Crise de l'hôpital public : Martin Hirsch quitte la direction de l'AP-HP

Par latribune.fr  |   |  634  mots
Martin Hirsch avait été nommé en 2013 à la tête de l'institution francilienne. (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Dans un contexte de crise sans précédent à l'hôpital public, le patron de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé vendredi quitter ses fonctions, dans une lettre adressée aux personnels. Son départ intervient alors que l'hôpital public fait face à une pénurie de soignants. Certains établissements sont contraints de fermer des services ou de réduire leurs activités. Le gouvernement a promis des mesures dès juillet.

En pleine crise de l'hôpital public, Martin Hirsch, le directeur général des hôpitaux publics franciliens, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a annoncé vendredi dans une lettre adressée aux personnels, qu'il quittera son poste à la fin du mois de juin. Ce haut fonctionnaire dirigeait depuis 2013 cette grosse institution de santé, qui emploie plus 100.000 personnes et fait fonctionner 38 hôpitaux en Ile-de-France.

Dans son courrier, Martin Hirsch salue le courage et l'abnégation des personnels de l'AP-HP face à la pandémie de Covid-19, mais regrette de ne pas avoir pu mettre en œuvre «un modèle hospitalier différent de ce qu'il a été avant, plus proche de nos attentes et de nos ambitions à tous», un engagement qu'il avait tenu à l'aube de la pandémie.

« C'est parce que j'ai pensé ne pas pouvoir réunir toutes les conditions pour que cet engagement soit respecté que j'ai décidé, il y a un mois, de remettre mon poste de directeur général de l'AP-HP à la disposition du gouvernement », a-t-il écrit.

« Je suis convaincu que beaucoup de maux dont nous souffrons appellent des changements de même ampleur que ceux qui avaient été réalisés en 1958, quand l'hôpital universitaire avait été repensé pour lui redonner force, noblesse et attractivité », a complété ce haut-fonctionnaire, à l'origine, par ailleurs, du revenu de solidarité active (RSA) ; qui fut aussi président d'Emmaüs France avant d'entrer au gouvernement de François Fillon comme haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, en 2007.

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Crise des vocations

Ce départ intervient en pleine crise de l'hôpital public qui fait face à une crise des vocations et peine à recruter. La situation est particulièrement difficile dans les services d'urgence, dont au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte diffusé fin mai par l'association Samu-Urgences de France. Au sein même de l'AP-HP, les soignants sont à «un point de rupture», estimait le 9 juin, sur France Info, Rémi Salomon, le président de la Commission médicale d'établissement (CME), instance représentative des médecins au sein de l'AP-HP. «On est arrivé à un point de rupture, à une bascule, avec une sorte de découragement, de désengagement» des soignants, expliquait-il.

Fin mai Martin Hirsch avait estimé qu'il manquait 1.400 infirmières et infirmiers dans les hôpitaux franciliens, où, faute de soignants, 15% des lits restaient fermés en moyenne, avait-il précisé.

«Il y en a qui ont changé de métier, il y en a qui sont partis dans le privé, il y en a qui sont partis en province, il y a en qui ne sont pas venus travailler après la diplomation de l'été dernier (...) et il y en a beaucoup qui utilisent cette drogue douce de l'intérim, qui nous met dans une situation absolument terrible», avait expliqué Martin Hirsch.

Des mesures d'urgence

Pour parer à l'urgence, la ministre de la santé, Brigitte Bourguignon, a d'ores et déjà annoncé début juin de premières mesures de soutien aux services d'urgence hospitaliers. Parmi ces mesures figurent un doublement de la rémunération des heures supplémentaires, la possibilité d'exercer dès l'été pour les élèves infirmiers et aides-soignants dont la formation s'achève en juin ou juillet, et la facilitation du cumul emploi-retraite.

Ces mesures seront bientôt complétées par les propositions de la « mission flash » confiée par l'Elysée au docteur François Braun, président de Samu-Urgences de France, qui doit rendre ses conclusions fin juin. Emmanuel Macron avait promis dans un entretien à la presse régionale que des « décisions d'urgence » seraient prises dès juillet.

(Avec AFP)