Dette : la peur d'une mauvaise note

C'est ce vendredi, probablement tard dans la journée, après la clôture de la Bourse de Wall Street, que l'agence financière de notation américaine Standard and Poor's livrera son verdict sur la santé économique de la France. L'exécutif craint une dégradation de la note de la France, ce qui, après celle déjà enregistrée fin avril par Fitch, serait un sacré coup de massue. Car cela risquerait d'entamer la confiance que les investisseurs ont dans notre économie, et très concrètement d'augmenter les taux auxquels la France emprunte sur les marchés. Depuis plusieurs jours, l'exécutif s'active en coulisses pour éviter le pire.
Fanny Guinochet
Bruno Le Maire
Bruno Le Maire (Crédits : KEN CEDENO)

En façade, tout va bien. Et surtout, tout va bien se passer. L'économie française résiste bien, répète le gouvernement à l'envie. Alors que l'Allemagne entre en récession, la croissance tricolore reste positive. L'Hexagone attire les entrepreneurs, il se réindustrialise comme le montre encore cette semaine l'ouverture d'une gigafactory de batteries dans le Nord, le taux de chômage reste stable ... Même les chiffres de l'inflation, publiés mercredi 31 mai, augurent des jours meilleurs, puisque, selon l'Insee, la hausse des prix atteint 5,1 % sur un an, après 5,9% le mois précédent. Le fameux « pic » semble derrière nous.

Pourtant, le gouvernement n'est pas serein. Depuis la dégradation en avril dernier de la note de la France par l'agence Fitch, en raison des fortes tensions sociales liées à la réforme des retraites, l'exécutif retient son souffle et vit sous pression. Derrière le discours officiel que livre Bercy, qui se veut serein et détaché -  « on ne mène pas une politique en fonction des agences de notation »-, le gouvernement s'active comme il peut, pour éviter une nouvelle dégradation de sa note.

Donner des gages

« La dégradation de la note Fitch a été un véritable coup de semonce au sein de la macronie, le président de la République était furieux », raconte un visiteur du soir du Palais de l'Elysée. Et d'ajouter : « Lui, l'ancien banquier d'affaires, l'ex ministre de l'Economie, reconnu pour ses prouesses en matière de business, se prenait un revers.... ce n'était pas possible. »

Aussi, depuis quelques semaines, encore plus qu'à l'accoutumée, le gouvernement prend-t-il des mesures pour rassurer les agences de notation, pour éviter que l'épisode ne se répète à quelques semaines d'intervalles.

Très concrètement, tous les ministres ont, par exemple, été invités à revoir leurs dépenses et à les réduire de 5%. « Il s'agit de trouver des marges pour financer la transition écologique .... mais pas que, explique un conseiller ministériel. On veut montrer que l'on ne creusera pas la dette et que l'on est sérieux en termes de budget ».

De la même façon, la semaine dernière, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a proposé d'augmenter de 1% le gel de la réserve habituelle de crédits - en plus des 5 % classiquement prévus. Histoire de souligner, - là aussi aux agences qui nous observent- que la France prend les devants, et adopte une politique de précaution budgétaire en cas d'aléas économiques.

Des rencontres au plus haut niveau

Bruno Le Maire a aussi rencontré, il y a une dizaine de jours, les représentants de Standard & Poor's. Objectif : les convaincre de la capacité de la France à rembourser sa dette, et à mener les réformes. Si ces rencontres sont assez classiques, elles ne sont pas toujours menées par le ministre lui-même... c'est plus souvent le fait des directeurs de cabinet, des directeurs d'administration...

Mais, étant donné l'enjeu, Bruno Le Maire a tenu à être présent pour ces échanges.  L'occasion pour le locataire de Bercy, de rappeler la détermination de la France à réduire son train de vie, à ramener son déficit en dessous des 3 % d'ici à 2027, et à se désendetter.

Bruno Le Maire a aussi assuré à ses interlocuteurs toute la détermination du gouvernement d'Emmanuel Macron à mener des réformes, même impopulaires, pour rétablir les comptes publics. Après celle des retraites qui repousse l'âge légal de 62 à 64 ans, le gouvernement prépare une loi Plein emploi - qui modifie les règles du RSA-, un texte pour créer France Travail, à la place de Pôle emploi, une loi immigration, dont un volet s'attaquera aux métiers en tensions...

Des échanges, dont la première ministre en personne, s'est d'ailleurs fait l'écho dans la presse. Là aussi, pour montrer son volontarisme face au rétablissement des finances publiques.

En coulisses, pourtant, devant quelques journalistes, il y a encore quelques semaines - avant le rendu de l'agence Fitch-, la première Ministre évoquait son inquiétude concernant la sentence des agences... et les conclusions qui peuvent en découler. Elisabeth Borne ne cachait pas sa crainte d'un scénario proche de celui que la Grèce a rencontré en 2008.

