Croissance, déficit, emploi... l'année 2015 est-elle celle du retournement ?

Par Fabien Piliu  |   |  622  mots
L'objectif 2016 de réduction du déficit public sera atteint, promet le ministre des Finances, Michel Sapin.
Ce vendredi, Michel Sapin, le ministre des Finances, a indiqué que le déficit public en 2015 a été inférieur à 3,8% du PIB, l'estimation officielle. Le taux de chômage a reculé pour la première fois depuis 2010. Le redémarrage progressif de l'investissement des entreprises se confirme.

L'économie française sort progressivement de la crise. En 2015, le PIB a progressé de 1,1%, soit 0,9 point de plus qu'en 2014, et 0,1 point de plus que la prévision officielle sur laquelle a été bâtie la loi de finances 2015.

A cette " performance " s'en ajoute d'autres. En lien avec cette augmentation surprise du PIB, Michel Sapin, le ministre des Finances, a indiqué vendredi que le déficit public en 2015 avait été inférieur à 3,8% du PIB, soit 73,3 milliards d'euros.

L'objectif 2016 conforté

" Je ne le connais pas encore définitivement, mais je peux vous dire dès aujourd'hui que non seulement il a été atteint, mais il sera même dépassé, amélioré ", a déclaré sur l'antenne d'Europe 1 Michel Sapin. Dans la foulée, le ministre assure que l'objectif d'abaisser ce déficit à 3,3% du PIB en 2016 " sera atteint ". Estimées à 600 millions d'euros, les dépenses budgétaires liées à la lutte contre le terrorisme et au renforcement de la sécurité nationale ne devraient donc pas entraîner le dérape des finances publiques, comme pouvaient le craindre un temps Paris et Bruxelles

" Cette prévision est un engagement vis-à-vis de nos partenaires européens ", a-t-il poursuivi. Une déclaration qui n'est absolument pas une garantie, la France ayant demandé trois fois à la Commission européenne l'autorisation de reporter ces engagements en matière de déficit public depuis 2012.

Ce ne sont pas les seules bonnes surprises du millésime 2015. L'année dernière a également été celle de la confirmation de la reprise de l'investissement, fruit de la conjugaison de nombreux facteurs. En effet, outre la baisse des prix du brut et de la faiblesse des taux d'intérêts, les entreprises ont pu profiter des allégements de cotisations sociales prévus par le Pacte de responsabilité - d'autres interviendront en avril -, de la montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont le taux a été porté à 6%, et de la mesure temporaire de suramortissement entrée en vigueur en avril. L'ensemble de ces mesures a permis à l'investissement des entreprises de progresser de 2%, comme en 2014. Un bémol, l'investissement industriel n'a progressé que de 1% en 2015, soit 0,2 point de moins qu'en 2014.

Le marché de l'emploi reste dégradé

Sur le marché de l'emploi, les bonnes nouvelles sont rares. En 2015, 90.000 personnes supplémentaires sont venues gonfler les rangs des demandeurs d'emplois inscrits à Pôle emploi. Seul motif de satisfaction, l'Insee a indiqué jeudi que le nombre de chômeurs avait diminué de 47.000 entre le troisième et le quatrième trimestre 2015, à 2,9 millions de personnes, abaissant le taux de chômage de 0,1 point par rapport au trimestre précédent à 10% de la population active. Résultat, grâce à cette baisse, inédite depuis 2010, le taux de chômage retrouve son niveau du premier semestre 2015.

Une reprise à confirmer

Mais cette reprise est fragile. Stimulée par la chute des prix des matières premières et notamment du brut, par la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) et par la faiblesse de l'euro par rapport au dollar, l'activité est à la merci du moindre renversement de tendance.

En outre, les statistiques en témoignent, ce redémarrage économique ne s'accompagne toujours pas d'une véritable reprise de l'emploi. Aujourd'hui, 6 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi, nombre auquel s'ajoutent les près de 1 million de personnes formant ce que les économistes appellent "le halo du chômage", composé de personnes qui ne sont pas disponibles à brève échéance, pour des raisons familiales ou personnelles, ou qui ne recherchent pas d'emploi. Dans ce dernier cas, il s'agit notamment des salariés âgés qui ne pensent plus pouvoir retrouver un emploi.