Compte en Suisse : Jean-Marie Le Pen nie, la justice ouvre une enquête

Par latribune.fr  |   |  517  mots
Jean-Marie Le Pen pourrait être contraint de justifier la présence ou non d'avoirs en or d'un montant de 2,2 millions d'euros dans les banques suisse auprès de la justice française.
Le fondateur du Front National juge que les révélations de Médiapart relèvent d'un complot ourdi contre lui. Un signalement de Tracfin va permettre à la division financière du parquet de Nanterre de se pencher sur ses avoirs en Suisse.

Il y a encore quelques jours, Jean-Marie Le Pen se demandait comment il serait reçu le 1er mai par les militants du Front National à l'occasion de la traditionnelle fête autour de la statue de Jeanne d'Arc à Paris. Le fondateur du parti d'extrême-droite semble désormais plus préoccupé par une affaire de gros sous placés en Suisse révélée par Médiapart. D'après le site d'investigation, l'homme politique aurait placé 2,2 millions d'euros en lingots et pièces d'or à travers un "trust" géré par son majordome et collaborateur, Gérald Gérin.

Comment les journalistes gagnent leur "croûte"

Face à l'emballement médiatique, Jean-Marie Le Pen a préféré resservir le discours complotiste:

"Cela fait partie de l'offensive générale qui est lancée contre nous. Je ne suis pas tenu de m'expliquer sur ce que dit n'importe qui, en particulier les organes para-policiers qui sont chargés de semer la perturbation dans la classe politique", a-t-il déclaré mardi 28 avril sur France Inter.

"C'est comme-ça qu'ils gagnent leur croûte : ils manient le scandale, le on-dit. Voilà, c'est tout", a-t-il conclu.

Sauf que la justice pourrait rapidement s'en mêler, ce qui contraindrait le président d'honneur du Front National à s'expliquer. Le parquet de Nanterre a ainsi confirmé, ce mardi, avoir reçu un signalement de Tracfin. "Ce signalement va être étudié par la procureure Catherine Denis et la division financière pour décider des suites judiciaires à lui donner", a indiqué le parquet.

D'autres affaires sur le feu

Jean-Marie Le Pen avait déjà reconnu en avril 2013 avoir détenu un compte en Suisse ouvert auprès de la banque UBS en 1981, une affaire déjà évoquée par le passé. Le co-fondateur du FN fait également l'objet d'une enquête judiciaire, depuis fin 2013, s'intéressant à un enrichissement évalué à 1,1 million d'euros de son patrimoine entre 2004 et 2009.

Une autre enquête judiciaire se penche par ailleurs sur le financement du FN et de ses campagnes électorales depuis l'accession de Marine Le Pen à la présidence du parti. Cinq personnes physiques ainsi qu'une personne morale, la société Riwal, ont été mises en examen ces derniers mois.

Omerta en Suisse...

Sur l'affaire de l'or déposé en Suisse, toutes les parties semblent se retrancher derrière le secret professionnel. Ainsi, ni HSBC, ni la Compagnie bancaire helvétique (CBH) - les deux établissements pourraient avoir été, tour à tour, dépositaires du compte de Jean-Marie Le Pen - n'ont souhaité répondre aux journalistes.

"La politique de la maison, c'est de ne pas commenter ce genre de rumeurs et informations", s'est contenté de déclarer CBH.

D'après Médiapart, la structure serait gérée par l'avocat genevois Marc Bonnant. Sollicité, celui-ci a indiqué n'avoir aucun compte au nom de Jean-Marie Le Pen. Il a invoqué le principe du secret professionnel pour ne rien divulguer au sujet d'un compte au nom de Gérald Gérin, un proche collaborateur de Jean-Marie Le Pen, et soupçonné par Mediapart d'avoir géré les affaires suisses du vieux patriarche.