Ce week-end, Richard Ferrand a joué les éclaireurs. Connu pour sa fidélité au chef de l'État, le président de l'Assemblée nationale était l'invité de "Dimanche en politique", sur France 3. L'occasion pour lui de préciser que « à six mois de l'élection présidentielle, il n'est pas nécessaire de se lancer dans une réforme des retraites ». Surtout dans un contexte où tous les syndicats sont contre.
Reste que, si le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement ne verra sûrement pas le jour avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron, faute de temps, l'Élysée ne compte pas y renoncer. « C'est une excellente réforme, a glissé Richard Ferrand, qui doit se faire lors d'un second quinquennat. »
Sa priorité pour un second mandat
La feuille de route est donc claire. « C'est bien à cause de la crise que nous n'avons pas fait cette réforme essentielle pour le pays, confirme l'entourage du président. Mais elle reste aux yeux d'Emmanuel Macron une promesse de campagne de 2017, et c'est pour lui la mère de toutes les réformes. »
Aussi, ce mardi, a-t-il prévu de l'évoquer, après s'être exprimé sur la situation sanitaire. Dans la lignée de son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron devrait réaffirmer son intention de revoir en profondeur le système, pour restaurer notamment l'équilibre financier du régime.
Avec plus de 300 milliards d'euros de dépenses par an, les retraites constituent le principal poste de dépenses publiques, et représentent 13% du PIB. Et selon les dernières données du Conseil d'orientation des retraites, le déficit s'établit à 13 milliards d'euros en 2020, 10 milliards cette année.
Emmanuel Macron peut d'ailleurs compter sur le soutien de la Cour des comptes qui répète que la « résorption des déficits du pays doit passer par une maîtrise des dépenses de retraites ».
Un sujet de prédilection pour tous ses concurrents
Alors que l'on avance dans la campagne électorale, Emmanuel Macron n'entend pas laisser ce sujet - aussi économique que politique - à ses potentiels compétiteurs.
Éric Zemmour est court en terme de propositions économiques, mais, sur la retraite, l'ancien journaliste - non encore candidat déclaré - ne cache pas sa préférence à un report de l'âge de départ de 62 à 64 ans.
Même crédo - à quelques nuances près - pour les candidats à l'investiture chez Les Républicains. Ainsi, Valérie Pécresse suggère de travailler progressivement jusqu'à 65 ans, en plaidant pour une pension « égale au Smic net en 2030 » pour ceux qui ont cotisé toute leur vie. Pour Xavier Bertrand, il faut également repousser l'âge de départ pour atteindre 64 ans en 2030, mieux prendre en charge la pénibilité, et faire en sorte que les retraites des femmes, notamment celles qui n'ont pas de carrière complète - soient améliorées.
À gauche, les prétendants sont plutôt sur un retour à un départ à 60 ans. C'est le cas de Jean-Luc Mélenchon pour La France Insoumise, ou de Fabien Roussel pour le Parti communiste français.
Le scénario du président encore inconnu
Reste à savoir quel projet Emmanuel Macron souhaite proposer aux Français. En juin dernier, le président avait reconnu que son projet de système universel ne pourrait pas « être repris en l'état ».
Lors de la présentation le 12 octobre, de son grand plan France 2030, Emmanuel Macron avait distillé quelques messages autour de la nécessité de travailler plus, notamment pour financer notre modèle social.
« Nous sommes un pays qui travaille moins que les autres, la quantité de travail allouée n'est pas au bon niveau dans le cycle de vie, et en horaires cumulés. »
Mais, il s'est bien gardé de préciser quel scénario il privilégierait s'il était élu pour un second quinquennat.
Pour l'heure, son entourage évoque surtout la nécessité de revoir les régimes spéciaux mais aussi de revaloriser les pensions pour les porter à 1.000 euros. Le chef de l'État a demandé à ses soutiens de plancher rapidement pour lui présenter différentes options.