Attal réunit son gouvernement au complet pour fixer les « priorités des prochains mois »

Par latribune.fr  |   |  846  mots
Gabriel Attal (Crédits : BENOIT TESSIER)
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a réuni ce samedi matin l'ensemble de son gouvernement, au complet depuis jeudi, pour définir les « priorités et le calendrier des prochains mois ». Par ailleurs, la leader de la CGT Sophie Binet a appelé le Premier ministre Gabriel Attal à « mettre fin à la répression syndicale » et au « deux poids, deux mesures » avec les agriculteurs, alors qu'un millier de militants CGT sont poursuivis en justice après des actions de terrain.

Deux jours après avoir finalisé dans la douleur le plus long remaniement de l'histoire de la République, Gabriel Attal a réuni ce samedi matin à Matignon l'ensemble des 35 membres qui composent son gouvernement, pour définir les « priorités des prochains mois, le calendrier et la méthode », selon les termes de Matignon, alors que se profilent les élections européennes en juin. L'objectif du séminaire « est d'être dans l'action avec une feuille de route et des ministres au travail », a souligné Matignon.

Un séminaire présenté comme « studieux » par la plupart des ministres qui se sont exprimés sur le sujet. Interrogé jeudi soir sur France 2 sur ses priorités des 100 premiers jours, Gabriel Attal a affirmé qu'il allait « continuer à travailler » sur la crise agricole, à l'approche du Salon de l'agriculture, alors qu'une loi d'orientation est en préparation. Il a aussi évoqué la jeunesse, en souhaitant « au printemps » la publication d'un « guide de bonnes pratiques » sur l'usage des écrans pour les familles ainsi que des « décisions » pour l'école. Il a redit qu'il voulait faire de la « santé mentale » des jeunes une « grande priorité » et qu'il allait « revoir » le dispositif de soutien psychologique qui ne « marche pas ». En matière de santé, il a promis un « service d'accès aux soins » dans tous les départements « d'ici à l'été ». « L'acte II » de la réforme du marché du travail avec une refonte des règles de l'indemnisation du chômage est aussi attendu dans les prochains moisGabriel Attal a également cité le logement, qui traverse une crise profonde, souhaitant « prendre des mesures fortes pour inciter à construire davantage » mais aussi « relancer la demande » en regardant les « questions bancaires ».

Mesures d'économies à définir

Après des propos introductifs du Premier ministre, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, devait faire un point sur la situation économique, tandis que le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné devait s'exprimer sur la situation internationale et les élections européennes de juin.

L'équation budgétaire tourne au casse-tête. Le gouvernement va en effet être obligé de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2024 et par conséquent prendre des mesures d'économies pour compenser des rentrées fiscales moins importantes que prévu et respecter l'objectif de réduction du déficit public. Selon l'Opinion, le gouvernement table désormais sur une croissance de 0,9% cette année et non plus de 1,4% comme prévu dans le budget. Selon les Echos, le gouvernement cherche 10 milliards d'euros d'économies. Un tour de vis sur la dépense publique délicat à la veille des élections européennes. Mais lâcher du lest sur le plan de la rigueur budgétaire pour espérer la clémence des électeurs fait courir le risque d'une dégradation de la note sur la dette de la France, laquelle serait tout aussi désastreuse sur le plan électoral pour le gouvernement.

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La CGT demande à Attal de « mettre fin à la répression syndicale »

La leader de la CGT Sophie Binet a appelé vendredi le Premier ministre à « mettre fin à la répression syndicale » et au « deux poids, deux mesures » avec les agriculteurs, alors qu'un millier de militants CGT sont poursuivis en justice après des actions de terrain.

Face à la mobilisation des agriculteurs ces dernières semaines, le gouvernement a choisi « "d'user de la force avec une grande modération", expliquant qu'"on ne répond pas par la force à ceux qui souffrent" », rappelle Sophie Binet dans un courrier adressé au Premier ministre et consulté par l'AFP. Pourtant, écrit-elle, « des routes ont été bloquées », des « bâtiments publics brûlés » et « des menaces de mort » proférées contre des agents publics.

« La CGT vous appelle donc à la cohérence : 1.000 militants et militantes CGT font l'objet de procédures en justice suite à des actions syndicales qui n'ont occasionné aucun dommage matériel ni aucune atteinte physique », poursuit Sophie Binet, appelant « solennellement » le gouvernement à « mettre fin à ce deux poids deux mesures » et à faire cesser « cette répression anti-syndicale ».

La CGT demande « que des instructions soient données aux parquets et services de police » pour que les mêmes principes s'appliquent aux agriculteurs et syndicalistes, et réclame une « table ronde » pour « faire le point sur les procédures en cours ».

Trois membres du bureau confédéral ont été convoqués devant la justice, souligne-t-elle, et cela a « pour conséquence de décomplexer la répression patronale ».

Elle cite encore divers militants poursuivis pour des coupures d'électricité ou de simples « feux de palettes » et traités comme « des voyous ».

« Ce harcèlement judiciaire ne peut plus durer », plaide-t-elle.  « En utilisant les instruments de la lutte anti-terroriste pour criminaliser les mouvements sociaux, en nous qualifiant parfois d'ailleurs d'"éco-terroristes", votre gouvernement fait tomber des digues et, si par malheur l'extrême droite arrivait au pouvoir, l'ensemble des instruments seraient en place pour mater toute contestation », conclut-elle. (AFP)