Comment Najat Vallaud-Belkacem veut rapprocher l'école de l'entreprise

Par latribune.fr  |   |  777  mots
"La relation école-entreprise est une responsabilité partagée de l'école et des entreprises : nous pouvons faire un bout du chemin, mais nous avons aussi besoin que les entreprises acceptent de s'impliquer, dans l'accueil de stagiaires par exemple", estime Najat Vallaud-Belkacem.
Le ministre de l'Education nationale, qui présente des mesures mercredi, promet d'améliorer l'organisation du stage de 3e. Elle compte aussi sur une trentaine de partenariats avec des entreprises et sur la réserve citoyenne pour multiplier les contacts.

"L'école pour moi doit avoir un horizon plus vaste que la porte de la classe. Sa mission d'ailleurs l'y oblige, elle qui doit, c'est l'article 1er du code de l'éducation, 'permettre à chacun de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation, d'exercer sa citoyenneté... Mais aussi de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle'. Comment imaginer une bonne insertion dans un environnement dont on ne connaîtrait rien?"

C'est ainsi que la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, explique, dans un entretien publié sur le site des Echos, la philosophie des mesures pour rapprocher l'école et l'entreprise qu'elle présente ce mercredi. Elles s'inspirent de recommandations du Conseil national éducation-économie (CNEE) ainsi que d'un rapport de Christiane Demontès, cheffe de la mission évaluation des partenariats de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur avec le monde économique pour l'insertion professionnelle des jeunes.

Bien préparer le stage de troisième

Premier axe d'action, le stage de troisième, dont l'"utilité est avérée" selon la ministre. Quelques améliorations s'imposent toutefois, notamment celle de la préparation, en abordant "des sujets comme les codes de l'entreprise, les techniques de recherche d'un stage, ce qu'on entend par stage 'd'observation' etc.".

"Dans certaines académies, les élèves sont systématiquement préparés à leur stage de troisième, dans d'autres non. Toutes le feront désormais", assure Najat Vallaud-Belkacem.

La ministre promet aussi le lancement d'un Mooc -à savoir un cours en ligne-  pour aider les tuteurs de stage à outiller les entreprises et à définir le contenu du stage.

Pour permettre aux entreprises d'accueillir davantage de stagiaires, la ministre compte aussi "étaler ces stages de 3e sur l'ensemble de l'année scolaire". Et afin d'aider les élèves qui peinent à trouver des stages, elle promet le déploiement sur tout le territoire des pôles dédiés créés depuis septembre.

"Chacun de ces pôles se verra renforcé de deux jeunes en service civique dans les mois à venir. Ce sont ainsi 660 jeunes qui vont se déployer dans les 330 pôles pour démarcher les entreprises, nouer des partenariats, etc.", assure-t-elle.

Le personnel encadrant formé

Afin d'assurer la réussite des parcours d'Avenir (dispositif en vigueur depuis septembre et visant à multiplier les contacts des collégiens et lycéens avec les entreprises bien avant la classe de 3e), une formation du personnel encadrant s'impose au préalable. Najat Vallaud-Belkacem annonce que les chefs d'établissement et les inspecteurs "bénéficieront désormais d'un parcours complet de formation de 56 heures pour apprendre à nouer des partenariats avec les entreprises, et mettre à jour leur connaissance des métiers et des organisations. Sur ces 56 heures, un stage obligatoire d'une semaine (35 heures) en entreprise viendra alimenter ce parcours de formation".

La possibilité pour les enseignants de faire des stages sur la base du volontariat sera par ailleurs favorisée et un module de formation continue, optionnel etdédié à l'esprit d'entreprendre, sera créé.

La ministre compte également puiser dans la réserve citoyenne afin que des salariés d'entreprises aillent partager leur parcours ou leur expérience dans les classes. "Les 4.500 conseillers de l'enseignement technologique (un dispositif très ancien composé de jeunes retraités bénévoles de l'entreprise dont le rôle est d'informer les enseignants des dernières évolutions technologiques) seront également mobilisés par exemple pour accompagner les élèves dans leurs projets de mini-entreprise", déclare-t-elle.

Un pilotage national

Pour réaliser cet ensemble d'actions, une trentaine d'accords-cadres et environ 25 conventions avec des entreprises ou des branches professionnelles ont été signés au niveau national.

"La relation école-entreprise est une responsabilité partagée de l'école et des entreprises : nous pouvons faire un bout du chemin, mais nous avons aussi besoin que les entreprises acceptent de s'impliquer, dans l'accueil de stagiaires par exemple", estime en effet Najat Vallaud-Belkacem.

La ministre a également "souhaité avoir désormais un pilotage national et une évaluation systématique des dispositifs".

"Il y aura pour cela un bilan annuel de leurs fonctionnements et de leurs résultats. Cela nous permettra d'identifier les bonnes pratiques locales qui méritent d'être généralisées", souligne-t-elle.

Le diplôme, une garantie

Interrogée sur "l'idée du ministre de l'Economie Emmanuel Macron de déréglementer l'accès à certaines professions qui seraient de fait accessibles sans diplôme", elle répond:

"Il a depuis précisé son propos et c'est tant mieux. Le message aux jeunes doit être clair et porté collectivement : l'accès à une qualification professionnelle reconnue par un diplôme est une garantie d'insertion, ce n'est pas un frein".