Affaire McKinsey : le recours aux cabinets de conseil est "utile", dans la "majorité des cas", souligne Montchalin

Par latribune.fr  |   |  694  mots
Ce recours au conseil du privé est "habituel et utile", dans la "majorité des cas". (Crédits : BENOIT TESSIER)
"Le recours au cabinet McKinsey malgré les doutes sur sa situation fiscale sont autant d'exemples d'une "opacité" qui renforce "le climat de défiance", note encore la commission d'enquête sénatoriale, à deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle.

Les ministres n'en finissent plus de défiler pour venir justifier l'action du gouvernement sur la désormais "affaire McKinsey". Quelques heures après Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a dépêché deux autres lieutenants de Bercy pour tenter de déminer le dossier des dépenses de conseil des ministères qui ont bénéficié au cabinet américain McKinsey"Aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l'État", a ainsi encore défendu mercredi la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin.

Au coeur de la polémique, un rapport sénatorial publié mi-mars sur les dépenses de conseil des ministères qui ont presque triplé, passant de 379,1 millions d'euros en 2018, à 893,9 millions d'euros en 2021. Mais pour le gouvernement d'Emmanuel Macron, ce recours au conseil du privé est "habituel et utile", dans la "majorité des cas".

A Bercy, où sont employés environ 5.100 personnes, sur site, selon les chiffres du ministère (103.000 fonctionnaires en tout travaillant pour le ministère, selon Le Point), les ministres n'en démordent pas : "Nous ne nous sommes pas dessaisis de nos responsabilités", a affirmé Amélie de Montchalin.

En réponse aux craintes d'une dépendance des pouvoirs publics envers certains cabinets de conseil, la ministre a rappelé que "aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l'État".

5% du chiffre d'affaires de McKinsey France, selon Dussopt

Il n'y a pas non plus d'interdépendance entre les cabinets de conseil et l'État, pour le ministre des Comptes Publics Olivier Dussopt qui a affirmé, lors de la même conférence de presse, que le recours aux cabinets de conseil représentait "0,3% de la masse salariale totale de l'État".

A cela s'ajout le volet fiscal de l'affaire. Le cabinet McKinsey, sous le feu des projecteurs car accusé de ne pas avoir payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020, représente 5% des dépenses de conseil en stratégie de l'État, a détaillé M. Dussopt. Et le gouvernement représente de son côté 5% du chiffre d'affaires de McKinsey, a-t-il ajouté.

"La situation fiscale de McKinsey est protégée par le secret fiscal, nos services ont diligenté une opération de contrôle à la fin de l'année 2021", a affirmé le ministre Dussopt, en se refusant à commenter l'issue ou les conséquences possibles de ce contrôle.

"Il n'y a rien à cacher", a insisté Olivier Dussopt, qui a martelé que l'État avait fait preuve de "transparence" en répondant aux questions de la commission sénatoriale d'enquête sur l'influence croissante des cabinets de conseil privés.

Les compétences en interne

"Toutes les règles de la commande publique ont été respectées", a ajouté Amélie de Montchalin.

Si "l'État assume parfaitement de recourir à des cabinets de conseil dans certaines circonstances", il admet que des améliorations sont nécessaires, selon la ministre.

Une nouvelle doctrine de recours aux consultants a été définie en janvier dernier afin de s'assurer que les services publics ne disposaient pas des compétences en interne avant de recourir aux cabinets de conseil.

Amélie de Montchalin veut "réarmer l'État pour renforcer les compétences internes" et prévoit dès 2022 de "réduire d'au moins 15% le recours aux prestations de conseil externe".

De son côté, la commission d'enquête sénatoriale a estimé après la conférence de presse que le gouvernement continuait de "minimiser l'influence des consultants". Elle souligne que cet exercice de communication gouvernementale dans les locaux de Bercy "à dix jours du premier tour", "n'a pas levé toutes les zones d'ombre".

"Le fiasco de la mission de McKinsey sur l'avenir du métier d'enseignant", "la répartition des contrats pendant la crise sanitaire" ou le recours au cabinet McKinsey malgré les doutes sur sa situation fiscale sont autant d'exemples d'une "opacité" qui renforce "le climat de défiance", déplorent les sénateurs de la commission d'enquête dans un communiqué.

(Avec AFP)