Sortie du glyphosate en trois ans : le recul de Hulot

Par latribune.fr  |   |  550  mots
Nicolas Hulot ne se rendra pas au Salon de l'agriculture, préférant "dialoguer loin des regards et des caméras", a-t-il expliqué au Journal du Dimanche.
L'an dernier, Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, s'était battu pour une sortie du glyphosate en trois ans - alors que l'UE en remet pour cinq ans. Mais hier, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD), il s'est dit prêt à envisager des "exceptions".

Le numéro 3 du gouvernement, qui s'est battu l'an dernier pour une sortie du glyphosate en trois ans, s'apprêterait-il à reculer sur cette question ? C'est en tout cas ce que le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a laissé entendre dimanche, lors d'un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD). Il s'est dit prêt à envisager des "exceptions".

"On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse : si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions", a indiqué le ministre.

Pour rappel, en novembre dernier, à la suite de la décision de l'Union européenne de renouveler pour cinq ans la licence de l'herbicide controversé, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du fameux Roundup de Monsanto, serait interdite en France "au plus tard dans trois ans".

Les agriculteurs estiment ne pas pouvoir s'en passer

Mais fin janvier, le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert avait déclaré que la France allait "essayer de sortir" dans les trois ans. "Le président a rappelé que tant qu'il n'y a pas de substitution, il n'y a pas de suppression", avait-il aussitôt souligné.

Bien que le CIRC, une agence de l'OMS composée de scientifiques internationaux, a classé l'herbicide comme "cancérogène probable" en 2015, les agriculteurs dits "conventionnels" estiment ne pas pouvoir s'en passer, faute d'alternative. Ce statut quo est vivement dénoncé par certains défenseurs de l'environnement, dont Jean-Baptiste Réddé, un activiste, qui considère qu'il faut "arrêter les pesticides maintenant et ne pas attendre d'écouler les stocks". Il parle même "d'écocide".

Stéphane Travert doit présenter à l'issue du Salon de l'agriculture un "plan d'action" en la matière, en collaboration avec les autres ministres concernés.

Lire aussi : Glyphosate : la France va voter contre le renouvellement du pesticide

Hulot ne se rendra pas au Salon de l'agriculture

Le JDD indique aussi, par ailleurs, que Nicolas Hulot ne se rendra pas au Salon, alors que l'ancienne ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, y avait fait une visite l'an dernier. Le ministère de la Transition écologique a précisé que Nicolas Hulot "privilégie le dialogue direct avec les parties prenantes dans de bonnes conditions d'échange".

"Je préfère dialoguer loin des regards et des caméras, c'est ma méthode", a-t-il expliqué, précisant qu'il avait reçu "tous les acteurs de la filière agricole et de l'alimentation".

Ses deux secrétaires d'État, Sébastien Lecornu et Brune Poirson, doivent, eux, se rendre au Salon dans la semaine.

Un "fond assurantiel" pour ceux qui passent au "bio"

Dans ce même entretien au JDD, Nicolas Hulot évoque aussi, pour la première fois, la création "d'un fonds assurantiel" destiné aux agriculteurs qui se convertissent à l'agriculture biologique. Ce fonds permettrait de "couvrir certains risques et indemniserait les producteurs en difficulté".

"Mais attention : considérer que l'agriculture bio à vocation à être aidée durablement, c'est considérer qu'elle ne peut pas être rentable. Or elle va l'être !", a-t-il ajouté.

(Avec AFP et Reuters)