Budget : le gouvernement va présenter son projet dans un climat social tendu

Par Grégoire Normand  |   |  832  mots
Manifestation des avocats contre la réforme des retraites le lundi 16 septembre. (Crédits : Reuters)
Retraites, "gilets jaunes", climat... alors que le gouvernement s'apprête à annoncer des mesures d'économies pour financer la baisse de la fiscalité des ménages et des entreprises, les foyers de contestation s'amplifient.

[Article mis à jour à 16 heures le 24/09]

Réformes des retraites, urgences hospitalières, mesures "gilets jaunes", financement de la transition écologique... les dossiers chauds se multiplient pour Emmanuel Macron en ce début d'automne. Alors que le gouvernement doit présenter son projet de loi de finances vendredi 27 septembre prochain, les foyers de contestation pourraient à nouveau déstabiliser la rentrée parlementaire après un premier semestre mouvementé.

De plus, la plupart des instituts de statistiques ont prévu une forte baisse de la croissance pour les deux années à venir. Ainsi, la Banque de France anticipe une croissance du PIB de 1,3% en 2019 et 2020 contre 1,7% en 2018 rendant l'équation budgétaire encore plus difficile que prévu. Pour les fonctionnaires de Bercy qui ont fait chauffer leur calculatrice tout l'été, la dégradation de la conjoncture est un mauvais signal pour les finances publiques même si l'Etat pourrait profiter de la poursuite des taux bas en 2020.

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Mobilisation contre la réforme des retraites

La CGT a appelé à manifester ce mardi contre la réforme des retraites du gouvernement programmée pour l'été 2020. La confédération s'oppose notamment au système de retraite par points et exige la reconnaissance de la pénibilité au travail avec un possible aménagement pour les salariés concernés. Cette mobilisation fait suite au mouvement de contestation du week-end dernier porté entre autres par Force ouvrière. Le syndicat présidé par Yves Veyrier en a profité pour rappelé également son opposition au régime universel par points "qui à l'évidence conduira à un recul des droits". Depuis le début du mois de septembre, de nombreuses professions ont signalé leur mécontentement lié aux craintes de voir leur pension diminuer dans les années à venir. Si les foyers de protestation restent disséminés pour l'instant, la tâche pourrait s'avérer périlleuse pour le gouvernement d'Edouard Philippe si les mouvements de lutte convergent.

De son côté, le président de la République a prévu de faire un déplacement à Rodez avec le commissaire Jean-Paul Delevoye pour un débat sur le thème des retraites. Le chef de l'Etat a prévu une rencontre avec 500 lecteurs du journal La Dépêche qui rappelle le format des discussions menées lors du grand Débat au printemps. Le commissaire a promis que des simulateurs individuels seraient mis en place pour mesurer les conséquences de la réforme et tenter de déminer le terrain.

Des niches dans le viseur du gouvernement

Ce lundi 23 septembre, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait annoncé la suppression d'un avantage accordé spécifiquement aux personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient une personne à domicile. Face aux critiques suscitées par ces annonces, le gouvernement a finalement renoncé au projet de suppression de cette exonération . "J'ai demandé à la ministre du Travail de renoncer à cette mesure", a indiqué Édouard Philippe devant l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement. "Je veux donc rassurer les professionnels et les employeurs : ces mesures n'entreront pas en vigueur", a-t-il ajouté. A la recherche d'économies pour financer certaines mesures, la suppression de cette niche devait permettre de dégager autour de 300 millions d'euros.

Outre cette niche pour les personnes âgées, le gouvernement prévoit de revoir l'exonération partielle de taxe sur le gazole non-routier (GNR) qui avait suscité de vives critiques dans le secteur des transports et celui du bâtiment. L'agriculture et les transports ferroviaires ne seraient pas concernés. La semaine dernière, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a a expliqué sur l'antenne de France Info que "la mesure qui est annoncée implique une augmentation de 2 centimes par litre de gazole à la pompe; cette augmentation sera répercutée en pied de facture, c'est-à-dire que les transporteurs routiers ne la subiront pas, c'est le client qui la paiera".

Le patronat inquiet

De son côté, le patronat a déjà fait part de son inquiétude. Dans un communiqué publié au milieu de l'été, la confédération des PME estime que pour le budget, "les entreprises ont déjà donné [...] L'augmentation de la fiscalité sur le gazole, la suppression progressive du GNR, représentent déjà un lourd tribut pour les entreprises. Il est maintenant temps de cesser de considérer l'entreprise comme unique variable d'ajustement budgétaire et de la considérer pour ce qu'elle est, le moteur de la croissance et de l'emploi".

Par ailleurs, la trajectoire de la baisse d'impôt sur les sociétés doit être modifiée pour les grands groupes. L'impôt sur les sociétés devait ainsi être progressivement réduit pour atteindre 25% en 2022 pour toutes les entreprises, avec une première étape à 28% l'an prochain. Finalement, les grandes entreprises (au chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros) verront leur taux passer seulement de 33,3% à 31%.