Déficit public : François Bayrou veut lui aussi « explorer » la piste de la taxation des « superprofits »

Par latribune.fr  |   |  913  mots
« S'il y a des mesures de rééquilibrage, il faut qu'elles aillent vers ceux qui ont le plus de moyens », a plaidé François Bayrou. (Crédits : POOL)
Parmi les pistes évoquées pour trouver 20 milliards d'euros d'économies annoncées par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, plusieurs figures politiques de la majorité ont pointé l'idée d'une taxe sur les « superprofits ». Ce lundi, le président du Modem François Bayrou a rappelé que le Modem « explore cette voie-là » « depuis déjà plusieurs exercices budgétaires ».

La majorité présidentielle se divise. Alors que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a affirmé le 22 mars que « les impôts n'augmenteront pas, ce n'est pas la bonne solution », ce lundi, François Bayrou, le président MoDem a appelé le gouvernement et les parlementaires à discuter d'une hausse ciblée des impôts.

« Une discussion peut être ouverte. Le ministre de l'Economie et des Finances est en train de préparer le budget de l'année prochaine (...). Il est bon que le gouvernement et les parlementaires s'asseyent autour de la table et qu'ils explorent librement », a-t-il déclaré sur RTL.

Le retour du débat autour de la taxe sur les « superprofits »

Parmi les pistes de hausse d'impôts évoquées, figure la hausse des « superprofits ». Interrogé sur les propos de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui évoquait la possibilité de taxer les entreprises réalisant des « superprofits » ou versant des « superdividendes », François Bayrou a rappelé que le Modem a proposé à l'Assemblée nationale « depuis déjà plusieurs exercices budgétaires qu'on explore cette voie là ».

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« S'il y a des mesures de rééquilibrage, il faut qu'elles aillent vers ceux qui ont le plus de moyens, y compris le plus de moyens en fonction de la crise, sans casser l'image de la France qui permet d'attirer les investisseurs », a-t-il plaidé en reconnaissant que cela relevait de « la quadrature du cercle ».

Le 22 mars dernier, la présidente de l'Assemblée nationale avait réclamé « d'entamer la réflexion » sur une contribution « exceptionnelle » sur les « superprofits » des grandes entreprises. « Nous ne souhaitons pas que les impôts des Français augmentent », avait-elle rappelé, en préambule.

« Cela étant dit, je suis partisane de regarder » une possible contribution « exceptionnelle » des entreprises « lorsqu'il y a des superdividendes, des superprofits, des rachats d'actions massifs », avait-elle lâché au micro de France Bleu Sud Lorraine.

« Je crois que nous pouvons entamer la réflexion pour savoir s'il n'y a pas là de façon exceptionnelle une capacité que nous pourrions avoir à augmenter les recettes de l'État », avait complété la présidente de l'Assemblée. « Ça me paraît en tout cas être quelque chose qu'il faut poser dans le débat », afin que « nous en discutions collectivement », avait ajouté la titulaire du perchoir, à propos d'une question qui agite la majorité présidentielle.

Bayrou opposé à la réforme de l'assurance chômage

Interrogé sur les pistes envisagées pour trouver des revenus, et ainsi combler le manque de trésorerie de l'Etat, ce lundi, François Bayrou a aussi laissé entendre qu'il était opposé à une nouvelle réforme de l'assurance chômage, visant à diminuer la durée de l'indemnisation, comme l'envisage le gouvernement.

« Je ne crois pas que les principaux responsables du chômage soient les chômeurs, surtout qu'un certain nombre d'entre eux ont perdu au fil du temps les compétences du travail. Il faut donc les reformer », a-t-il jugé.

Une réponse directe à l'annonce, fin février, de Gabriel Attal. Le Premier ministre s'était, en effet, dit favorable à ce « qu'on rouvre le chantier de l'assurance chômage pour avoir un modèle social qui incite davantage à l'activité ». D'autant que, selon les prévisions de l'Unédic publiées quelque temps plus tôt, l'excédent du régime atteindra un peu plus de 1,5 milliard d'euros contre les cinq milliards estimés en septembre 2023.

Trouver 20 milliards d'euros d'économies d'ici 2025

Les membres de la majorité semblent donc divisés sur les pistes envisagées pour ramener des revenus au Trésor public.

Pour rappel, l'exécutif s'attend à un déficit public 2023 nettement plus dégradé qu'attendu, lors de l'annonce des chiffres de l'Insee demain. Celui-ci pourrait s'envoler à 5,6% du PIB, loin des 4,9% initialement prévus en 2023, selon de récentes prévisions de Bercy mises au jour jeudi par le sénateur LR Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des Finances.

L'exécutif ne pourra compter que sur de maigres recettes cette année. Le gouvernement a déjà revu à la baisse son objectif de croissance 2024  : lui qui tablait sur 1,4% n'espère désormais plus que 1% sur l'année. Mécaniquement, les recettes fiscales risquent de diminuer.

De son côté, la Cour des comptes s'est voulu rassurante. « La France n'est pas en faillite », a asséné le 22 mars, son premier président Pierre Moscovici au micro de RMC et BFMTV. « La France est un pays sûr, un pays très ouvert et donc c'est un pays dont la dette se place bien, elle trouve des gens pour la financer », a-t-il déclaré avant d'ajouter qu'il « n'y a pas de problème de soutenabilité de la dette », a-t-il ajouté.

« En revanche nous avons une situation de finances publiques très préoccupante et c'est un problème de crédibilité pour nous, notamment au sein de la zone euro », a poursuivi l'ancien ministre de l'Économie et des Finances. « Nous ne pouvons pas rester dans cette situation. »

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(Avec AFP)