Faute de ressources suffisantes, 40% des Français ne partent pas en vacances

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  629  mots
Parmi les Français qui ne partent pas en vacances (40%), 63% invoquent l'insuffisance de ressources financières comme cause principale
Une étude de l'Union nationale des associations familiales montre que parmi les 40% de Français qui ne partent pas en vacances, près des deux tiers invoquent le manque ressources financières suffisantes. Les aides au départ en congés sont très mal connues.

Les congés payés ont 80 ans cette année... Mais ce droit est loin encore d'être universel puisque 40% des Français ne partiront en vacances cet été. Un pourcentage relativement stable depuis quatre ou cinq ans. L'Union nationale des associations familiales (Unaf) - l'institution chargée de de défendre et représenter les intérêts des 18 millions de familles vivant en France - a réalisé une étude auprès de 17.000 familles réparties dans 55 départements pour connaître leur attitude face aux vacances...

Et ce n'est pas toujours très joyeux. Etant entendu que selon l'Organisation mondiale du tourisme, on appelle vacances, l'ensemble des déplacements d'agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile... Ce qui signifie qu'un séjour d'une semaine à la campagne est équivalent à quatre semaines aux Seychelles !!

Dès qu'on leur parle congés, le coût des vacances est mis en avant par 26% des répondants. Mais ce pourcentage monte à 35% pour les familles où le référent est ouvrier... et à 41% quand il est sans activité professionnelle, alors qu'il redescend à 9% quand le référent est cadre.

Les non départs en vacances créent des tensions familiales

Ainsi, parmi les familles qui ne partent pas en vacances, 77% affirment que cela fait au moins deux ans que ça dure... et même 14% ne sont jamais parties. Et 69% des parents affirment qu'ils se sentent coupables vis-à-vis de leurs enfants, 32% évoquent du stress et de la fatigue, 29% parlent de frustration. Ils sont encore 17% à indiquer que ce non départ en vacances engendre des reproches et de la tension avec les enfants. In fine, ne pas partir en vacances fragilise et dégrade les liens familiaux au quotidien.

Sans surprise, quand elles sont interrogées sur les raisons de ce non départ en vacances, 63% des familles répondent ne pas disposer des ressources financières suffisantes pour passer de bonnes vacances. 90% de ceux qui ne sont pas partis dans les douze derniers mois invoquent des raisons financières contre seulement 23% pour des raisons professionnelles et 14% pour des motifs familiaux.

Les aides aux congés sont mal connues

Face à cette contrainte financière, les aides existantes sont souvent mal connues. 77% des familles ne connaissent pas ou mal les divers dispositifs d'aides aux vacances (comités d'entreprise, Agence nationale des chèques vacances, caisses d'allocations familiales, mairies, conseils départementaux, etc.). Et 58% des familles ne savent même pas quelles démarches effectuer De fait, l'Unaf constate que ces dispositifs sont trop éclatés entre des acteurs différents qui ont des actions et des logiques de ciblage de publics très diverses ce qui nuit à la lisibilité pour les familles. Seules 20% des familles déclarent avoir entrepris des démarches pour bénéficier d'une aide aux vacances, dont 9% pour le départ de leurs enfants et 11% pour celui de toute la famille.

Cette étude de l'Unaf confirme d'autres données et notamment l'enquête sur les « conditions de vie et aspirations des Français", rendue publique par le Credoc en janvier 2015. On y apprenait que près des deux tiers (66%) des Français déclaraient partir en vacances au milieu des années 1960. Puis le taux de départ en vacances a progressivement diminué jusqu'à tomber à 52% en 2008, en pleine crise économique et financière. Depuis 2011, le taux de départ repart à la hausse et atteint donc 60%. Mais il faut avoir les moyens de partir... 40% des personnes ayant un revenu inférieur à 1.200 euros mensuels ont quitté leur domicile pour des congés en 2014, contre 86% de celles qui disposent de plus de 3.000 euros.

80 ans après leur création officielle, le droit effectif au départ pour tous en congés payés reste donc encore un combat...