Emmanuel Macron théorise sa vision du capitalisme à la française

Par latribune.fr  |   |  469  mots
Dans sa tribune, Emmanuel Macron veut mettre en oeuvre un capitalisme dont la logique s'inscrirait sur le long terme.
Le ministre de l'Economie a publié une tribune dans le journal Le Monde où il entend promouvoir un capitalisme à la française fondé sur l'actionnariat salarié, mais passant également par l'implication des investisseurs institutionnels dans des stratégies de long terme. Il en profite pour justifier la montée de l'Etat dans le capital de Renault...

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron se lance vendredi dans un long plaidoyer pour le développement de l'actionnariat français, soucieux de voir le pays entrer dans "une ère de capitalisme naïf" où priment les "stratégies de court terme".

Dans une tribune publiée dans Le Monde vendredi, M. Macron se livre à une longue analyse de l'évolution du capitalisme français, énonçant des propositions pour créer "un capitalisme de long terme, qui accompagne nos entreprises dans leurs investissements et dans leur transformation".

Il conclut son texte d'une phrase: "C'est ce que mon expérience dans le privé m'a appris, et c'est le sens de mon action aujourd'hui".

Rejet du colbertisme

Se défendant de souhaiter le retour d'"un +âge d'or passé ou d'un colbertisme qui a aussi eu ses limites", le ministre estime que "la création de valeur actionnariale sur le long terme, recherchée par les investisseurs comme les fonds de pension, les salariés ou d'autres, peut bien souvent retrouver l'intérêt général".

"Il n'y aura pas de réindustrialisation française sans transformation du capitalisme français", assène-t-il en suggérant "trois leviers". Le premier, explique-t-il, est d'"inciter plus fortement les Français à investir dans nos entreprises", via l'élargissement du PEA-PME (plan d'épargne par actions), le développement de l'actionnariat salarié ou encore l'extension de l'épargne salariale aux PME.

Pour cela, il faut "rendre la fiscalité des actionnaires individuels plus encourageante" car "l'actionnariat salarié est un élément de stabilité, comme le montre l'exemple d'Air liquide".

Les investisseurs institutionnels "remobilisés"

Le deuxième levier consiste à "remobiliser les investisseurs institutionnels pour le financement de notre économie". "En réorientant les fonds des caisses de retraites vers la détention d'actions françaises et en associant d'autres investisseurs à leur côté", détaille-t-il. Et en se battant pour que la détention d'actions ne soit pas "trop coûteuse au regard de l'exigence prudentielle de niveaux de fonds propres pour nos entreprises d'asssurance".

Le troisième enfin réside pour M. Macron dans "le long terme". "L'intérêt général économique nécessite de favoriser les acteurs qui portent intrinsèquement une vision de long terme", dit-il, évoquant l'attribution de droit de votes doubles aux actionnaires conservant leurs titres au moins deux ans.

L'affaire Renault...

Il justifie à cette occasion à nouveau la stratégie récente de l'Etat qui a racheté des titres de Renault, de manière à "constituer une minorité de blocage". "Nous devons façonner le capitalisme à l'image de nos ambitions", poursuit le ministre, pour qui il faut "accepter que l'économie de marché est un rapport de force sur lequel nous avons les moyens de peser".

 ____

Voir aussi l'interview de Emmanuel Macron lors du #PLTJE 2015

(Avec AFP)