Faut-il s'inquiéter de la baisse de la natalité ?

Par latribune.fr  |   |  455  mots
La natalité a légèrement fléchi en 2015, les experts refusent toutefois de s'alarmer.
L'INSEE a annoncé une baisse de la natalité sur les neuf premiers mois de l'année. Si celle-ci parait circonscrite (-2,75%), les spécialistes s'interrogent sur les raisons de cette baisse dans un pays réputé pour sa natalité dynamique.

Des tous les indicateurs, c'était probablement celui sur lequel la France affichait la meilleure performance du continent européen. Avec 1,99 enfant par femme (INSEE 2013), le taux de fécondité des familles françaises s'inscrit au-dessus de la moyenne européenne (1,55), mais également à la première place devant l'Irlande et la Suède.

L'année 2015 pourrait néanmoins être un mauvais cru pour la natalité française, si l'on en croit les chiffres publiés par l'INSEE sur les trois premiers trimestres. L'institut statistique a ainsi annoncé une baisse de 2,75% des naissances sur les neuf premiers mois de l'année, soit 16.000 bébés de moins.

L'Assurance maladie dépense moins en obstétrique

Citées dans un article des Echos, les maternités s'inquiètent d'une contraction inquiétante de leur activité. Ainsi, une clinique Lyonnaise déplore une chute de 10% de son activité en décembre, et craint une glissade encore plus forte en janvier et février (-20%). L'Assurance maladie, de son côté, constate une baisse de 4,9% des remboursements des frais en obstétrique.

Si la baisse des naissances devrait être confirmée en 2015 lors de la publication des chiffres de l'INSEE, il ne faut toutefois pas en conclure que le taux de fécondité sera impacté. Ainsi, rien ne démontre que la baisse de la natalité s'inscrit dans une logique structurelle.

Il se pourrait que des planètes mal alignées aient conduits les femmes à reporter leur projet de maternité. Certains observateurs citent notamment les attentats qui ont traumatisé la France en janvier puis en novembre. La détérioration de la situation économique pourrait également expliquer cette baisse de la natalité.

L'Ined relativise

De son côté, l'Institut national des études démographiques (INED), est sur la réserve. François Héran de l'INED, cité par Les Echos, tempère la situation. "La deuxième vague du baby-boom a déjà donné naissance à ses enfants ; il est normal qu'il y ait un creux de la natalité puisqu'il y a moins de femmes en âge de procréer". Il note par exemple que la crise économique a commencé en 2008 et que le taux de fécondité n'a pas enregistré de baisse significative depuis.

Le taux de fécondité prend en compte le nombre d'enfants par femme, soit une donnée qui s'inscrit sur du plus long terme et donne une indication beaucoup plus structurelle de notre démographie. La natalité, elle, est une donnée très conjoncturelle. En résumé, s'il n'y a pas de quoi paniquer sur un léger fléchissement de la natalité, il faut néanmoins observer le phénomène afin de vérifier qu'il ne s'inscrit pas sur du long terme.