49-3  : Royal critique le revirement de Valls

Par latribune.fr  |   |  659  mots
Ségolène Royal a mal vécu l'utilisation du 49-3 par Manuel Valls.
La ministre de l'Environnement juge "difficilement compréhensible" le revirement de Manuel Valls sur le 49-3.

La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a jugé ce dimanche « difficilement compréhensible » le revirement de Manuel Valls sur le 49-3, ajoutant que les membres du gouvernement ont « beaucoup souffert » du recours à cette arme constitutionnelle. Interrogée sur la volte-face de l'ancien Premier ministre sur le 49-3, Ségolène Royal a rétorqué lors du Grand Rendez-Vous sur Europe 1/iTélé/Les Echos : « C'est difficilement compréhensible. C'est vrai, cela n'a pas été compris de l'opinion ».

Est-ce une position sincère de la part de ce candidat à la primaire organisée par le PS ? « J'espère que c'est sincère s'il le dit, mais ce n'est pas compréhensible », a-t-elle ajouté. S'il plaide désormais pour cantonner le 49-3 aux textes budgétaires, Manuel Valls y a pourtant eu recours lorsqu'il était à Matignon, pour la loi Macron et la loi Travail. Mais il en a rejeté jeudi soir la responsabilité sur les frondeurs socialistes : « On m'a imposé le 49-3. »

Le gouvernement a « beaucoup souffert » du 49-3

Mais visiblement, les deux passages en force de l'ancien Premier ministre sur la loi Travail et sur la loi Macron ont laissé des traces au sein du gouvernement. « On a beaucoup souffert du 49-3. Même en tant que membres du gouvernement, on a beaucoup souffert. Tout le travail positif qu'on faisait à côté était étouffé par les manifestations, par les protestations. Les Français avaient déjà subi les épreuves du terrorisme, les forces de l'ordre étaient déjà fatiguées, épuisées. Donc cette séquence-là, personnellement, je l'ai très mal vécue », a lancé Ségolène Royal.

Et de souligner qu' « en plus il y a eu des policiers blessés, cette image de voiture de police incendiée, des policiers qui ont failli brûler à l'intérieur, qui a fait le tour du monde et donné une image de la France terrible, des gens qui ont perdu les yeux dans les manifestations (...) C'était trop. Les Français ont quand même le droit à un peu de bonheur, d'apaisement ». « Je crois que les stratégies qui consistent à mettre des tensions dans la société sont des mauvaises stratégies. Le 49-3, il ne peut pas être utilisé contre notre propre majorité parlementaire sur des textes qui ne méritent pas de mettre comme ça le pays en très grande difficulté, en très grande tension », a insisté la ministre.

Ségolène pour Macron ?

Les propos tenus par Ségolène Royal à l'encontre de Manuel Valls interrogent sur l'identité du candidat qui sera soutenu par la finaliste de la présidentielle de 2007. Il se dit qu'elle pourrait se tourner vers Emmanuel Macron, ce qu'elle ne veut pas confirmer. Toutefois elle voit des points communs entre la campagne de Macron et la sienne en 2007. Au sujet du succès de l'ancien ministre de l'Economie dans les enquêtes d'opinion, Ségolène Royal reconnaît ainsi qu' « il y a une attente de l'opinion à être en dehors des systèmes. Il y a un besoin de respiration et d'invention du futur. Le fait d'être en dehors des structures, de casser les codes, suscite peut être davantage d'écoute. On a besoin d'une forme de liberté », a assuré Ségolène Royal.

« C'est ce que j'avais fait en 2007. Les gens sentaient que le parti socialiste n'était pas derrière moi, et du coup l'opinion m'aidait. Ça plaisait aux gens parce qu'il faut une forme de liberté », a ajouté Ségolène Royal. « Il faut que les structures partisanes se réforment, et qu'en même temps il y ait une forme de liberté. Mais ces itinéraires ne peuvent pas être des itinéraires solitaires », a-t-elle toutefois tempéré.  Pour l'instant, la ministre de l'Environnement se contente donc d'appeler au « rassemblement après la primaire », même si selon elle, « Il faudra voir quel est le critère de ce rassemblement ».

(Avec AFP)