Aides sociales : la polémique sème le trouble dans la majorité

Par latribune.fr  |   |  663  mots
Dans le cadre du séminaire, M. Philippe a annoncé qu'il recevrait, "à la demande du président", "au début du mois de juillet chaque ministre pour faire le bilan de l'avancement de la feuille de route (...), vérifier ce qui a été engagé, étudier la suite (...) pour rendre concret et lisible l'action du gouvernement". (Crédits : Reuters)
Lors d'un séminaire gouvernemental organisé ce mercredi, Édouard Philippe a réfuté tout désaccord avec Gérald Darmanin qui avait déploré qu'il y ait "trop" d'aides sociales et "parfois contradictoires". "La question n'est pas du tout de savoir s'il y a trop ou pas assez d'aides sociales. La question est de savoir si notre modèle fonctionne, s'il est efficace, s'il produit les résultats que nous espérons", selon lui.

Edouard Philippe a démenti mercredi tout désaccord au gouvernement sur une potentielle baisse des aides sociales, une perspective qui continue de faire polémique dans les rangs de l'opposition et suscite des réserves dans la majorité.

Système social jugé "inefficace"

La réforme du système social actuel, jugé "inefficace" par le couple exécutif, a été l'un des sujets abordés lors du séminaire gouvernemental sur la "transformation de l'action publique" qui s'est tenu à l'Élysée à la mi-journée autour d'Emmanuel Macron. Deux semaines après un exercice similaire à Matignon, ce rendez-vous gouvernemental est organisé à quelques semaines du très attendu rapport du Comité Action publique 2022 chargé d'identifier des pistes d'économies dans la dépense publique.

Le gouvernement a prévu de diminuer les dépenses publiques de trois points de PIB sur le quinquennat, soit près de 70 milliards d'euros répartis entre État, Sécurité sociale, assurance chômage et collectivités locales. Signe de la sensibilité du sujet, la publication de ce rapport, initialement prévue pour février, a été à plusieurs reprises reportée et devrait être effective au mois de juin.

Les rumeurs sur les pistes qui seront retenues par l'exécutif se sont-elles multipliées ces dernières semaines, alimentées notamment par un rapport de la direction du Budget proposant de réduire les prestations sociales ? À ce rapport se sont greffées plusieurs déclarations alambiquées qui ont semé la confusion. Le 20 mai, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a évoqué une baisse des aides sociales à l'emploi conditionnée à l'amélioration de la situation du marché du travail pour redresser les finances publiques.

Trois jours plus tard, revendiquant une "sensibilité différente", son collègue de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin avait assuré qu'on ne "touchera pas les prestations socialesdes gens".

Complexité des aides sociales

Gérald Darmanin "a indiqué à juste titre que le foisonnement, la complexité des aides sociales pouvaient devenir un problème", a réagi mercredi Édouard Philippe, démentant tout désaccord au sein de son gouvernement.

Plus globalement, "la question n'est pas de savoir s'il y a trop ou pas assez d'aides sociales, la question c'est de savoir si notre modèle social est efficace, s'il produit les résultats que nous espérons voir se produire, s'il est efficace dans son combat contre la pauvreté", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Dans les rangs de l'opposition, qui dénonce depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron une politique "favorable aux plus riches", la perspective d'une baisse des aides sociales passe mal.

"Il y a la volonté de venir rogner sur les aides des gens qui sont dans la difficulté", a déploré mardi devant la presse le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. "La balance penche toujours du même côté : pour les plus riches, rien n'est assez beau ni assez grand. Pour les autres, c'est toujours trop."

La présidente du Front national, Marine Le Pen, fait quant à elle un lien entre cette thématique et "la politique ultra- libérale et d'austérité qui est imposée par la Commission (européenne) à l'ensemble des pays européens à l'Italie, à la France, avec les résultats électoraux que l'on connaît".

Le sujet fait débat jusqu'au sein du groupe La République en marche (LaRem) de l'Assemblée, où une aile "sociale" commence à se détacher tout en restant pour l'instant solidaire du gouvernement au moment de voter les textes.

"Que le gouvernement travaille sur un système social plus efficace, c'est normal", temporise Pacôme Rupin, député LaRem. "On est tous d'accord pour dire que le système tel qu'il est ne fonctionne pas, qu'il coûte beaucoup trop cher au pays, et donc qu'il faut le transformer". "Pour ceux qui ont besoin des aides sociales, il n'est pas question de les baisser", a-t-il assuré.

(avec agences)