A Paris, Anne Hidalgo veut renforcer la sécurité sans armer la police

Par Lyse Le Runigo  |   |  817  mots
Les mesures visant à renforcer la sécurité à Paris ont été adoptées ce lundi, mais l'opposition les juge bien insuffisantes.
Les propositions du conseil de Paris concernant la sécurité n'ont pas retenu la création, réclamée par l'opposition, d'une police municipale armée. Les mesures se concentrent plutôt sur le renforcement des outils de communication et des dispositifs de surveillance.

Le Conseil de Paris, initialement prévu le 16 novembre et reporté d'une semaine pour rendre hommage aux victimes des attentats, a accouché lundi d'une quinzaine de mesures visant à renforcer la sécurité des Parisiens dans un contexte d'état d'urgence prolongé.

"Les attentats qui ont une nouvelle fois meurtri Paris le 13 novembre dernier nécessitent d'accélérer la mise en œuvre des actions décidées depuis janvier et de prendre d'autres mesures complémentaires", a indiqué la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Ce qui a changé depuis Charlie

Dans un communiqué publié ce lundi, la mairie de Paris a détaillé les mesures prises à la suite des attentats des 7,8 et 9 janvier dernier, qui avaient déjà ciblé la capitale. Selon la mairie, tous les agents "effectuant des actions de sécurité" ont été équipés de gilets pare-balles,  les adresses concernées par le plan "Vigipirate" ont subi un audit pour déterminer si elles nécessitaient une meilleure protection (ce qui a été avéré pour 85 d'entre elles).

La ville s'est dotée de 165 caméras supplémentaires sur deux ans, grâce à la modification du plan de vidéo-protection (à l'heure atuelle, 1.044 caméras sont en place dans la capitale), et a engagé 30 nouvelles opérations de visiophonie dans les crèches. Enfin, près d'une centaine d'opérations de sécurité ont été menées dans les écoles et les collèges, et la formation des personnels aux gestes d'urgence a été renforcée, sans qu'il soit précisé dans quelle mesure.

Des mesures renforcées

Les mesures de surveillance seront renforcées, notamment via l'installation des visiophones sur 80 nouveaux sites accueillant des enfants, et le déploiement de 165 nouvelles caméras de vidéo-protection (déployées dès 2016). C'est beaucoup moins que les 1.000 caméras, exigées par l'opposition, qui en demande également 5.000 dans la zone de police pour le Grand Paris. Les moyens humains seront également renforcés, avec le recrutement d'une trentaine d'inspecteurs de sécurité et d'ingénieurs spécialisés dans les diagnostics de sécurité, dès 2016.

Des nouveaux moyens d'alerte

Concernant les nouveautés, on note le recours de plus en plus fréquent aux objets connectés : par exemple ce dispositif déjà utilisé dans les musées, des "boutons d'alerte anti-agression" qui doivent être installés dans certains conservatoires et bibliothèques ou encore des sas de sécurité et des portes à gâches électriques (qui permet d'ouvrir la porte aux personnes qui se sont présentées à l'interphone sans avoir à se déplacer) dans certaines salles de sport isolées.

Par ailleurs, "les parents qui ont un enfant en crèche seront informés en temps réel, par SMS, en période de crise", assure la mairie, qui revendique déjà 22.000 numéros collectés.

Pas de police municipale armée

L'opposition - la députée LR de l'Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet en tête - a déploré des propositions "bien insuffisantes" de la part de la maire de Paris. La chef de file de la droite parisienne a plaidé dimanche dans les colonnes du Parisien pour la création d'une police municipale armée. Une idée déjà proposée en février dernier, quelques semaines après l'assassinat d'une policière de Montrouge par le terroriste de l'Hypercacher Amedy Coulibaly.

Au Conseil, le groupe a réclamé la mise en place d'une "vraie police municipale de 3.000 hommes", armés, afin de décharger "les policiers (de la police nationale ndlr) des tâches de tranquillité publique".

La maire de Paris, quant à elle, ne cache pas sa préférence pour la police nationale :  "Je tiens à ce que les forces de la police nationale assurent la sécurité des Parisiens" a-t-elle assuré lors d'un point presse précédant l'ouverture des débats.

"Qu'on ne vienne pas se raconter d'histoire, aucune police municipale et encore moins à Paris, qui est le siège de tous les lieux de pouvoir, ne pourra assumer efficacement le travail de la police nationale", a-t-elle insisté.

Les entreprises spécialisées se frottent les mains

Le marché de la sécurité, qui pesait déjà près de 30 milliards d'euros en 2013 et qui devrait croître de 5% d'ici à 2020, est sans conteste le grand gagnant de ces mesures. La cybersécurité et les objets connectés liés à la sécurité seront notamment au cœur des mesures de protection à venir.

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Selon une étude commandée par les cabinets Décision et Pierre Audoin Consultants pour le compte du SGDSN*, les pouvoirs publics sont prescripteurs directs ou indirects de 44% de la filière marchande.