Bercy prévoit une baisse des dépenses de l'Etat en 2024, une première depuis huit ans

Par latribune.fr  |   |  523  mots
Bercy assure par ailleurs que sept milliards d'euros supplémentaires seront dédiés à la planification écologique. (Crédits : Reuters)
L'Etat va fermer les robinets d'aides ouverts il y a moins de deux ans pour protéger les particuliers et les entreprises de la flambée des prix de l'énergie. Le lourd endettement de la France la range parmi les mauvais élèves européens et pourrait compliquer à terme sa capacité d'emprunt sur les marchés.

Après avoir franchi les 3.000 milliards d'euros de dette, l'Etat français est au pied du mur. A cela s'ajoute une croissance finalement poussive pour 2023, à +0,6%, selon l'Insee, réduisant l'espoir de l'Etat de réduire son déficit public. Résultat, c'est bien vers l'arrêt de la période du « quoi qu'il en coûte », démarrée pour le Covid et prolongée avec la guerre en Ukraine, qui se confirme en France. A la clé, et pour la première fois depuis 2015, une baisse des dépenses de l'Etat, hors intérêts de la dette, selon Bercy.

Cette première inversion de tendance sera due grâce à l'arrêt des boucliers tarifaires de l'énergie, d'après un document préparatoire du budget publié dimanche par Bercy, selon le ministère.

Les crédits accordés aux différentes missions de l'Etat pour 2024 atteignent 356 milliards d'euros, en baisse de 4,8 milliards d'euros par rapport à 2023, selon ce document, la fin progressive des boucliers tarifaires pour le gaz et l'électricité expliquant ce repli.

La fin des boucliers énergies

Les dépenses allouées au programme du « service public de l'énergie », qui regroupe les boucliers énergétiques et l'indemnité exceptionnelle carburant passent de 21,7 milliards d'euros à 7,7 milliards d'euros, soit une économie de 14 milliards, selon le « plafonds de dépenses du projet de loi de Finances 2024 » transmis dimanche au Parlement.

Le ministère de l'Economie voit aussi son plafond de dépenses baisser de plus de trois milliards d'euros avec la fin du guichet d'accompagnement pour les entreprises très consommatrices d'énergies.

Réduire le déficit

Des économies sont aussi permises par la baisse du chômage, avec le moindre recours aux contrats aidés des entreprises ou sur le logement avec la suppression du dispositif Pinel et la refonte du Prêt à taux zéro annoncées en juin.

Le gouvernement s'est fixé pour objectif de réduire à 108,3% du Produit intérieur brut en 2027 (contre 111,6% fin 2022) le lourd endettement de la France qui la range parmi les mauvais élèves européens et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).

La France n'était pas passée loin d'une dégradation de sa note par l'agence Standard's & Poor mais l'agence Fitch l'a déjà abaissé.

Parmi les ministères les mieux lotis, l'Education nationale voit ses crédits passer à 64,2 milliards d'euros, soit 3,9 milliards d'euros en plus, et le plafond prévisionnel pour la Défense est augmenté de 3,3 milliards d'euros à 47,2 milliards d'euros.

La hausse des dépenses pour l'armée va être consacrée aux armements et à la revalorisation des salaires, selon Bercy.

Les missions concernant le ministère de l'Intérieur et de la Justice sont elles aussi revalorisées.

Bercy assure par ailleurs que sept milliards d'euros supplémentaires seront dédiés à la planification écologique.

La mission « écologie, développement et mobilité durables » augmente de 2,3 milliards d'euros  et des actions sont prévues pour la rénovation énergétique des logements, de la mobilité plus propre ou encore via la reconduction du "fonds vert" tourné vers les collectivités.

(Avec AFP)