Classes moyennes : Emmanuel Macron veut baisser les impôts de 2 milliards d’euros

Par latribune.fr  |   |  675  mots
(Crédits : Reuters)
Moins d'un mois après sa dernière intervention télévisée, le chef de l'Etat a profité du sommet Choose France et des annonces d'investissements dans l'Hexagone pour tenter de donner une nouvelle dynamique à son quinquennat. Pour tourner la page de la crise sociale provoquée par la réforme des retraites, le président de la République a promis lundi soir des baisses d'impôts durant son second quinquennat sans donner de dates précises, et surtout, « quand la trajectoire budgétaire le permettra.»

Il faut plusieurs bonnes nouvelles pour pouvoir tourner la page d'une période difficile. Profitant des 13 milliards d'investissements annoncés à l'occasion du sommet Choose France qui a réuni 200 patrons étrangers à Versailles et à Paris, Emmanuel Macron a voulu prendre la vague positive. « On réindustrialise et on attire, les choses avancent », a affirmé Emmanuel Macron dans une interview différée diffusée lundi 15 mai au JT de 20 heures de TF1.

Face aux images négatives de la crise sociale, déclenchée par la réforme des retraites qui ont montré de violentes manifestations dans les villes françaises partout à l'étranger, le chef de l'Etat a tenu à minimiser les événements récents. Champion de l'attractivité, annonces d'investissements... « il n'y a pas eu de grèves dans les entreprises privées », a ainsi opposé le chef de l'Etat qui s'exprimait depuis une salle ornée d'une imposante table de réunion à l'Elysée.

« On a baissé les impôts, on a baissé le coûts du travail, on a simplifié le code du travail il y a cinq ans (...) les chiffres sont là », a longuement défendu le chef de l'Etat.

Mais face à la fronde sociale et l'inflation persistante qui pénalise durablement le pouvoir d'achat des foyers, l'exécutif cherche à faire preuve de souplesse et à gagner du temps. « Les baisses d'impôts se sont concentrées sur les classes moyennes », a d'abord rappelé Emmanuel Macron citant des baisses de cotisations salariales ou encore la suppression de la taxe audiovisuelle ou d'habitation au cours de son précédent quinquennat.

« Quand la trajectoire budgétaire le permettra »

Aussi, le gouvernement veut reprendre la main alors que la colère gronde et qu'il ne dispose plus de majorité à l'Assemblée nationale. Le président Emmanuel Macron a annoncé vouloir « concentrer » deux milliards de baisses d'impôts sur « les classes moyennes » d'ici à 2027.

Quant à savoir à quels horizons dans le temps se situeront ces baisses d'impôts, le chef de l'Etat a admis : « quand la trajectoire budgétaire le permettra dans ce quinquennat ».

De fait, non seulement la France est en queue de peloton par rapport à ses voisins européens sur le désendettement du budget de l'Etat, mais, en plus, cette dette empêche toutes baisses des recettes fiscales (comme la baisse des impôts), sans mettre en péril la réputation financière du pays, prévient encore le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

« Il y a deux milliards de baisses d'impôts pour les ménages. Ces deux milliards, j'ai demandé au gouvernement de me faire des propositions pour qu'ils se concentrent sur ces classes moyennes », a-t-il tout de même ébauché.

Les pistes restent donc encore floues même si Emmanuel Macron a déjà indiqué : « la fiscalisation des revenus des classes moyennes est trop importante et s'accélère trop vite. Elle écrase les gains de pouvoir d'achat entre 1.500 et 2.500 euros. Je parle de ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre », avait-il expliqué dans une interview à l'Opinion la veille.

Le pari de la croissance et du plein-emploi

Autrement dit, le gouvernement mise d'abord sur sa politique de plein-emploi pour faire retrouver des points de croissance à l'économie tricolore, et ainsi pouvoir dégager de nouvelles marges de manoeuvre budgétaire. « Nous avons créé 1,5 million d'emplois, c'est plus que nos voisins », a justifié Emmanuel Macron.

L'exécutif doit donc d'abord voir mûrir les fruits de sa politique, lui permettant aussi de temporiser sur la crise sociale : « Sur 600 usines qui ont fermé, depuis 2017, on en a rouvert 300 », a-t-il encore soutenu.

Reste que dans le même temps, l'activité dans l'industrie française est encore loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant pandémie. Et la balance commerciale continue de plonger.

Enfin, Emmanuel Macron veut ouvrir le débat sur le partage de la valeur Au-delà du salaire et des primes, le chef de l'Etat veut se concentrer sur l'intéressement et la participation des salariés dans l'entreprise.