leur mobilité sociale effective, l'Insee a également comparé ces résultats avec une typologie de trajectoires sociales, établie en fonction de la catégorie socioprofessionnelle occupée par les 27.000 personnes interrogées et de celle de leurs parents. Selon cette typologie, seule environ une personne sur cinq (21,7%) connait effectivement une "mobilité sociale descendante", selon l'institut. Toutefois, le lien reste fort entre la mobilité sociale établie et la mobilité ressentie. Environ 53% des personnes qui connaissent une mobilité sociale descendante se sentent effectivement déclassées par rapport à leur père. Ce sentiment augmente d'autant plus que la catégorie d'origine du père et celle de la personne interrogée sont éloignées.

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(Avec agences)