Et si le suramortissement de l'investissement était une mesure efficace ?

En 2016, l'investissement des entreprises du secteur de la mécanique et de l'électronique devrait faire un bond de 9%, stimulé en grande partie par la mesure de suramortissement lancé en avril.
Fabien Piliu
Les investissements devraient bondir de 9% cette année selon la Ficime

Lancée en avril, la mesure de suramortissement semble convaincre les entreprises. Lors de la présentation des prévisions annuelles du secteur, la Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l'électronique (Ficime), dont les entreprises adhérentes affichent un chiffre d'affaires global de 40 milliards d'euros et emploient 400.000 personnes, a indiqué tabler sur une augmentation de 9% de l'investissement dans le secteur.

Le rebond est particulièrement puissant dans le domaine du matériel de BTP et de manutention où il affiche une hausse brutale de 20%, directement liée, estime la Ficime, à l'entrée en vigueur le 15 avril 2015 de la mesure de suramortissement de 40% de la valeur des investissements en installations et outillage industriels. Selon COE-Rexecode, cette mesure est équivalente à une baisse de 0,4 point du taux de l'impôt sur les sociétés tout au long de la durée d'utilisation des équipements concernés par la mesure. Son impact est de 0,2 % du résultat des entreprises maintenu pendant cinq ans. Temporaire, cette mesure prendra fin le 15 avril 2016.

Une mesure prolongée ?

" Nos adhérents sont favorables à la prolongation de ce dispositif de suramortissement, et à son extension à d'autres secteurs, pour éviter un arrêt brutal des commandes liées à l'absence de reprise de l'activité économique nécessaire aux investissements ", explique Alain Rosaz, le président de la FICIME.

Reste à savoir si le gouvernement a les moyens de financer une prolongation de cette mesure dont le coût s'élève à 500 millions d'euros par an, soit 2,5 milliards d'euros si l'on considère que la durée moyenne d'utilisation des équipements est de cinq ans.

Un casse-tête budgétaire

En cassant sa tirelire, le gouvernement se trouverait dans l'obligation de trouver de nouvelles ressources. Dans le contexte actuel, c'est un véritable casse-tête. Mais une prolongation de cette mesure pourrait permettre de faire de ce rebond de l'investissement une tendance lourde et d'éviter les effets d'aubaine. En effet, sachant que cette mesure est temporaire, certaines entreprises ont probablement décidé d'anticiper des investissements qu'elles auraient réalisés plus tard.

Un feu de paille

C'est peut-être ce qui explique le rebond brutal de l'investissement anticipé en 2016, rebond qui compensera à peine le repli de 7,1 % observé dans la mécanique et de l'électronique en 2015.

C'est probablement aussi la raison de la reprise globale de l'investissement des entreprises. En panne chronique depuis 2009, la formation brute de capital fixe (FBCF) des entreprises aurait progressé de 2 % en 2015 selon les estimations formulées par l'Insee. En 2016, elle continuerait à augmenter à un rythme élevé, de 0,9 % au premier trimestre puis de 0,8 % au second. Fin juin, l'acquis de croissance de la FBCF s'élèverait à + 2,6 %. Si le gouvernement ne veut pas que cette reprise ne soit qu'un simple feu de paille, s'il souhaite rééquilibrer le modèle de croissance tricolore, dont la " vitalité " ne repose que sur la résistance de la consommation, il devra peut-être faire un nouveau geste.

Fabien Piliu
Commentaire 1
à écrit le 15/01/2016 à 9:00
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Et si tout simplement on changeait l'assiette de l'IS en prenant le free cash flow ?

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