Acte 13 des "gilets jaunes" : des heurts ont éclaté devant l'Assemblée nationale

Par AFP et Reuters  |   |  744  mots
(Crédits : Gonzalo Fuentes)
La mobilisation a reflué lors des deux derniers samedis: 58.600 personnes ont manifesté dans toute la France le 2 février, selon le ministère de l'Intérieur, un chiffre contesté par le mouvement qui a revendiqué un "nombre jaune" de 116.000 manifestants.

Un manifestant a été gravement blessé à la main samedi pendant des heurts avec les forces de l'ordre devant l'Assemblée nationale, à Paris, lors du 13e samedi de mobilisation des "Gilets jaunes", a-t-on appris de sources policières. Selon une première source, le manifestant a été blessé par une grenade de désencerclement.

"Visiblement, les gendarmes étaient acculés. Le manifestant aurait pris une grenade à la main pour la relancer", a déclaré à Reuters une autre source policière, selon laquelle il aurait eu au moins un ou deux doigts sectionnés, sinon la main arrachée. La préfecture de police a pour sa part fait état d'un manifestant blessé à la main, pris en charge par les pompiers, sans autre précision. Elle a également fait état en début d'après-midi de 14 interpellations dans la capitale. Au moins un autre manifestant a été blessé à la tête.

Affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants

Plusieurs milliers de "Gilets jaunes" étaient partis en milieu de matinée de la place de l'Etoile et des Champs-Elysées vers le quartier du Champ de Mars, de l'autre côté de la Seine. Des échauffourées ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre à la mi-journée. Ces heurts ont notamment éclaté, dans des nuages de gaz lacrymogènes, devant l'Assemblée nationale, dont un cordon de forces mobiles défendait l'accès.

D'autres manifestants, dont certains n'étaient pas revêtus de "Gilets jaunes", ont pour leur part tenté de dresser une barricade sur le boulevard Saint-Germain.

Des manifestations étaient aussi prévues un peu partout en France, comme c'est rituellement le cas depuis le 17 novembre, début de ce mouvement aux revendications hétéroclites, parti d'une contestation des hausses de taxe sur les carburants.

Des "Gilets jaunes" avaient ainsi prévu de converger à Lyon de toute la région. La préfecture du Rhône a dit craindre l'intervention "de groupuscules radicaux et à risques".

Une quarantaine de "gilets jaunes" ont par ailleurs démonté des barrières sur le péage d'Orange-sud (Vaucluse) et laissé passer sans payer les automobilistes.

Des manifestations étaient aussi notamment prévues à Avignon (Vaucluse) et Marseille (Bouches-du-Rhône). A la mi-journée, une source policière faisait état de près de 16.000 manifestants sur tout le territoire hors Paris.

Tensions et menaces

La crise franco-italienne, envenimée par l'ingérence de ministres italiens dans la crise des "Gilets jaunes", et la tentative d'incendie criminel contre la résidence du président de l'Assemblée, Richard Ferrand, dans le Finistère, ont donné une nouvelle coloration à ce 13e samedi de manifestations.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a clairement établi un lien avec le climat de violence qui s'est instauré depuis le début du mouvement des "Gilets jaunes", à la mi-novembre. "Ces dernières semaines, on a vu que près de 70 députés, dans leur domicile, dans leur permanence ont été attaqués", a-t-il déclaré en marge d'une visite à l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante. Il a fait état de menaces contre des parlementaires, "y compris en cherchant à identifier celles et ceux (...) qui ont voté certains textes de loi, comme cette semaine, pour tenter des opérations contre eux".

"C'est une menace à la démocratie même", a-t-il ajouté. "C'est totalement scandaleux, parce que, au fond, (ces parlementaires) ont une légitimité démocratique que n'auront jamais ceux qui veulent atteindre la République." Christophe Castaner a aussi accusé les "principaux leaders" des "Gilets jaunes" de ne pas déclarer les manifestations pour "chercher à gêner les forces de l'ordre".

80.000 policiers mobilisés

A Paris, une manifestation entre les Champs-Elysées et le quartier du Champ-de-Mars avait été déclarée, ainsi que trois rassemblements. Mais un des leaders les plus médiatiques des "Gilets jaunes", Eric Drouet, qui doit être jugé le 15 février pour organisation d'une manifestation non déclarée, a défendu cette semaine sur Facebook ce mode d'action. Les autres chefs de file des "Gilets jaunes" ont de nouveau annoncé des initiatives en ordre dispersé. Maxime Nicolle, qui a fait un saut en Italie vendredi, devait ainsi manifester à la frontière franco-italienne avec des motards partis de Nice.

Le gouvernement a maintenu un dispositif de sécurité similaire à celui des week-ends précédents, selon le ministère de l'Intérieur. Quelque 80.000 policiers et gendarmes, dont 5.000 à Paris, avaient été mobilisés ces derniers samedi