Comment Marine Le Pen veut rembourser la dette sans toucher aux retraites ni aux impôts

Par AFP  |   |  534  mots
La cheffe du Rassemblement national a mis en garde contre "la perte de confiance dans la parole de la France" si cette dernière ne remboursait pas sa dette, ce qui pourrait conduire à "une augmentation importante des taux d'intérêt". (Crédits : BENOIT TESSIER)
La dirigeante du RN se dit contre l'annulation de la dette, mais avec maintien de la retraite à 60 ans et sans faire d'austérité. Elle parle de transition écologique "utile" tout en s'affirmant "pour" le nucléaire et "contre" les éoliennes. Coup d'œil sur le programme économique de la candidate à l'Élysée du parti français d'extrême-droite à environ un an de la prochaine élection présidentielle.

Marine Le Pen a redit mardi vouloir rembourser la dette notamment de la crise sanitaire, mais sans austérité budgétaire et sans toucher aux retraites ni aux impôts, misant sur des "investissements d'avenir" pour doper la croissance.

"Sans mépriser ceux qui souhaitent une annulation de la dette, je les appelle à la raison. Quand vous expliquez à vos créanciers que vous n'allez pas les rembourser, c'est assez difficile d'aller leur redemander éventuellement un prêt par derrière", a fait valoir sur France Inter la candidate à l'Elysée, qui préside un parti lui-même très endetté.

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La cheffe du Rassemblement national a mis en garde contre "la perte de confiance dans la parole de la France" si cette dernière ne remboursait pas sa dette, ce qui pourrait conduire à "une augmentation importante des taux d'intérêt".

Le Pen est pour rembourser la dette, mais contre l'austérité

Le gouvernement martèle depuis des mois que la dette devra être remboursée, mais une partie de l'opposition, à gauche surtout, défend l'idée d'une annulation au moins partielle de la dette Covid.

Si elle estime qu'il faut rembourser, Mme Le Pen a assuré pour autant qu'il n'y aurait "pas dans (son) projet d'austérité budgétaire", qui "aggrave la dette", qu'elle n'augmenterait pas les impôts et qu'elle "continuerait à défendre" la retraite à 60 ans et 40 annuités de cotisations. La présidente du RN a justifié ainsi le maintien du départ à la retraite à 60 ans et de 40 annuités de cotisations:

C'est "juste et économiquement tenable, pour peu qu'on se donne les conditions d'un retour à la création de richesse, à la création d'emplois, avec une modification de ce modèle économique qui a démontré son incapacité à protéger, qui est le modèle ultralibéral, dont il faut définitivement se séparer."

Pour le nucléaire et contre les éoliennes

La dirigeante d'extrême droite a plaidé pour "des dépenses d'investissements d'avenir" qui porteraient sur la "réindustrialisation" et "une transition écologique qui est utile", en plaidant à nouveau pour le nucléaire et contre les éoliennes.

Pour financer ces investissements, elle avait proposé, début mars sur BFMTV, de lancer "un grand emprunt national" rémunéré à 2%, susceptible de libérer 450 milliards d'euros.

Propositions "incohérentes" selon la députée Aurore Lalucq (PP)

Des propositions "incohérentes" motivées par "la volonté d'avoir les pseudo-codes du sérieux", a réagi auprès de l'AFP la députée européenne Place publique, et économiste, Aurore Lalucq. "On ne lance pas un grand emprunt quand on veut rembourser la dette, d'autant moins avec un taux de 2%, bien supérieur aux taux actuels".

Elle a défendu la proposition de plusieurs économistes classés à gauche:

"La crédibilité de la France (évoquée par Marine Le Pen) n'est pas en question puisqu'on parle d'annuler la dette (mais) côté BCE. Le faire permettrait de forcer les États à de nouveaux investissements fléchés sur la santé, l'éducation et la transition écologique."

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