Avec 800 postes en moins, Pôle emploi touché de plein fouet par le Budget 2019 (PLF)

Par latribune.fr  |   |  815  mots
Suivant le projet de loi de finance 2019 présenté lundi, le gouvernement demande cette année au ministère du Travail de supprimer 1.618 postes, dont 800 postes à Pôle Emploi, qui devient le service le plus impacté par la réduction des effectifs dans la Fonction publique d’État engagée par le chef de l’État. (Crédits : Reuters)
A l'heure où les réformes de l'assurance-chômage prévoient un suivi accru des chômeurs, le gouvernement fait porter sur l'organisme chargé de l'accompagnement des demandeurs d'emploi une grosse part de la réduction des effectifs dans la Fonction publique prévue cette année. Mais ce n'est pas tout, le ministère du Travail devra aussi supprimer 500 postes à l'Afpa, l'agence nationale pour la formation des adultes, notamment en recherche d'emploi.

Dans sa volonté de réduction du déficit de l'État, le gouvernement avait annoncé en février dernier que, sur la durée du quinquennat, 120.000 postes de fonctionnaires seraient supprimés, dont 50.000 dans la Fonction publique d'État. Mais après à peine 1.500 postes supprimés en 2018, et les 4.164 suppressions supplémentaires actées dans le projet de loi de finance 2019 présenté lundi, pas franchement de quoi laisser croire que l'objectif affiché sera atteint.

Mais il est autre question : celle de la répartition de ces réductions entre les ministères. Sur l'année 2019, c'est clairement le ministère du Travail qui voit son budget sérieusement rogner et qui va devoir absorber l'essentiel de l'impact. Avec des crédits alloués de 12,23 milliards d'euros en 2019, soit une baisse de 2,1 milliards d'euros à périmètre constant, il lui est demandé de supprimer à lui seul 1.618 postes, dont 800 postes à Pôle Emploi et 550 postes à l'Agence nationale pour la formation (Afpa).

Le manque de productivité des agents de Pôle emploi pointé du doigt

Pôle Emploi, qui compte environ 50.000 salariés, assumera donc la majeure partie de cette baisse des effectifs demandée par le gouvernement, ceci à l'heure où les réformes de l'assurance-chômage prévoient un suivi accru des chômeurs.

Le ministère veut miser sur une augmentation de "la productivité" des agents et un meilleur accompagnement des demandeurs d'emploi avec la "digitalisation" des processus, explique un membre du cabinet de la ministre du Travail qui précise que cela ne "va pas être facile", mais que ce "n'est pas impossible".

Ce chiffre doit toutefois encore être discuté avec les partenaires sociaux dans le cadre de la prochaine convention tripartite État-Unedic-Pôle Emploi.

Ajuster les effectifs à la conjoncture économique

Le ministère ajoute que l'idée de faire varier les effectifs de Pôle Emploi en fonction de la conjoncture est toujours "sur la table". Une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) doit rendre un rapport sur le sujet dans les premières semaines du mois d'octobre, explique-t-on.

Le directeur général de Pôle Emploi, Jean Bassères, avait déclaré lors d'une convention qu'il y aurait 4.000 suppressions de postes d'ici trois ans, selon un article du Journal du Dimanche (JDD) publié en mai.

Suppression des contrats aidés, mesure coûteuse et inefficace

Les principales baisses des crédits alloués au ministère du Travail s'expliquent par ailleurs par la suppression de l'aide temporaire à l'embauche pour les PME qui avait été introduite en 2016 (-1 milliard d'euros) ainsi que par la baisse du nombre de contrats aidés financés en 2019 (-850 millions d'euros).

Ces contrats, rebaptisés "parcours emplois compétences" (PEC), ont perdu de leur popularité depuis qu'ils sont assortis pour l'employeur d'obligations de suivi et de formation des salariés. Seuls 80.000 "parcours emplois compétences" (PEC) ont été signés entre le 1er janvier et la fin du mois d'août, soit moins de la moitié du nombre qui avait été budgété sur l'année (200.000). Selon le ministère, 150.000 PEC au total seront conclus d'ici la fin de l'année, dont 30.000 qui seront financés par l'Éducation nationale.

Contrats aidés cache-misère : l'actuel gouvernement fustige le précédent

"Ils n'ont pas décollé", dit-on au ministère. "Il y a beaucoup de structures (...) qui considèrent que c'est trop de contraintes par rapport à ce que ça rapporte."

"Ce qui montre bien qu'on était plus dans une logique de subvention de l'emploi et pas du tout dans une logique d'investissement à long terme pour permettre au personnes ensuite de voler de leurs propres ailes", ajoute cette source.

L'exécutif actuel a critiqué l'utilisation faite des contrats aidés par le précédent gouvernement sous François Hollande, estimant que ces contrats avaient surtout servi d'instrument pour améliorer les chiffres de l'emploi. Pour autant, il ne met pas fin brutalement au procédé, prévoyant, en 2019, de financer encore 130.000 "parcours emplois compétences" (PEC).

Pour l'exercice 2019, les réductions d'effectifs ont en partie filtré ces dernières semaines: "autour de 2.000" postes vont être supprimés dans les ministères économiques et financiers, 1.800 à l'Éducation nationale.

La DGFIP décroche la palme du service le plus touché

Quelque 2.130 emplois devraient aussi disparaître à la direction générale des finances publiques (DGFIP) selon les syndicats. Des suppressions d'emplois légèrement minorées par les 250 postes créés aux douanes en raison du Brexit.

Depuis dix ans, la DGFIP est l'un des principaux contributeurs aux allègements d'effectifs: elle compte "plus de 103.000 agents"  en 2018, soit "20.000 de moins qu'en 2008", d'après un rapport de la Cour des comptes paru en juin.

"Une fois de plus, la DGFIP est l'administration la plus touchée", déplore Solidaires finances publiques (premier syndicat représentatif), qui chiffre même les "suppressions d'emplois" à "38.000 depuis 2002".