Comment le patronat veut favoriser l'entrepreneuriat

Par Fabien Piliu  |   |  620  mots
A l’occasion de la 23e édition du Salon des Entrepreneurs, un sondage révèle que plus d’un Français sur trois envisage désormais de créer son entreprise.
A la veille du 23e Salon des entrepreneurs, le Medef formule une série de propositions pour favoriser le développement de l'entrepreneuriat, propositions qu'il espère voir intégrées dans la prochaine réforme du droit du travail.

Salariat, "ubérisation", chômage, intégration, ascenseur social, créativité, French Tech... les sujets liés à l'entrepreneuriat sont multiples. Actuellement, pas une semaine ne se passe sans que l'entrepreneuriat - ses bienfaits et ses travers lorsque l'Etat reste passif - ne soit évoqué.

Ce mardi, à la veille du 23e Salon des entrepreneurs qui se déroule au Palais des Congrès, le Medef formule une série de propositions pour favoriser l'esprit d'entreprendre, esprit dont se revendique une part croissante de citoyens. En effet, selon un récent sondage réalisé par Opinion Way, 37% des personnes interrogées ont l'ambition de créer ou de reprendre une entreprise. Ils n'étaient que 25% l'an dernier. Via un calcul de coin de table, il y aurait actuellement en France un vivier potentiel de... 19 millions d'entrepreneurs ! Si l'on compare ce chiffre avec celui des créations d'entreprises effectives en 2015, 525.000, on mesure plus précisément les enjeux.

"Au même titre que le salariat, l'entrepreneuriat est une des réponses au chômage de masse et une solution pour l'intégration, un ascenseur social puissant ", explique Pierre Gattaz, le président de l'organisation patronale.

Le Medef avance trois propositions

Au nombre de trois, les propositions du Medef sont les suivantes : sécuriser les relations entre l'entrepreneur individuel et le donneur d'ordre afin d'éviter que le contrat entre les deux parties ne soient requalifiées en contrat à durée indéterminée.

"Actuellement, parce que les relations contractuelles laissent trop de place à l'interprétation de la part de l'administration, les dirigeants d'entreprises sont trop souvent accusés de salariat déguisé. Or, si l'on veut que les entreprises individuelles se développent, il faut absolument qu'elles puissent travailler avec les TPE et les PME ", martèle Thibault Lanxade, le vice-président du Medef en charge des TPE-PME et de l'entrepreneuriat qui plaide pour un meilleur encadrement des relations entre les donneurs d'ordre et les entrepreneurs individuels.

Considérant comme trop systématique de la part de l'administration la requalification avec intention frauduleuse, le Medef souhaite également une juste proportionnalité des sanctions.

"Du jour au lendemain, parce que les relations sont floues, car mal encadrées par la loi, les aides publiques sont coupées, l'accès aux marchés publics est interdit. Ce n'est pas ainsi que l'on peut inciter les TPE-PME à travailler avec les entreprises individuelles", poursuit Thibault Lanxade qui souhaite que les abus continuent à être traqués.

La troisième revendication du Medef consiste à aligner pendant deux ans les différents régimes d'entreprises individuelles existants sur le modèle le plus simple et qui permet le plus de liberté, pour éviter les cas de concurrence déloyale entre les auto-entrepreneurs, les micro-entrepreneurs, les entrepreneurs à responsabilité limitée.

Neuf créations d'entreprises

Pour illustrer sa volonté de promouvoir l'entrepreneuriat, le Medef profite de la tenue du Salon des entrepreneurs pour donner un coup de projecteur sur une de ses initiatives dans ce domaine. Intitulé "Les Déterminés", l'organisation a mis en place depuis 2015 un programme de formation de cinq semaines pour soutenir les projets de création d'entreprises dans les "quartiers". L'année dernière, neuf entreprises, spécialisées notamment dans l'audiovisuel, l'installation de fibre optique, la restauration rapide ambulante et le coaching, ont vu le jour dans le cadre de ce programme monté en partenariat avec l'association Agir pour réussir (AGPR), basée à Cergy-Pontoise, pour l'instant réservé à l'Ile-de-France mais qui commence à se développer cette année à l'échelon régional.

"Sur les 70 dossiers de candidatures, seize projets ont d'ores et déjà été retenus", précise Moussa Camara, à l'initiative de ce dispositif.

Sur quels critères? "L'envie, la volonté de réussir", explique-t-il sobrement.