Échec du dialogue entre Matignon et des "gilets jaunes"

Par latribune.fr  |   |  671  mots
(Crédits : Reuters)
La rencontre prévue ce vendredi 30 novembre à Matignon entre Édouard Philippe et les "gilets jaunes" a tourné court, l'un des deux seuls interlocuteurs à s'être présentés ayant aussitôt tourné les talons face au refus du Premier ministre de téléviser en direct la réunion. Les Champs-Élysées se préparent à la deuxième manifestation ce samedi.

Une tentative de dialogue a échoué ce vendredi 30 novembre à Matignon entre des "gilets jaunes" et le Premier ministre Edouard Philippe, que les syndicats ont alerté sur l'urgence d'apporter des réponses immédiates à la colère des Français, à la veille de nouvelles manifestations.

D'Argentine, où il participe au sommet du G20, le président Emmanuel Macron avait exclu quelques heures auparavant tout "recul", semblant confirmer une nouvelle fois la hausse des taxes sur les carburants le 1er janvier, qui a contribué déclencher le mouvement perturbant le pays depuis deux semaines.

D'énormes pressions

Seuls deux des "Gilets jaunes" invités à rencontrer le chef du gouvernement se sont présentés vendredi à Matignon, l'un d'entre eux choisissant de ne pas être vu par les journalistes. Le second, Jason Herbert, l'un des meneurs des "Gilets jaunes" en Charente, a annoncé avoir quitté l'entretien avec Édouard Philippe et le ministre de la Transition écologique François de Rugy après leur refus que cette discussion soit retransmise en direct à la télévision.

"Je souhaitais et j'ai demandé à plusieurs reprises à ce que cet entretien soit filmé et retransmis en direct à la télévision, cela a été refusé", a t-il déclaré à la presse.

Jason Herbert a d'ailleurs précisé que le Premier ministre lui avait proposé une nouvelle rencontre la semaine prochaine, en un lieu de son choix. Par ailleurs, ce dernier à dénoncé des "pressions de la part d'autres gilets jaunes".

"Aujourd'hui nous ne sommes que deux, nous avons tous reçu d'énormes pressions. Je parle de menaces d'agression, verbales ou physiques, notre vie est en jeu (...) Les pressions "ont été à 99% de la part d'autres  gilets jaunes (...) Les menaces venaient de personnes radicales, qui ne souhaitent pas qu'on avance", a t-il indiqué.

Dans un communiqué des "gilets jaunes" diffusé en fin de matinée, la rencontre avec Édouard Philippe était qualifiée de "prématurée", au motif que François de Rugy avait évoqué un "entretien futur visant à réunir autour d'une table le Premier ministre et/ou le porte-parole du gouvernement avec les référents gilets jaunes des différents départements".

La CFDT et FO plaident pour une prime transport

Les syndicats reçus dans la matinée par le Premier ministre ont demandé à l'exécutif de nouvelles mesures "immédiates" ou du moins "concrètes" pour répondre à la crise des "gilets jaunes", allant d'une prime transport à la hausse des salaires, en passant par un moratoire sur la taxe carburant.

Principale figure présente, le dirigeant de la CFDT Laurent Berger a notamment poussé, comme Force Ouvrière, en faveur d'une prime transport pour les salariés se rendant au travail en voiture.

"On a redit qu'il fallait des mesures concrètes. On ne rentre pas dans un processus (de concertation, ndlr) s'il n'y a pas de marges de manœuvre pour des mesures réelles pour les travailleurs", a affirmé M. Berger à sa sortie de Matignon.

La quasi-totalité des élus locaux reçus à Matignon jeudi avaient déjà réclamé un nouveau "geste" de l'exécutif, et au-delà de François Bayrou, l'idée d'un moratoire à la hausse des taxes fait débat au sein même de LREM, le parti présidentiel.

Une manifestation des "gilets jaunes" dégénère à Bruxelles

De l'autre côté de la frontière, à Bruxelles, la police belge a utilisé vendredi des canons à eau et des grenades lacrymogènes pour disperser quelques centaines de manifestants inspirés par le mouvement français des "gilets jaunes" qui lançaient des pierres près du bureau du Premier ministre Charles Michel, dans le centre de la ville.

Environ 500 protestataires, qui s'étaient réunis à la suite d'un appel sur les réseaux sociaux, et dont la manifestation n'était pas autorisée, ont paralysé le centre de la capitale belge pendant plusieurs heures. Au moins deux véhicules de police ont été incendiés et divers projectiles lancés sur les forces de l'ordre.

(avec Reuters et AFP)