Pénurie de main d’œuvre : l’industrie de la santé tire la sonnette d’alarme

Selon Pôle Emploi, à la fin de l'année 2021, plus de 135.000 professionnels de santé manquaient à l'appel dans l'Hexagone. Épuisés par la crise sanitaire, les aides-soignants et infirmiers sont les plus recherchés. Toutefois, le domaine de la santé ne se limite pas aux hôpitaux… La filière de l’industrie de santé souffre aussi de pénurie de main d’œuvre. Un secteur qui mériterait à se faire connaitre davantage. Etat des lieux dans la région Bourgogne-Franche-Comté.
(Crédits : BFCARE)

Contrôle qualité d'ampoules

L'image de l'industrie de santé à dépoussiérer

« Nos usines sont modernes, innovantes, et propres contrairement à l'image qu'on peut avoir de l'industrie en général. Il faut rafraîchir l'image de notre activité », défend Myriam Boczek-Vernusse, responsable des ressources humaines chez Astrea Pharma, un sous-traitant du laboratoire américain Abbott, spécialisé dans la production et le conditionnement de comprimés, situé à Fontaine-lès-Dijon (21). Et pour cause, la réglementation dans le secteur de la santé est plus exigeante en termes de normes de sécurité et d'hygiène. C'est aussi une qualité que les salariés doivent avoir pour travailler dans ce secteur. « Un technicien de maintenance automobile aura plus du mal à travailler dans la santé de par la lourdeur de notre système. Il y a une rigueur nécessaire qui n'est pas aussi poussée que dans l'automobile. C'est aussi pour cela que nous avons du mal à garder nos techniciens », fait valoir Myriam Boczek-Vernusse. Celle-ci se réjouit toutefois de la multiplication des formations sur Dijon avec des écoles d'ingénieurs qui s'installent, telles que l'ESEO, l'ESIREM, ou le SESI, qui proposent des options dans la santé. « Il y a quelques années, les jeunes de l'Esirem s'orientaient tous vers l'aéronautique ou la recherche. Aujourd'hui, certains découvrent qu'il est aussi possible de s'épanouir et de faire carrière  dans la santé avec les métiers de l'informatique et notamment l'intelligence artificielle. » De plus en plus de passerelles sont créées pour proposer une double compétence : ingénieur et santé.

Une baisse des quotas inadaptée au marché

Malgré la présence d'une faculté de pharmacie à Dijon, de nombreuses entreprises du bassin dijonnais peinent à engager des pharmaciens de laboratoire, ceux qui fabriquent entre autres les médicaments. « Nous mettons plusieurs mois pour trouver des candidats et nous sommes obligés d'aller recruter dans d'autres régions ou à l'étranger », confie Myriam Boczek-Vernusse. Cette dernière explique que cette pénurie de main d'œuvre est aussi due à une baisse des quotas dans les facultés de pharmacie qui n'est plus adaptée au marché français. « Nous devons mieux anticiper les besoins des entreprises afin que les écoles soient prêtes à former les futurs candidats d'ici 5 à 10 ans. » Astrea Pharma recrute à des niveaux de Bac +2 ou Bac +3. Par exemple pour des postes de techniciens de laboratoire, ou de contrôle qualité. Or, aujourd'hui, le système éducatif encourage les jeunes à poursuivre leurs études pour être cadre. « Ce n'est pas adapté au marché », déplore Myriam Boczek-Vernusse.

Escape game dans un lycée sur les métiers de l'industrie de la santé

Former en interne : une solution à la pénurie ?

Escape Game dans les lycées, Forum emploi, vidéos de l'activité diffusées sur les réseaux sociaux ou encore sensibilisation des partenaires institutionnels, tels que les conseillers de Pôle Emploi aux métiers de l'industrie de santé, etc... Les ressources humaines des entreprises de la région ne manquent pas d'idées pour recruter. Ne trouvant toutefois pas le nombre suffisant de candidats sur le marché, Astrea Pharma a décidé de les former en interne : « Nous sommes moins sélectifs dans nos profils sur la formation initiale - sauf pour les pharmaciens qui doivent avoir le diplôme - car nous investissons en interne sur un budget de formation, plus ou moins long en fonction des candidats », indique Myriam Boczek-Vernusse. La sélection se fait majoritairement sur le savoir-être du candidat et sa motivation.

