Construction de réacteurs nucléaires, réforme des retraites, Covid, ce qu'a déclaré Emmanuel Macron

Par latribune.fr  |   |  1049  mots
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Ce mardi, pour la 9e fois depuis le début de la crise sanitaire, Emmanuel Macron s'est adressé aux Français en les poussant à se faire vacciner face au rebond de l'épidémie, tout en mettant l'accent sur son bilan de la gestion de la crise et en évoquant les priorités de la fin du quinquennat.

Dans une allocution télévisée aux allures de campagne électorale, le chef de l'Etat est allé beaucoup plus loin dans les annonces que les simples mesures pour lutter contre la 5ème vague, qui "est déjà arrivée en Europe". Dans un discours très à droite fragilisant encore davantage les candidats LR, Emmanuel Macron a, à la fois, annoncé la relance du nucléaire en France, mais aussi la suspension des allocations-chômage pour les demandeurs d'emploi qui ne seraient pas en recherche "active". Une annonce surprise qui accompagnait des propos valorisant le "travail" qui doit "payer plus que l'inactivité", dans une logique de parvenir au "plein-emploi", alors que plusieurs secteurs d'activté manquent de personnel. Le tout en rappelant sa vision sur la réforme des retraites, un sujet qu'il "faudra poser en 2022". Voici les points forts de son intervention.

Nucléaire

Après avoir préparé le terrain en dévoilant, dans la présentation du plan France 2030 le mois dernier, son intention d'investir dans les réacteurs nucléaires, dits SMR, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait construire de nouveaux réacteurs nucléaires sur son sol.

"Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables", a déclaré le chef de l'Etat.

Une relance nécessaire à ses yeux pour "garantir l'indépendance énergétique de la France, son approvisionnement électrique, et atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050". Emmanuel Macron n'a pas, pour l'heure, donné plus détails. La France, qui tire la majorité de son électricité du nucléaire, ne construit actuellement qu'un seul réacteur nucléaire de nouvelle génération, l'EPR de Flamanville (EDF), dont le chantier entrepris en 2007 n'est toujours pas achevé. Sa mise en service est prévue fin 2022, après plus de 10 ans de retard. La France envisage de construire six EPR supplémentaires et EDF avait remis au printemps un dossier au gouvernement sur la faisabilité et les conditions d'un tel programme.

"Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l'étranger, il nous faut tout à la fois continuer d'économiser l'énergie et d'investir dans la production d'énergies décarbonées sur notre sol", a déclaré Emmanuel Macron, qui a déjà souligné les avantages de l'énergie nucléaire ces derniers mois, notamment du point de vue climatique.

"Ces investissements nous permettront d'être à la hauteur de nos engagements au moment où nous allons clôturer la COP 26 à Glasgow", a-t-il assuré.

Pas plus tard que ce lundi, EDF a assuré que la filière "sera prête" en cas de commandes de nouveaux EPR en France. Selon Alain Tranzer, délégué général à la qualité industrielle et aux compétences nucléaires d'EDF, de nouveaux EPR pourraient être livrés dans le respect des coûts et du calendrier, contrairement à celui de Flamanville.

Suspension des allocations-chômage

En évoquant la mise en place de la réforme de l'assurance-chômage le 1er octobre, Emmanuel Macron a annoncé la suspension des allocations-chômage pour les demandeurs d'emploi qui ne feraient pas la démarche active de trouver du travail. Faisant valoir que l'économie française créait des emplois "comme jamais", Emmanuel Macron s'est ému du manque de main d'oeuvre dans certains secteurs. Au regard du taux de chômage de 7%, "cette situation heurte le bon sens", a-t-il déclaré en disant viser "le plein-emploi".

Retraites

Les conditions "ne sont pas réunies pour relancer" le chantier de la "nécessaire réforme des retraites", a jugé Emmanuel Macron, tout en estimant qu'il faudrait "prendre des décisions claires" dès 2022,

 Ces décisions, qui "feront légitimement l'objet de débats", impliqueront notamment de "travailler plus longtemps, en repoussant l'âge légal", "d'aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé, et de faire en sorte qu'au bout d'une carrière complète aucune pension soit inférieure à 1.000 euros", a-t-il indiqué. Et d'ajouter que les principes de cette réforme doivent également "permettre plus de liberté, c'est-à-dire permettre de partir en retraite progressivement, d'accumuler des droits plus rapidement pour celles et ceux qui le souhaitent, d'encourager le travail au-delà de l'âge légal aussi pour celles et ceux qui en ont envie".

Vaccination

Les Français âgés de plus de 65 ans devront recevoir une dose de rappel de vaccin anti-Covid pour bénéficier du pass sanitaire à partir de la mi-décembre, a déclaré Emmanuel Macron, annonçant aussi l'élargissement prochain des rappels aux plus de 50 ans.

"Une campagne (de rappel) a été lancée depuis la fin de l'été pour tous les plus de 65 ans et les plus fragiles, il nous faut aujourd'hui l'accélérer", a rappelé le chef de l'Etat.

"A partir du 15 décembre, il vous faudra justifier d'un rappel pour prolonger la validité de votre pass sanitaire", a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron n'a pas précisé si cette contrainte ne concernerait que les plus de 65 ans, ou également les personnes à risque, comme les obèses et les diabétiques. Mais le ministre de la Santé a précisé, après l'allocution du président, que les personnes souffrant de comorbidités n'étaient pas concernées par cette contrainte. Ces personnes restent en revanche encouragées à recevoir une 3e dose de vaccin.

Depuis septembre, les plus âgés et les plus fragiles sont en effet éligibles à une dose de rappel de vaccin anti-Covid, le plus souvent une "troisième dose", à condition que leur vaccination remonte à plus de six mois. La dose de rappel vise à compenser la perte d'efficacité constatée pour tous les vaccins anti-Covid au cours du temps.

A ce titre, le chef de l'Etat a également annoncé que tous les plus de 50 ans pourraient bénéficier de cette dose de rappel à partir du mois prochain.

"Plus de 80% des personnes en réanimation ont plus de 50 ans, c'est pourquoi une campagne de rappel sera lancée à partir du début du mois de décembre pour nos compatriotes âgés de 50 à 64 ans", a-t-il précisé.