L'économie française plombée par son fardeau de la dette

Si le gouvernement est aussi pro-actif, c'est parce qu'il ne cesse de le rappeler : la France ne peut continuer à avoir une dette qui frôle les 3.000 milliards d'euros et dépasse les 110 % de notre PIB, avec, surtout, une charge - autrement dit, les intérêts- qui ne cesse de croître. « Nous serons intraitables sur le rétablissement de nos finances publiques, sur la réduction des déficits et sur l'accélération de la réduction de la dette », a encore martelé ces derniers jours à différents micros, Bruno Le Maire.

Aujourd'hui, la charge de la dette publique tricolore dépasse les 40 milliards d'euros, et selon les estimations du gouvernement, ce sera plus de 70 milliards d'euros d'ici à 4 ans.... Soit le premier budget de l'Etat devant l'Education nationale ! De fait, si demain, la note de la France était encore abaissée, le risque de voir les taux d'intérêt augmenter se rapprocherait.  Et cette charge serait encore plus importante à l'avenir. « Il en va de notre souveraineté », assure encore Bruno Le Maire, qui s'est engagé à mener une revue des dépenses publiques.

Une revue des politiques publiques

Tous les postes sont passés au crible pour identifier les économies possibles. Les premières conclusions de ce travail seront présentées le 19 juin prochain. Bercy entend aussi retrouver des marges de manœuvre avec la fin du bouclier tarifaire et du quoi qu'il en coûte, ou encore la croissance.

Mais ces paris sont risqués. Et si d'aventure, malgré ces efforts, la note de la France était encore dégradée ce vendredi soir...les éléments de langage sont déjà quasiment prêts : « Regardez les conclusions de Fitch ... Elles n'ont pas changé grand-chose, les taux d'emprunt de notre dette n'ont pas explosé », assure un conseiller.

Ou encore, selon les dires d'un autre : « Et puis, dans 6 mois, il y aura d'autres conclusions rendues par Standard & Poor's. ».. Sous-entendu, la session de rattrapage sera vite là... Pas sûr, toutefois, que les investisseurs l'entendent ainsi.

Fanny Guinochet
Commentaires 32
à écrit le 02/06/2023 à 19:25
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A n'en pas douter la France est un pays indépendant des USA...La seule question c'est: mais que va donner notre pays pour ne pas descendre d'un cran ? Dassault ?

le 02/06/2023 à 22:45
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"la France est un pays indépendant des USA" Yes, you are an immense provocateur !!!

à écrit le 02/06/2023 à 17:26
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bien ce que l'on pense l'executif a bouffe la caisse felicitation moi si je travaille comme cela on m'ouvre la porte au grand large et on me remercie en terme cavalier on me fout dehors et vous pensez tenir encore comme cela 4 ans ? VOU PLAISANTE...

à écrit le 02/06/2023 à 15:52
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On ne peut pas à la fois tout faire pour bloquer les réformes économiques, ne pas vouloir travailler plus et partir à la retraite à 60 ans, et se plaindre ensuite de payer trop d'impôts et d'avoir un Etat trop endetté : ce ne sont que les deux faces ...

le 02/06/2023 à 20:47
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"ne pas vouloir travailler plus et partir à la retraite à 60 ans" La retraite à 60 ans c'était il y a 13 ans déjà pour le moment c'est 62 ans.

à écrit le 02/06/2023 à 13:23
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Nono président !

à écrit le 02/06/2023 à 10:46
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Plus on est endettés, et plus on est vulnérables aux notes des agences financières de notation.

à écrit le 02/06/2023 à 10:35
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vu l'etat de la france, la note est largement trop elevee, la fr'ance n'a aucune capacite de remboursement, donc quand les taux vont remonter ca va faire tres tres mal, a 10 ans, c'est a peu pres la duration des oat

à écrit le 02/06/2023 à 9:45
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c est surement pour ca qu il va utiliser l egrnent de l etat pour sauver les promoteurs pris en defaut par la chute du marche immobilier. Faudrait quand meme pas les laisser faire faillite et que les prix baissent trop ...

à écrit le 02/06/2023 à 8:58
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On agite des conséquences pour en faire les causes de nouvelles contraintes ! ;-)

à écrit le 02/06/2023 à 8:55
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Lorsque on travaille mal on a une mauvaise note. Depuis 50 ans les gouvernements successifs n'ont fait que creuser la dette du pays sans faire la moindre réorganisation de l'état pour plus efficience. On a que se l'on mérite.

le 02/06/2023 à 10:15
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Et le peuple a bien profite.

le 02/06/2023 à 16:16
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Il faudrait donner une note aux donneurs d'ordre. C'est bien le peuple qui demande et qui ne vote que pour ceux qui lui promettent toujours les lendemains qui chantent sans aucun effort en contrepartie, car le peuple n'aime pas l'effort. Il ne vote q...

