Commerce extérieur : les PME françaises, mauvaises élèves de l'Europe

Par Grégoire Normand  |   |  713  mots
Avec les autres pays de l'Union européenne, le déficit commercial de la France s'est creusé à 3,70 milliards (contre 3,51 milliards en août).
Les petites et moyennes entreprises (PME) tricolores sont en bas du classement européen en matière d'exportations en valeur. A l'occasion de la semaine européenne des PME qui se déroule jusqu'au 25 novembre, les défis du gouvernement d'Edouard Philippe pour réduire le déficit commercial français sont immenses.

Le commerce extérieur français souffre encore. Selon des récents chiffres d'Eurostat, le poids des petites et moyennes entreprises françaises (jusqu'à 249 personnes occupées selon la définition retenue par Commission européenne, ndlr.) dans les exportations en valeur à l'intérieur de l'Union européenne (*) est le plus faible d'Europe. Sept mois après l'élection d'Emmanuel Macron, le redressement du commerce extérieur français constitue un défi de taille pour le président, après plusieurs années de déficit.

La France à la peine

Bien qu'elles représentent la grande majorité des entreprises en France (95,1%), la part en valeur des PME françaises dans les exportations intra-européennes s'élèvent à 21,4% contre 44,6% en moyenne dans l'Union européenne selon des chiffres de la Commission européenne pour 2015.

Dans cinq États, les PME génèrent plus des deux tiers de la valeur totale des exportations de biens intra-UE: Chypre (88%) et la Lettonie (81%), suivis de la Belgique (70%), de l'Estonie (68%) et des Pays-Bas (67%). A l'inverse, les PME représentent moins du tiers de la valeur des exportations de biens à l'intérieur de l'UE comme la France, l'Allemagne (26%), la Slovaquie (30%) et l'Irlande (32%).

Du côté des importations, la France figure également à la dernière place du classement européen. Dans une large majorité d'États membres, au moins la moitié de la valeur des importations intra-UE de biens provient des PME. En particulier, les PME sont responsables de plus des trois quarts de la valeur totale des importations en Lettonie (85%), à Chypre (82%), en Estonie (79%), en Lituanie (78%) ainsi qu'à Malte (77%).

"Les PME représentent moins de la moitié des importations uniquement en France (31%), en Allemagne (34%), en République tchèque (47%), en Slovaquie (48%) et en Pologne (49%)."

Le poids des grandes entreprises

Si les derniers chiffres de l'institut européen de statistiques peuvent illustrer les difficultés des PME françaises à peser dans le commerce européen de biens, ils soulignent également que ce sont surtout les grandes entreprises qui pèsent à l'international. Les derniers résultats du commerce extérieur français pour 2016 publiés en février dernier rappelaient très bien que si les PME restent les entreprises les plus exportatrices en nombre (95 %), les grandes entreprises et les ETI sont largement majoritaires en montant d'exportations (86%). Sur l'année 2016, les grandes entreprises ont représenté seulement 0,4% du nombre d'exportateurs de biens mais plus de la moitié du montant des exportations (53,7 %).

Au delà du manque de compétitivité des entreprises françaises, l'une des faiblesses de l'appareil exportateur français souvent mentionnée par les experts est que le poids des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et leur rôle dans le commerce extérieur sont moindres que dans d'autres Etats. Et même si les comparaisons entre les ETI allemandes du Mittelstand et les ETI françaises présentent de nombreuses limites comme le souligne un rapport du ministère de l'Economie(*) sur "la croissance des petites et moyennes entreprises et leur transformation en entreprises de taille intermédiaire", le nombre d'entreprises de taille intermédiaire en France rapporté au nombre d'habitants est toujours inférieur à l'Allemagne quelque soit la source étudiée par les auteurs du document.

Le déficit commercial se creuse à nouveau *

D'après les derniers chiffres des Douanes publiés au début du mois de novembre dernier, le déficit commercial de la France s'est creusé de 0,5 milliard d'euros en septembre, à 4,7 milliards.

"La détérioration de la balance commerciale concerne essentiellement les produits agricoles et agroalimentaires (repli des exportations plus marqué que celui des importations) et les machines industrielles (contraction des ventes)."

Sur les neuf premiers mois de 2017, le déficit cumulé atteint 48,63 milliards (contre 35,87 milliards sur la période janvier à septembre 2016) soit l'équivalent du déficit commercial enregistré sur l'ensemble de l'année 2016, qui s'était élevé à 48,1 milliards d'euros.

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(*)Le commerce intra-UE désigne toutes les transactions (importations et exportations) entre États membres de l'UE.

(**) Extrait : "Toute comparaison en nombre entre les ETI françaises, qui regroupe des entités légales dans des entreprises, et le nombre d'entreprises du Mittelstand allemand ou de tout autre pays apparaît extrêmement hasardeux et affirmer qu'il existe 12.000 ETI allemandes relève davantage de l'exercice de communication que d'une réalité avérée."