Castex dégaine une "indemnité inflation" de 100 euros pour 38 millions de Français

Par latribune.fr  |   |  933  mots
Le Premier ministre a dévoilé la mise en place d'une "indemnité inflation" de 100 euros versée de manière automatique à tous les Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois. (Crédits : Reuters)
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce jeudi qu'une "indemnité inflation" exceptionnelle de 100 euros serait versée aux Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois afin de les aider à faire face à la hausse des prix, de l'essence notamment. Cette indemnité concernera 38 millions de bénéficiaires. Jean Castex a par ailleurs annoncé le blocage du prix du gaz, non pas jusqu'en avril 2022 comme il l'avait annoncé il y a trois semaines, mais tout au long de l'année 2022. Il a par ailleurs confirmé les prévisions de hausse du pouvoir d'achat en 2021.

Pour éviter la grogne des Français face à la flambée des prix et de l'essence en particulier, le gouvernement a tranché pour une solution simple et "qui se voit", selon l'expression de Jean Castex, venu présenté de nouvelles mesures ce jeudi au 20H de TF1. Pas de "chèque essence" ou de baisse de la fiscalité sur les carburants comme les observateurs le prédisaient, mais une approche plus large pour compenser non seulement les prix de l'énergie, mais aussi ceux "des matières premières ou des "denrées alimentaires", alors que l'inflation pourrait durer jusqu'à fin 2022, selon le ministre des Finances, Bruno Le Maire.

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Le Premier ministre a ainsi dévoilé la mise en place d'une "indemnité inflation" de 100 euros versée de manière automatique à tous les Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois. 38 millions de bénéficiaires seront concernés et les premiers versements seront effectués à partir de fin décembre. La facture totale de cette mesure s'élèvera donc à 3,8 milliards d'euros. Un milliard d'euros sera financé par les recettes supplémentaires de TVA liées à la hausse des prix du carburant. Le reste sera tiré du budget général de l'Etat. Il faudra faire des économies ailleurs puisque le Premier ministre a assuré que la France tiendrait l'an prochain son engagement de diminuer le déficit public de 5%.

"Nous tiendrons cet objectif. Il nous appartient dans le cadre du budget général de financer cette indemnité", a-t-il dit.

Blocage du prix du gaz toute l'année 2022

Cette mesure s'ajoute au "bouclier tarifaire" annoncé le 30 septembre dernier pour bloquer le prix du gaz jusqu'en avril et limiter la hausse du prix de l'électricité à 4% en février prochain. Pour autant, le prix du gaz en France sera bloqué "tout le long de l'année 2022", a expliqué Jean-Castex car les experts "disent que vraisemblablement la décrue" des prix "sera plus lente" que prévu.

Le chef du gouvernement a, par ailleurs, confirmé sa prévision de hausse du pouvoir d'achat des Français en 2021. Fin septembre, il avait assuré qu'il devrait progresser de 1,5% à 2%. La reprise économique et la montée des prix de l'énergie a remis en effet sur le devant de la scène la question brûlante du pouvoir d'achat. De la gauche radicale à l'extrême droite, la plupart des candidats à la présidentielle ont fait des propositions ces dernières semaines.

Des hausses de salaires et du Smic ont été annoncées, mais aussi, pêle-mêle, primes, création d'un revenu de base, baisse des taxes sur les prix des carburants, sur ceux de l'énergie dans leur ensemble, voire blocage des tarifs. A six mois du scrutin, le dossier du pouvoir d'achat devient crucial pour la Macronie, toujours hantée par la crise des Gilets jaunes il y a trois ans.

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LES RÉACTIONS AUX ANNONCES

- Damien Abad (président du groupe LR à l'Assemblée nationale), sur Twitter: "Acheter la paix sociale avec des chèques cadeaux, c'est bien. S'attaquer aux causes de la hausse des prix du carburant, gaz, électricité, alimentation, c'est mieux. Gouverner ce n'est pas faire des chèques à crédit, c'est apporter des solutions durables."

- Julien Bayou (secrétaire national EELV), sur Twitter: "Trop peu, trop tard, dans la plus grande des improvisations, et aucune solution de moyen terme pour limiter la dépendance à la voiture. Urgence d'investir enfin dans les transports en commun et la rénovation thermique pour limiter les factures d'essence et d'énergie."

- Christophe Castaner (patron des députés LREM), sur Twitter: "Une mesure rapide et efficace pour préserver le pouvoir d'achat des Français. Ce sont 38 millions de concernés: les Français qui gagnent moins de 2.000 euros par mois. Les députés LREM seront mobilisés pour concrétiser cet engagement !"

- Eric Ciotti (candidat à l'investiture LR), sur Twitter: "La politique du chéquier grand ouvert du gouvernement le temps d'une parenthèse électorale ne règlera rien. Pour les Français impactés par la hausse des prix du carburant je propose la seule mesure durable et juste: la suppression de la TVA sur les taxes sur les carburants."

- Mathilde Panot (présidente du groupe de députés LFI à l'Assemblée nationale), sur Twitter: "Des milliards pour les riches, des miettes pour le peuple ! Incapable d'assumer ses responsabilités, Castex refuse de bloquer les prix des carburants et d'augmenter les salaires. Il faut une loi d'état d'urgence sociale dans le pays et vite !"

- Marine Le Pen (candidate du RN à la présidentielle), dans un communiqué, réclame une nouvelle fois "la baisse de la TVA de 20 à 5,5%", "une mesure pour le pouvoir d'achat, mais aussi de justice sociale. Il s'agit de la solution la plus rapide, la plus efficace et la plus juste pour rendre leur argent aux Français."

- Bruno Retailleau (président groupe LR au Sénat), sur Twitter: "Le chèque inflation ne règle rien. C'est un nouveau chèque en bois financé par la dette. Avec le bouclier énergie c'est 9 Mds€.

- Fabien Roussel (candidat communiste à la présidentielle), sur Twitter: "Une mesure qui soulagera un peu les Français mais le compte n'y est pas ! Des trous dans la raquette, du court terme et pas touche aux profits des compagnies pétrolières. Les Français veulent une baisse durable des prix, la hausse des salaires et des retraites."

(avec AFP)