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Commentaires 14
à écrit le 07/06/2022 à 22:25
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Mon gendre technicien supérieur dans ce métier, quand sa boîte à fermé il a attendu 2 ans, de chomdu, puis parti dans les produits chimiques. Ses potes ont fait pareil, fui le métier. C'est la France on forme les spécialistes, mais on ne les garde...

à écrit le 07/06/2022 à 14:31
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Les recruteurs recherchent des "clônes" voir des moutons à cinq pattes, je ne parle pas des D.E. des départements limitrophes. Questions: Les recruteurs consultent-ils la base de D.E. de Pôle emploi ? Est ce que les ouvriers et techniciens ont des fo...

à écrit le 07/06/2022 à 10:39
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Pénurie de main d’œuvre dans l’industrie de la santé,dans l’hôtellerie -restauration,l’éducation nationale……..j’ai du mal à tout croire .Le rêve de beaucoup est d’être influenceur,Youtubeur ou équivalent? Ou bien on nous prépare à accueillir la moit...

à écrit le 06/06/2022 à 21:45
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On s'est efforcé de détruire le tissu industrielle de la France et nous y sommes arrivée avec brio .Maintenant nous devons le reconstruire et c'est très cher . Nous pouvons faire un parallèle avec la santé et comme l'industrie cela nous coûtera cher...

à écrit le 06/06/2022 à 20:16
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il faut augmenter les salaires de ces personnels et augmenter les impôts en particulier ceux des plus riches avec une progressivité plus importante comme dans les années 70 80. La santé, c'est super important pour la population et on ne peut pas fair...

à écrit le 06/06/2022 à 19:31
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Tout ce qui est rare est chère, in bac plus 5 de philosophie y en a a la pelle Un manoeuvre , un soudeur ,un tourneur fraiseur etc y en a plus .. .. la solution est simple

le 06/06/2022 à 23:07
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Le problème c’est que la rareté n’est souvent pas si chère payée.

à écrit le 06/06/2022 à 15:44
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Pas trop d'accord avec les commentaires précédents, y a pas que le pognon. L'industrie pharmaceutique c'est la face triste de l'usine. Y a aucun môme qui rêve que quand il sera plus grand il passera ses journées dans des zones sur ou dépressurisées ...

à écrit le 06/06/2022 à 14:12
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Pk je dois travailler quand la salaire sert a rien.

à écrit le 06/06/2022 à 13:19
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La loi de l'offre et de la demande : montez les salaires et vous aurez des candidats. La solution de Macron : suspendre des soignants sur un caprice.

à écrit le 06/06/2022 à 13:06
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Les échelles de salaires stagnent depuis des années...un Bac +2 entre à peine au dessus du SMIC et peut espérer une augmentation de 2% / an s'il est performant !

le 06/06/2022 à 19:53
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Un Bac plus 2 de quoi ? en France ont sort plein de bac plus qui ne servent a rien Ils ne savent meme pas faire des math au dernière nouvelle.. et vous voulez les payer x fois le Smic ? Ça fait des années que l education national va dans le mur....

à écrit le 06/06/2022 à 12:33
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pourquoi les jeunes poursuivent leurs etudes ? parce que etre technicien n offre aucune perspective d evolution et la certitude de plafonner a 2000 €/mois ! payez mieux, traitez mieux votre personnel et vous aurez que l embarras du choix. c est sur q...

à écrit le 06/06/2022 à 10:31
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Plus que l image de cette industrie .. c est celle des grilles de salaires qu il faut dépoussiérer …. Et ils auront alors des candidats à l embauche …

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