Déficit public : comment Bercy compte trouver 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2024

Par latribune.fr  |   |  548  mots
Bruno Le Maire (Crédits : Gonzalo Fuentes)
La France anticipe désormais un déficit public de 5,1% du PIB cette année, au lieu de 4,4% prévus antérieurement, ce qui nécessitera de trouver encore 10 milliards d'euros supplémentaires en 2024, pour un retour à 2,9% du PIB en 2027, a annoncé Bercy mercredi.

« Ambitieux, mais crédible ». A quelques semaines du verdict des agences de notation sur l'endettement de la France, c'est ainsi que le ministère de l'Economie et des Finances résume le programme de stabilité de la France. Présenté en conseil des ministres le 17 avril, puis débattu au Parlement les 29 et 30 avril, le texte définit la trajectoire de réduction du déficit public jusqu'en 2027. Objectif : passer d'ici-là en dessous de 3% de PIB (2,9%), conformément aux engagements européens du gouvernement.

Un pas de géant par rapport à la situation actuelle avec un coup d'accélérateur très net l'an prochain. Après le sévère dérapage observé l'an dernier (5,5% du PIB au lieu de 4,9% prévu), Bercy table en effet sur un déficit de 5,1% cette année (contre 4,4% prévu), de 4,1% en 2025 et de 3,6% 2026. Une trajectoire inatteignable, selon un grand nombre d'économistes. D'autant plus qu'elle « intègre la baisse de la CVAE aux entreprises ou les mesures fiscales en faveur des classes moyennes, » a précisé Bercy.

Reprise de la croissance

Pour y parvenir, l'exécutif table sur des économies mais aussi sur une hausse de la croissance liée à une consommation plus dynamique poussée par une utilisation accrue de l'épargne des Français, exceptionnellement forte, un ralentissement de l'inflation et la baisse des taux qui se profile. Mais aussi sur l'effet des grandes réformes (retraites, assurance-chômage...) qui doivent augmenter le taux d'emploi des Français. De quoi doper les rentrées fiscales et les cotisations sociales et patronales.  Dans le détail, Bercy table sur une croissance de 1% en 2024, en 1,4% en 2025, 1,7% en 2026 et 1,8% en 2027. De quoi gonfler les recettes de l'Etat.

Dix milliards d'économies

Mais il va falloir serrer la vis. Dès cette année. Après l'annonce en février du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, d'économiser dix milliards d'euros sur le budget de l'Etat de 2024 -le maximum qui pouvait être taillé par décret, sans avoir à passer par un projet de loi de finances rectificative (PLFR) au Parlement, le gouvernement devra trouver dix milliards d'euros supplémentaires dès cette année pour rester dans les clous de 5,1% de déficit- Bercy compte demander des efforts supplémentaires aux services administratifs de l'Etat (5 milliards), mais aussi aux collectivités locales (2,5 milliards d'euros).

20 milliards d'euros de coupes budgétaires en 2025

Ayant vu leurs dépenses de fonctionnement déraper en 2023 (+5,9%), il leur sera demandé de revenir à une hausse des dépenses représentant 0,5 point en deçà de l'inflation. Soit une hausse de 2% environ en 2024. Enfin, troisième poche pour l'Etat, l'exécutif entend taxer à certaines « rentes » dont bénéficient certaines entreprises avec des évènements exogènes qui gonflent les bénéfices ou les cours de Bourse. Autrement dit, les rachats d'actions et les bénéfices sur les énergéticiens.

Rebelote en 2025. Le gouvernement devra aussi réaliser dans les prochaines années de nouvelles économies, plus drastiques encore. Pour 2025, il a déjà annoncé 20 milliards de coupes budgétaires sur l'ensemble des trois postes (Etat, Sécurité sociale, collectivités). Avec de telles mesures, le gouvernement entend aussi limiter la charge de la dette française qui pourrait passer de 46,3 milliards d'euros en 2024 à 72,3 milliards en 2027.