"Ce n'est pas en bridant l'auto-entrepreneur que l'on sortira de la crise "

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  502  mots
Pour Hervé Novelli, "on ne peut pas revenir comme ça sur un dispositif qui permet à plus d'un million de personnes d'arrondir ses fins de mois, de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale pour tester une idée, une innovation ou simplement pour sortir du chômage "
Dans un entretien accordé à La Tribune, Hervé Novelli, l'ancien ministre des PME de Nicolas Sarkozy et créateur du régime de l'auto-entrepreneur revient sur les propos récents de l'ex-président de la République. Sur France Info, Nicolas Sarkozy avait déclaré que ce régime était un "caillou" dans sa chaussure.

Coup de tonnerre sur les ondes radiophoniques. Le 13 mars, sur l'antenne de France Info, Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, déclarait nécessaire de modifier le régime de l'auto-entrepreneur. "C'est un caillou dans ma chaussure. On a un problème de concurrence déloyale entre l'auto-entrepreneur qui n'a pas d'obligation et l'artisan ". Dans la foulée, la Fédération des auto-entrepreneurs (FEDAE) et l'Union des auto-entrepreneurs (UAE) lancent une pétition en ligne, l'Appel des cailloux. Une pétition qu'Hervé Novelli, l'ancien ministre des PME, fondateur du régime de l'auto-entrepreneur en 2009, fut le premier à signer. En colère, il explique les raisons de cet engagement.

La Tribune - Avez-vous été surpris par les attaques de Nicolas Sarkozy contre le régime de l'auto-entrepreneur ?

Hervé Novelli - J'ai été surpris et déçu. Si ma mémoire est bonne, c'est bien lui qui a validé mon projet de créer le régime de l'auto-entrepreneur en 2008, avant son entre en vigueur en 2009. Ce dispositif fut l'un des symboles du fameux « travailler plus pour gagner plus » scandé lors de la campagne présidentielle 2007 par Nicolas Sarkozy.

Comment expliquez-vous ces critiques ?

Il faudrait lui demander ! Je note toutefois qu'il a ensuite édulcoré ses propos. Cette marche arrière s'explique peut-être par le succès de notre Appel des cailloux. Cette pétition a été signée par plus de 10.000 personnes en quelques jours.

On ne peut pas revenir comme ça sur un dispositif qui permet à plus d'un million de personnes d'arrondir ses fins de mois, de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale pour tester une idée, une innovation ou simplement pour sortir du chômage. La concurrence déloyale évoquée par l'ancien président de la République est un sujet daté. Ce n'est pas en entravant les libertés offertes par ce régime, en le bridant, que l'on sortira l'économie française de la crise.

Cette concurrence déloyale entre les auto-entrepreneurs et les artisans est-elle réellement un mythe ?

La première version du dispositif avait quelques défauts qui ont été ensuite corrigés. Les auto-entrepreneurs doivent désormais des obligations administratives et légales qui empêchent toute concurrence déloyale. On peut citer l'obligation de s'immatriculer au registre des métiers, la nécessité de participer à des stages et d'être formé professionnellement. Ce n'est pas l'anarchie !

Le régime de l'auto-entrepreneur peut-il être encore amélioré ?

Je le pense. Il faudrait que les différentes structures de l'entreprise individuelle puissent bénéficier des mêmes avantages que l'auto-entrepreneur, notamment dans le domaine de la simplification administrative. C'est le seul sujet qui vaille. C'est ce sujet dont devrait s'emparer Nicolas Sarkozy. La révolution numérique, la mondialisation ont fait exploser les modèles entrepreneuriaux. Le régime de l'auto-entrepreneur a l'énorme mérite d'offrir aux Français la possibilité de s'adapter et de profiter des opportunités qu'offre le monde qui nous entoure. Ne sacrifions pas cet atout.