Développement durable : les rivières françaises retrouvent une santé

Par Fabien Piliu  |   |  666  mots
Jadis, on pouvait sans risque se baigner dans la Juine, à Etampes (Essonne).
Selon une étude de l'Insee, la qualité des cours d'eaux s'est très nettement améliorée entre 1998 et 2011.

Anne Hidalgo, la maire de Paris se baignera-t-elle dans la Seine d'ici 2014 ? Elle en a fait le pari, espérant ainsi convaincre le jury du Comité international olympique d'accorder les Jeux Olympiques à Paris. Si ce défi semble réalisable techniquement - financièrement, la question se pose - qu'en est-il des autres cours d'eau qui parcourent la France ?
Prenons-nous des risques en jetant dans l'Aa, dans l'Essonne, dans la Savoureuse, dans la Juine ou le Réveillon ?

Selon une étude de l'Insee intégrée à un volumineux dossier consacré au développement durable, d'importants progrès ont été réalisés ces dernières années.

Bruxelles à la manœuvre

" Calculés sur la période 1998-2011, les indices d'évolution montrent une réelle amélioration des paramètres liés aux rejets ponctuels dans les cours d'eau ", explique l'Institut en préambule. Une amélioration qui s'explique par la volonté des autorités de respecter la directive-cadre sur l'eau (DCE) adoptée en 2000 dont l'objectif est la préservation et la restauration des milieux aquatiques, y compris les eaux littorales, et des nappes souterraines. Celle-ci instaure une obligation de résultat et requiert le bon état chimique et quantitatif des eaux souterraines et le bon état chimique et écologique des eaux de surface. Plutôt que de prendre le risque de se faire taper sur les doigts par Bruxelles, et de subir les foudres des mouvements écologistes, la France a donc préféré agir.

Concrètement, les quatre paramètres suivis par l'Insee et le service statistique du ministère du Développement durable couvrent les pollutions azotées, phosphorées et organiques. " Les indices montrent une nette tendance à la baisse depuis 1998, à l'exception des nitrates ", indique l'Insee.

Trois indicateurs sur quatre se sont améliorés

Sur l'ensemble du territoire, les teneurs en demande biologique en oxygène (DBO) - c'est à dire la quantité d'oxygène nécessaire pour oxyder les matières organiques par voie biologique, une indication qui permet d'évaluer la fraction biodégradable de la charge polluante carbonée des eaux usées -, en ammonium - qui composent es nettoyants industriels - et en orthophosphates - qui proviennent de l'utilisation des détergents et du drainage des terres agricoles fertilisées - dans les cours d'eau ont globalement baissé de moitié. Comment ? Grâce aux meilleurs traitements des rejets urbains en stations d'épuration, conjugués, pour les orthophosphates, à une baisse sensible de l'utilisation des engrais phosphorés.

" Les résultats de 2011 montrent toutefois une dégradation pour ces trois paramètres, explicable par la sécheresse en France cette année-là, qui a entraîné de mauvaises conditions de dilution ", précise l'étude.

Vite, une nouvelle enquête

Quant aux nitrates, ils restent plutôt stables à l'échelle nationale. " La baisse observée en 2011 est liée à la faible pluviométrie, qui a occasionné un lessivage moins important des sols. Leur évolution reste cependant contrastée géographiquement. En dépit du contexte météorologique, la dégradation se confirme dans certains bassins à teneurs en nitrates faibles ou au contraire sur certains bassins aux concentrations déjà élevées : bassins de la Seine et à l'amont du Rhône. L'amélioration se confirme pour les bassins fortement agricoles de l'Ouest ", poursuit l'étude.

Certes, cette enquête est un peu datée. Cette amélioration de la qualité des eaux s'est-elle améliorée entre 2011 et 2015 ? On peut l'espérer, d'autant que la DCE n'est pas le seul texte qui participe à la préservation des rivières et fleuves. Votée en 1991, la directive Nitrates, par exemple, se traduit en France par la définition de territoires - les " zones vulnérables " où sont imposées des pratiques agricoles particulières pour limiter les risques de pollution. En 2013, environ 55 % de la surface agricole de la France était classée en zone vulnérable. On attend avec impatience les résultats de la prochaine enquête.