à écrit le 02/06/2023 à 8:04
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800 milliards de dette supplémentaire, le record absolu, il s'attendait à quoi !? Bref...

à écrit le 02/06/2023 à 6:44
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Bonjour, aux lieux de ce faire des propositions pour saugegarder la note économique de la france... nous aurions du commencer a rembourser la dette , un peux chaque année... arrêt de vivre au dessus de nos moyens ...bien sur ils ne faut pas le dire....

à écrit le 02/06/2023 à 0:02
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1. La France est un pays socialiste depuis 42 ans. Record des dépenses publiques avec des resultats desastreux (tous les pays voisins qui ont moins de fonctionnaires et moins de dépenses sociales se portent mieux que nous). 2. Malgré cette situatio...

le 02/06/2023 à 10:23
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Quels nouveaux impôts ? Depuis 2017 il n'y a eu que des baisses : IRPP - PFU - Taxe habitation.

le 02/06/2023 à 10:42
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@marc469 Soit on est très riche et on ne remarque pas les hausses, soit on est très pauvre et on ne paie aucun impôt. Sinon, pour la culture générale, on peut lire, par exemple, cet article: "Couvrez ces impôts qu’on ne saurait voir", c'est en ligne...

le 02/06/2023 à 15:20
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Pour faire des économies durables, il faut réduire la population, mais les premiers dont il conviendrait de se débarrasser en premier en vertu de la loi de Pareto sont justement les électeurs-consommateurs papillonant entre gauche et droite au gré de...

à écrit le 01/06/2023 à 23:34
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J'espère que la note sera sévère, raz le bol de cette fuite en avant économique de la France

le 02/06/2023 à 3:29
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@Charlie. Vous ne realisez pas ce que vous ecrivez. Des lors qu'il y a regression les taux augmentent et in fine tout coute de + en + cher. C'est vous tous qui allez souffrir. Lemaire se moque de vos etats d'ames, puisqu'il vit a vos crochets.

à écrit le 01/06/2023 à 22:13
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Les ultra-libéraux se frottent les mains ! Après avoir imposer de force leurs recettes, le plat se révèle indigeste. Une certitude: ils braqueront la banque et déplumeront le reste.

à écrit le 01/06/2023 à 20:40
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"Même les chiffres de l'inflation, publiés mercredi 31 mai, augurent des jours meilleurs, puisque, selon l'Insee, la hausse des prix atteint 5,1 % sur un an, après 5,9% le mois précédent". Ô le gag les mythos!!! Une équation de inflation qui ne tient...

le 02/06/2023 à 10:21
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Informez vous sur le détail de calcul de l'INSEE.

le 02/06/2023 à 15:11
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@marc469. Comme l'inflation en France est calculée par l'Insee via son => indice propre des prix à la consommation (IPC) <= et sachant que ce dernier tient compte d'une moyenne selon un panier bien défini, nous caressons ainsi l'ordre de l'aléatoire....

à écrit le 01/06/2023 à 20:14
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Mon bruno a encore sévit cette semaine, fidèle à lui-m^me, l' homme a l' égo ..dilaté lâche au plus fort de lui-même Sa déclaration de la semaine « 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90% de gaz à effet de serre en moi...

le 02/06/2023 à 9:28
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"Mon Bruno..." leger parfum des Deschiens. Epoque ou la France pouvait encore rire.

à écrit le 01/06/2023 à 19:50
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L' hexagone se réindustrialise qui a perdu 15 points de surface industrielle depuis Maastricht en 92,! on croit rêver. Inexistantes avant le traité de Maastricht en 1992, les délocalisations ont explosé sous l’effet de la libre circ...

le 01/06/2023 à 20:45
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Cette politique a surtout été voulue par des électeurs évoluant en marché protégé ou bien assez près de la retraite pour gagner sur les deux tableaux. C'est d'ailleurs bien pour ça qu'il n'y a plus guère que des inactifs retraités pour continuer à vo...

le 02/06/2023 à 0:07
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Le problème n'est pas la libre circulation qui regarde tous les pays de l'UE. Tous les autres pays s'en sortent bcp mieux que nous du point de vue du commerce exterieur. Le problème de la France est notre manque de compétitivité face aux pays voisins...

à écrit le 01/06/2023 à 18:48
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Qui donnerait son porte-feuille à Bruno pour qu’il le gère? Vous avez la réponse à vos interrogations (et à nos problèmes)..

le 01/06/2023 à 20:36
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C'est exactement ça...

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